Chronique de madame Christhelle Houndonougbo Alioza : L’ignorance, cette obscurité qui dévaste l’esprit et l’humanité !

Chronique

« L’ignorance, cette obscurité qui dévaste l’esprit et l’humanité ! » . C’est le thème de la chronique hebdomadaire de madame Christhelle Alioza Houndonougbo. « L’ignorance, dit-elle, ne s’arrête jamais à l’individu. Elle se propage. Elle fracture les familles, divise les communautés et retarde les nations. Elle nourrit les malentendus, érige des murs là où des ponts étaient possibles et transforme les différences en conflits durables ». Lisez plutôt.

Chers ami.e.s,

Nous voici à la 52ème semaine de l’année, la dernière. Avec elle, s’achève un cycle de cinquante-deux chroniques, cinquante-deux rendez-vous avec la pensée , la réflexion, la lucidité et l’exigence intellectuelle. Cinquante-deux occasions d’interroger nos certitudes, nos habitudes, nos peurs, nos espoirs et nos responsabilités. Et pendant tout ce parcours, l’évidence que penser est un acte de courage s’est établie. Penser, c’est refuser l’obscurité confortable, c’est résister à l’ignorance qui endort les consciences.

Car l’ignorance n’est pas seulement l’absence de savoir. Elle est une obscurité active, sournoise, qui s’installe lorsque l’esprit renonce à apprendre, à comprendre et à écouter. Elle est ce choix silencieux de la facilité contre l’effort, du préjugé contre la connaissance, de la certitude arrogante contre la vérité exigeante. Là où elle s’impose, le dialogue se fane, la contradiction devient une offense et la pensée se replie sur elle-même.

L’ignorance dévaste d’abord l’esprit. Elle enferme l’individu dans une prison invisible où croire remplace savoir, parler remplace penser, et répéter remplace comprendre. Elle étouffe la curiosité, freine l’élévation intérieure et condamne l’être humain à tourner en rond, persuadé d’avancer alors qu’il stagne. Sans le doute, il n’y a ni progrès, ni sagesse.

Mais l’ignorance ne s’arrête jamais à l’individu. Elle se propage. Elle fracture les familles, divise les communautés et retarde les nations. Elle nourrit les malentendus, érige des murs là où des ponts étaient possibles et transforme les différences en conflits durables. Bien des déchirures humaines naissent non pas de la haine, mais de l’ignorance du vécu de l’autre : ignorance de son histoire, de ses intentions, de ses aspirations, parfois même de ses souffrances silencieuses.

Les grandes consciences de l’humanité nous ont pourtant mis en garde.
Socrate nous rappelle que la sagesse commence par la reconnaissance de notre ignorance, car celui qui croit tout savoir ferme la porte à la vérité.
Kant dénonce cette ignorance choisie, fruit de la paresse intellectuelle et de la peur de penser par soi-même.
Paulo Freire, enfin, démontre que l’ignorance entretenue devient un instrument d’oppression, un moyen de domination silencieuse qui empêche les peuples de comprendre, de questionner et de se libérer. Trois voix, une seule leçon : l’ignorance n’est pas une fatalité, mais un renoncement.

En cette dernière semaine de l’année, cette 52ème chronique nous interpelle avec gravité. Sortir de l’ignorance, ce n’est pas accumuler des mots ou des diplômes, mais cultiver l’humilité intellectuelle. C’est accepter de ne pas tout savoir. C’est écouter avant de juger, comprendre avant de condamner et apprendre avant de parler. C’est choisir l’effort de la pensée plutôt que le confort des certitudes faciles. Car là où la connaissance progresse, la violence recule. Là où l’esprit s’ouvre, la peur s’efface.
Et là où la vérité circule, l’humanité se relève.

Que cette fin d’année ne soit pas seulement un changement de calendrier, mais un passage de conscience, un pas décisif hors de l’obscurité, vers la lucidité, la responsabilité et la dignité partagée.

CHA, Femme Noire, Femme de Pouvoir !