Chronique de madame Christhelle Houndonougbo Alioza : L’éthique, la fidélité à la lumière et à la discipline du cœur!

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Chronique de madame Christhelle Houndonougbo ALIOZA

 

 

«L’éthique, la fidélité à la lumière et à la discipline du cœur!». C’ est le thème de la chronique hebdomadaire de madame Christhelle Houndonougbo Alioza. «Nous vivons, dit-elle, une époque où les repères s’effritent. Les apparences dominent la vérité, les ambitions étouffent les convictions, les intérêts supplantent les principes. Le mensonge est applaudi, la ruse récompensée, la tricherie tolérée». Dans sa chronique de cette semaine, CHA invite alors chacun, dans son métier, dans sa famille, dans sa communauté, à faire de l’éthique non pas un mot, mais une manière d’exister. «Qu’elle inspire nos décisions, éclaire nos relations et fonde nos ambitions», dit-elle.

 

 

Chers ami.e.s , 

Un matin à Ouagadougou, un inspecteur des impôts a  reçu une enveloppe épaisse glissée discrètement sous son dossier. Le geste était courant, presque banal car un entrepreneur voulait « arranger » le contrôle fiscal en échange d’un marché public. L’homme, père de trois enfants, avait des fins de mois difficiles. Pourtant, il a pris l’enveloppe, l’a scellée et déposée sur le bureau de son supérieur, accompagnée d’un rapport détaillé. Quelques jours plus tard, il a été muté, puis isolé. Mais des années après, lorsqu’un nouveau ministre chercha un profil intègre pour diriger une direction sensible, c’est son nom qui revenait sur toutes les lèvres. Ce jour-là, cet homme a compris  que l’éthique ne paie pas toujours tout de suite, mais qu’elle finit toujours par payer,  en confiance, en dignité, en réputation.

 

À des centaines de kilomètres de là, dans une école de village au Bénin, une jeune institutrice faisait face à une autre tentation. Les parents d’un élève influent lui avaient discrètement glissé une enveloppe pour que leur enfant passe en classe supérieure malgré ses lacunes. Elle hésita. Le garçon était attachant, mais l’injustice aurait détruit sa conscience d’enseignante. Elle a  refusé l’offre. L’enfant redoubla. Un an plus tard, mieux formé, il réussit brillamment au certificat d’études primaires et revient la remercier en lui disant « Madame, merci de ne pas avoir triché pour moi. Vous m’avez appris à mériter ma place. » Ce jour-là, cette femme a  compris que l’éthique est une graine . Elle ne germe pas toujours vite, mais elle fleurit toujours quelque part dans le temps.

Car l’éthique, avant d’être un mot, est un souffle. C’est la respiration de la conscience. Elle ne se proclame pas, elle se prouve. Elle ne s’affiche pas, elle se vit. Comme le disait Gandhi  « C’est dans les détails du quotidien que se mesure la grandeur des hommes. »

 

Nous vivons une époque où les repères s’effritent. Les apparences dominent la vérité, les ambitions étouffent les convictions, les intérêts supplantent les principes. Le mensonge est applaudi, la ruse récompensée, la tricherie tolérée. Et pourtant, plus le monde s’agite, plus il devient urgent de retrouver cette boussole intérieure qu’on appelle éthique. L’éthique, ce n’est pas la morale de façade ni la bienséance sociale. C’est ce courage tranquille de rester droit quand tout pousse à plier. C’est cette petite voix qui murmure « Même si tout le monde le fait, moi, je ne le ferai pas. » Martin Luther King le rappelait déjà « Ce n’est pas le mal qui triomphe, c’est le silence des justes. »

 

Le philosophe Emmanuel Kant, dans La Critique de la raison pratique, écrivait aussi « Agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu puisses vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle. » Autrement dit : ne fais rien que tu ne souhaiterais voir devenir la règle du monde. Voilà le cœur de l’éthique , la capacité d’agir non pas par intérêt, mais par conviction , non pas par peur, mais par conscience. Elle n’a rien à voir avec la posture. Elle est une discipline intérieure, un combat contre soi, une fidélité au vrai.

 

Dans la vie publique comme dans la vie privée, l’éthique est la racine invisible de la crédibilité. Sans elle, aucune réputation ne dure. Sans elle, le pouvoir devient abus, la réussite devient tromperie, et le prestige devient façade. L’éthique, c’est ce qui donne du poids à la parole, de la dignité à l’action, de la cohérence à la vie. Nelson Mandela, après vingt-sept ans d’injustice, est sorti de la prison sans haine. Sa grandeur venait de son intégrité. Thomas Sankara a fait de la probité et de la justice sociale les piliers de sa gouvernance. Ellen Johnson Sirleaf, au Liberia, a démontré que l’éthique pouvait reconstruire une nation brisée. Angela Merkel, à la tête de l’Allemagne, a prouvé que le pouvoir pouvait se conjuguer avec humilité et vérité.

 

Mais l’éthique ne se vit pas qu’au sommet. Elle se joue chaque jour dans les gestes simples : un commerçant qui refuse de tricher sur sa balance, un enseignant qui note avec équité, un journaliste qui écrit sans se vendre, un médecin qui soigne sans discrimination, un chef qui partage le mérite avec son équipe. Tous participent à bâtir un capital invisible : la confiance. Et la confiance, c’est la vraie monnaie du monde moderne , celle qui attire les partenaires, qui crée la crédibilité et fonde le leadership.

 

Un chef d’entreprise éthique inspire la loyauté de ses employés. Un responsable politique intègre gagne le respect de son peuple. Un citoyen droit donne confiance à sa communauté. L’éthique n’est pas seulement une valeur morale ,’est aussi un instrument stratégique de confiance, de réputation et de stabilité. Dans un monde saturé de discours, elle devient la seule preuve crédible d’un leadership vrai. Albert Schweitzer, prix Nobel de la Paix, l’avait compris « L’exemple n’est pas le principal moyen d’influencer les autres, c’est le seul. »

 

Mais l’éthique a aussi ses limites, ses douleurs, ses paradoxes. Celui qui s’y tient n’est pas toujours récompensé. Il peut être mis à l’écart, incompris, combattu. Dans nos sociétés où l’imposture grimpe vite, l’homme éthique paraît lent, presque naïf. Dire la vérité peut coûter un poste. Refuser un pot-de-vin peut briser une carrière. Mais ce sont ces épreuves qui forgent la grandeur morale. Car si la tricherie gagne du terrain, elle ne gagne jamais le respect. Et comme le disait Confucius  « L’homme de bien exige tout de lui-même, l’homme médiocre attend tout des autres. »

L’éthique ne garantit pas la richesse, mais elle donne la paix du cœur. Elle ne promet pas le succès immédiat, mais elle assure la mémoire honorable. Elle ne fabrique pas des héros parfaits, mais des âmes vraies. Elle transforme la droiture en élégance, la vérité en lumière, la fidélité en grâce. Pierre Reverdy l’exprimait magnifiquement  « L’éthique, c’est l’esthétique dedans. »

Car une société ne se mesure pas à la hauteur de ses tours, mais à celle de sa conscience. Une vie ne se juge pas à son apparence, mais à sa cohérence. Et un être humain ne vaut pas par ce qu’il possède, mais par la clarté avec laquelle il peut se regarder dans le miroir.

Que chacun, dans son métier, dans sa famille, dans sa communauté, fasse de l’éthique non pas un mot, mais une manière d’exister. Qu’elle inspire nos décisions, éclaire nos relations et fonde nos ambitions. Le monde n’a pas besoin de plus de lois, mais de plus de conscience. Pas de plus de discours, mais de plus d’exemples. Victor Hugo l’avait écrit avec lucidité  « Le triomphe du bien commence toujours par un choix intérieur. » Et si ce choix intérieur, c’était simplement celui de l’éthique ?

Excellente semaine à toutes et à tous.

Qu’elle soit guidée par la lumière du cœur, la force de la conscience et la noblesse d’une vie en accord avec l’esthétique dedans : l’éthique.

 

CHA

Femme Noire, Femme de Pouvoir !