Les députés veulent réviser la constitution

Politique

Depuis quelques temps, le Bénin se retrouve dans une impasse électorale sans précédent source de tension à travers le pays. Pour une solution de sortie de crise, le président de la république Patrice Talon a instruit le président de l’Assemblée Nationale Adrien Houngbédji afin de trouver avec ses pairs une solution de sortie de crise pour l’organisation d’élections législatives inclusives. Après quelques jours de travaux, le comité parlementaire dirigé par le président Houngbédji a rendu publics les fruits de sa réflexion.
Composée de cinq (5) députés à savoir deux du bloc de la majorité parlementaire et deux de la minorité parlementaire en plus du président Adrien Houngbédji, la commission parlementaire a travaillé pour mettre à disposition une loi modificative en vue de permettre des élections inclusives. C’est le président de l’Assemblée Nationale, Me Adrien Houngbédji, président de ladite commission qui a travers un point de presse a rendu publics les travaux, ce mardi 19 mars à son cabinet au parlement. A suivre le président Houngbédji, des amendements à la nouvelle charte des partis politiques ainsi qu’au code électoral permettant à l’opposition de participer aux prochaines législatives devraient entraîner une prolongation de 45 jours du mandat actuel des députés. « « Notre espoir est que le consensus auquel nous sommes parvenus au sein du comité puisse également se traduire au niveau de la plénière pour que ces propositions deviennent désormais des lois », a souhaité le Président Houngbédji qui parle aussi d’un plan B en cas d’échec de la révision de la constitution. Lire des extraits du point de presse du président Houngbédji ce mardi à son cabinet au parlement

Extraits du point de presse du président de l’Assemblee nationale, me Adrien Houngbedji sur le travail du comite paritaire parlement en vue des législatives inclusives 2019

Des pourparlers à la mise en place du comité paritaire

« …Nous avons rencontré les partis politiques que nous pouvions, pour recueillir leurs propositions de sortie de difficultés et nous leur avons demandé de nous faire parvenir le plus vite que possible, leurs contributions de solution pour des élections législatives inclusives en 2019. Je dois dire que tous les partis politiques concernés ont répondu à mon appel sans exception. J’y ajoute deux formations politiques qui, bien que n’étant pas directement concernés par le processus en cours, ont quand même manifesté de l’intérêt. Il s’agit du Parti Communiste du Bénin et des Forces Souveraines. Muni des contributions de certains partis politiques, nous avons réuni la Conférence des présidents qui a suggéré que le travail soit confié à une équipe restreinte composée de deux membres de la majorité parlementaire et deux membres de l’opposition parlementaire. C’est ainsi que la majorité parlementaire a eu à désigner les présidents Antoine Kolawolé Idji et Barthélémy Kassa ; et l’opposition a eu à désigner les présidents Eric Houndété et Yaya Garba. Nous nous sommes mis au travail. Je présidais ce groupe de travail. Nous avons eu à travailler d’arrache-pied et nous avons fini hier ( Ndlr : lundi 18 mars) en début de soirée…

Les résultats des travaux du comité paritaire sur la Charte des partis politiques

(…) Je voudrais vous donner la primeur des résultats du groupe de travail bien que cela soit déjà sur les réseaux sociaux. C’est comme ça. Nous sommes dans une société où les nouvelles vont très vite. Nous avons commencé par recenser ce qui fait obstacle aux élections législatives inclusives. Notre premier constat a été qu’au niveau de l’enregistrement des partis politiques par le Ministère de l’Intérieur, la plupart des partis qui se sont trouvés exclus n’ont pas pu se faire enregistrer dans ce ministère. Nous avons donc décidé de retoucher la Charte des partis politiques. Nous avons décidé qu’à compter de maintenant, un délai supplémentaire de 10 jours sera accordé aux partis politiques pour se faire enregistrer. Nous avons dit que le Ministère de l’Intérieur qui fait cet enregistrement, doit faire parvenir ses observations en une seule fois et non en plusieurs fois comme nous l’avons constaté. Nous avons décidé que lorsqu’il envoie des observations à ces partis politiques là, il doit les assister à accomplir les formalités nécessaires et cette assistance doit durer 5 jours. Au bout de 5 jours, le Ministère de l’Intérieur est tenu de délivrer le certificat d’enregistrement aux partis concernés. Donc, ce faisant, nous avons pratiquement levé les verrous, levé les blocages qui s’observaient. Dix jours ont été accordés de plus aux partis politiques, huit jours ont été accordés au ministère de l’intérieur pour délivrer le certificat d’enregistrement, cinq jours supplémentaires ont été accordés lorsque le certificat n’est pas délivré pour que le Ministère de l’Intérieur assiste les partis politiques concernés et au bout des cinq jours, le Ministère de l’Intérieur est tenu de délivrer le certificat. Nous pensons que de cette façon, nous avons largement contribué à régler le problème de l’enregistrement des partis politiques…

Les résultats des travaux du comité paritaire sur le Code Electoral

(…) Nous sommes passés ensuite à la loi électorale. Effectivement, certaines dispositions de la loi électorale sont critiquées et posent problème. Nous avons listé ces difficultés. Nous avons constaté que ce qui fait le plus problème est le quitus fiscal. Nous n’avons pas à revenir là-dessus. Le quitus fiscal est indispensable parce qu’on ne peut pas prétendre diriger un pays si on n’est pas à jour du point de vue fiscal. Nous avons estimé qu’il ne faut pas que l’administration fasse de la délivrance du quitus fiscal, une occasion d’arbitraire. Nous avons dit que lorsque quelqu’un présente le document qui prouve que sa situation fiscale a un solde zéro, on doit lui délivrer son quitus fiscal.
Nous avons ensuite dit que si nous voulons que tout le monde aille aux élections, il faut un nouveau processus électoral. Nous avons donc ouvert un autre processus électoral. Nous avons dit qu’à partir de la promulgation de la nouvelle loi, la Commission Electorale Nationale Autonome (CENA) a un délai de 5 jours pour recueillir les candidatures et lorsqu’elle a recueilli les candidatures, elle a 8 jours pour les examiner et lorsqu’elle constate qu’il y a des irrégularités sur une liste, elle les notifie au parti concerné et lui accorde encore 72 heures pour les corriger. Cela a fait l’objet d’articles nouveaux. Ensuite, il y a l’article 242 du Code électoral qui posait problème. Nous avons dit qu’il s’agit d’une réforme majeure. Nous voulons que seules les grandes formations politiques puissent participer aux élections. Nous avons voulu réduire le nombre de partis politiques et que par conséquent, le parti qui n’a pas recueilli 10% des suffrages ne peut normalement pas prétendre à des sièges au Parlement. Nous avons maintenu l’article 242, mais nous l’avons rendu beaucoup plus lisible en prenant tout simplement en compte ce qui avait été interprété par la CENA. Nous avons aussi pris des dispositions pour assurer la transparence du scrutin qui consiste grosso modo à ce qu’il y ait des représentants de la majorité et des représentants de l’opposition à tous les stades…

Résultats des travaux du comité paritaire pour le respect de la Constitution

(…) Lorsque nous avons fait ça, nous nous sommes demandé si cela nous permet de rester dans les délais constitutionnels. Est-ce que d’ici le15 Mai nous pouvons faire tout cela sans précipitation puisque c’est le 15 Mai la fin du mandat de l’Assemblée nationale ? Et nous nous sommes permis de faire les décomptes. En faisant les décomptes, nous nous sommes rendus compte qu’il faut au moins trente jours de plus sur le 15 Mai pour y arriver. Cela nous a amené à proposer une modification de l’article 80 de la Constitution. Que dit l’article 80 ? L’article 80 dit que le mandat des députés est de quatre ans. C’est la constitution qui le dit. Si nous voulons le proroger de 45 jours pour pouvoir faire tout ce que nous avons dit là, il faut que nous modifions l’article 80 en y ajoutant un dispositif qui sera l’article 80 alinéa 2 qui dit que le mandat des députés peut être prorogé de 45 jours. Voilà donc en gros ce qui a été proposé par le comité paritaire que j’ai présidé…

Le consensus a régné au sein du comité paritaire

(…) Je voudrais ajouter que c’est un comité paritaire majorité-opposition. Vous constaterez si vous avez eu les documents que toutes ses propositions ont été signées, paraphées par les cinq membres ; c’est-à-dire les quatre plus moi-même. Vous constaterez qu’il y a une lettre de transmission à la Conférence des Présidents pour servir de lettre d’introduction de ces réformes à l’Assemblée nationale. Elle a été signée par les cinq membres du comité. C’est comme cela que nous avons travaillé, par consensus. L’opposition était satisfaite. La majorité était satisfaite. L’objectif des uns et des autres étant de ramener la paix sociale au Bénin, de faire des élections démocratiques, de faire des élections inclusives et permettre au plus grand nombre de partis de se représenter. Voilà ce que nous avons fait. Ce travail va être introduit en plénière le jeudi. Et comme vous le savez, ce n’est pas le Président de l’Assemblée nationale qui vote les lois. Ce n’est pas le petit comité qui vote les lois. Nous nous sommes attelés à faire un travail de consensus. Ce travail va être soumis d’abord à la commission des lois qui va être saisie à faire son rapport. Nous allons nous arranger pour que la Commission des lois fasse un rapport selon la procédure d’urgence. Et notre espoir est que jeudi, nous puissions voter sur ces textes là. Notre espoir est que le consensus auquel nous sommes parvenus au sein du comité puisse également se traduire au niveau de la plénière pour que ces propositions deviennent désormais des lois. Voilà ce que je voulais dire…

Houngbédji rassure de la bonne volonté politique du président Talon

(…) Il ne doit pas y avoir de la spéculation sur la volonté politique qu’il y a de parvenir à des élections législatives inclusives. Je ne trahis aucun secret en disant que pendant tout le déroulement de la procédure, nous n’avons pas manqué d’avoir son encouragement pour avancer. Et s’il ne tenait qu’à lui, nous aurions même déjà voté ces textes. Vraiment ! Je dis que tout le long du parcours, c’est personnellement moi qui suis mandaté, je n’ai pas constaté une volonté quelconque du Chef de l’Etat de faire obstacle à ce souhait que lui-même a manifesté pour des élections législatives inclusives…

Le plan B en cas d’échec de la révision de l’article 80 de la Constitution

(…) Nous voulons faire notre travail. La Cour constitutionnelle fera également son travail. Si à l’Assemblée nationale, si le problème de la modification de l’article 80 de la Constitution se posait, nous n’hésiterons pas à faire voter une loi ordinaire qui raccourcirait tous les délais et organiser les élections pour respecter la durée du mandat des députés. Au lieu d’avoir 8 jours pour faire telle chose, on aura peut-être 2 jours. La campagne électorale, au lieu qu’elle dure 15 jours, elle prendra peut-être une semaine (…) Nous avons renforcé la majorité nécessaire pour faire cette modification. Alors que la révision ordinaire de la constitution nécessite une majorité de 4/5, nous avons mis que le vote doit être adoptée à la majorité des 5/6. Donc nous avons pris des précautions (…) Je pense qu’étant donné que c’est par consensus que nous avons fait ces propositions, je pense qu’en plénière cela devrait passer. Mais on ne sait jamais. On va tenir en tous cas dans les délais ».