Les femmes rurales béninoises et les OSC soumettent 5 mesures à Talon

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Les femmes ont des difficultés spécifiques d’accès aux ressources productives et aux bénéfices. Elles ont peu de pouvoir d’exercer un contrôle sur ces ressources et bénéfices. Pourtant les gouvernements successifs, avec l’appui de leurs partenaires, ont contribué à la mise en place d’un arsenal juridique puissant, reconnaissant pour l’essentiel aux hommes et aux femmes les mêmes droits en ce qui concerne l’accès aux ressources. Les femmes rurales béninoises et des OSC engagées dans l’Initiative Kilimandjaro au Bénin , une initiative qui vise à mobiliser et à mettre au premier plan les femmes rurales au plus haut sommet de l’Afrique pour l’avancement de leurs droits fonciers soumettent au nouveau Gouvernement une série de mesures pour bâtir un Bénin sans faim et sans pauvreté, où les hommes et les femmes exerceront un égal droit d’accès et de contrôle sur les ressources productives, seul gage de l’autonomisation des femmes et d’un développement durable, Nous vous proposons l’essentiel de leurs points de revendication résumé dans un message d’interpellation la classe politique et du Président de la République du Bénin. Ses OSC et les femmes rurales comptent sur le président de la république pour qu’il prenne les dispositions subséquentes pour faire de l’égalité des sexes et de l’équité, une réalité tangible tout au long de son mandat.

Message d’interpellation des Organisations de la Société Civile à l’endroit de la classe politique et du Président de la République du Bénin

Dans le cadre de la Journée Internationale des droits des femmes, le thème retenu au niveau international cette année est « Planète 50-50, d’ici 2030 : Franchissons le pas pour l’égalité des sexes ». Au Bénin, ce thème a été adapté aux préoccupations des femmes béninoises et porte sur leur accès et leur contrôle sur les ressources productives, notamment la terre. Ce cadre nous offre donc une opportunité de faire le point sur l’avancement de leurs droits en la matière et de réfléchir sur le chemin qu’il reste à parcourir.

Les gouvernements successifs, avec l’appui de leurs partenaires, ont contribué à la mise en place d’un arsenal juridique puissant, reconnaissant pour l’essentiel aux hommes et aux femmes les mêmes droits en ce qui concerne l’accès aux ressources. Cependant, ce cadre législatif ne tient pas compte des discriminations à l’égard des femmes, tant directe qu’indirecte, dans les domaines public et privé. Dans les faits, les femmes ont donc des difficultés spécifiques d’accès aux ressources productives et aux bénéfices, et ont peu de pouvoir d’exercer un contrôle sur ces ressources et bénéfices.

En effet, en milieu rural, le secteur de l’agriculture occupe 32% des femmes et 40% des hommes. Cependant, dans la production végétale, les femmes rurales représentent 50 à 60% de la main-d’œuvre et sont employées pratiquement à tous les niveaux. Les femmes sont donc très présentes en tant que manœuvres agricoles, aussi bien dans le champ familial que sur leur propre parcelle, pour compléter les approvisionnements alimentaires du ménage. Toutefois, selon l’Enquête Modulaire Intégrée sur les Conditions de Vie des ménages (EMICoV) en 2011, le salaire moyen de la femme est de 20% inférieur à celui de l’homme dans le secteur agricole. L’Enquête Démographique et de Santé (EDS) IV 2011-2012 indique pour sa part que 30% des femmes de 15-49 ans n’ont pas la liberté de disposer de leur revenu, contre 13% des hommes. Par ailleurs, seulement 15% des femmes ont accès à la terre, contre 85% des hommes (EMICOV, 2011). Elles sont aussi confrontées aux difficultés d’accès aux crédits bancaires en raison des questions de garantie.

Dans ce contexte, des organisations de la société civile (OSC) béninoises avons rejoint le mouvement panafricain « Initiative Kilimandjaro », qui vise à mobiliser et à mettre au premier plan les femmes rurales au plus haut sommet de l’Afrique pour l’avancement de leurs droits fonciers. Nous saisissons l’opportunité qu’offre cette période de l’année propice à la réflexion sur les droits des femmes pour joindre nos voix à celles des femmes rurales et déplorer les discriminations et les problématiques particulières qu’elles vivent. Nous soumettons donc au nouveau Gouvernement une série de mesures pour bâtir un Bénin sans faim et sans pauvreté, où les hommes et les femmes exerceront un égal droit d’accès et de contrôle sur les ressources productives, seul gage de l’autonomisation des femmes et d’un développement durable, L’essentiel de nos points de revendication se résume ainsi :
Que le nouveau Chef de l’État, veille à l’application des mesures suivantes :
1 – Textes, application et prise de décision
– Respect et application réels des législations et réglementations foncières protégeant les femmes ;
– Représentation équitable des hommes et des femmes dans les organes d’administration et de gestion des affaires domaniales et foncière ;

2 – Procédures d’accès et de sécurisation foncière
– Large vulgarisation du Code Foncier et Domanial, du Code des Personnes et de la Famille et autres dispositions législatives et règlementaires contribuant à la jouissance effective des droits garantis aux femmes en matière foncière.
– Opérationnalisation dans les Communes, des outils de formalisation des transactions foncières autres que l’achat, en rendant gratuite et facile la formalisation des transactions foncières, tous modes confondus, en harmonisant la procédure au niveau national.

3 – Renforcement des capacités des femmes rurales
– Amélioration de l’implication des femmes dans les activités de renforcement de capacités relatives aux techniques agricoles visant à accroître la productivité de l’agriculture familiale, et d’autres domaines « techniques », y compris la mécanisation agricole, qui ciblent l’intérêt du ménage ;
– Réelle professionnalisation des femmes agricultrices par le renforcement de leurs capacités en matière de production, stockage, transformation et commercialisation des produits agricoles ;
– Formation et recyclage des femmes agricultrices sur les principes et règles élémentaires de gestion administrative, financière et comptable.

4 – Accès des femmes aux crédits, aux innovations et aux ressources
– Mise en place de mécanismes et systèmes facilitant l’accès des femmes aux innovations technologiques (ex. : semences améliorées, intrants) et à l’eau potable de proximité ;
– Création et fonctionnement dès les 2 premières années de votre exercice, d’une banque agricole de proximité, au taux maximum de 1% par mois, et aux conditionnalités accessibles aux femmes ;
– Harmonisation et uniformisation des conditions d’accès et de remboursement des crédits à des fins agricoles sur toute l’étendue du territoire national ;
– Élargissement des gammes de crédits à toutes les spéculations agricoles et sur toute la chaîne de valeur que constituent la production, le stockage, la transformation et la commercialisation.

5 – Accès aux marchés
– Organisation et développement de conditions véritablement favorables et profitables aux agricultrices pour leur accès aux marchés rentables d’écoulement.

Excellence Monsieur le Président de la République, les OSC et les femmes rurales comptent sur vous pour que vous preniez les dispositions subséquentes pour faire de l’égalité des sexes et de l’équité, une réalité tangible tout au long de votre mandat.

Les femmes rurales béninoises et les OSC engagées dans l’Initiative Kilimandjaro au Bénin

Ce message a été publié grâce au soutien financier des Affaires mondiales Canada