France : Les députés cherchent à rendre la fonction de maire plus attrayante

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À huit mois des élections municipales en France, les députés examinent cette semaine une proposition de loi visant à revaloriser la fonction de maire. Objectif : attirer plus de candidats et diversifier les profils.

2 189. C’est très précisément le nombre de maires qui ont démissionné de leurs fonctions entre juillet 2020 et mars 2025, selon une étude du centre de recherche de Sciences Po Paris, publiée le mois dernier. Cela représente 6 % des élus. Phénomène sans précédent, il trouve son explication dans les tensions politiques à l’échelle locale et les problèmes de santé physiques – et de plus en plus mentaux – de certains édiles.

Quant à ceux qui font le choix de poursuivre leur mandat jusqu’au bout, seuls 42 % se disent prêts à rempiler en 2026. Raisons invoquées dans cette autre étude : la trop forte exigence des administrés, le manque de ressources financières des communes et, dans une moindre mesure, la question du montant des indemnités. À huit mois des élections municipales, il y a donc urgence à légiférer pour résorber ce qui ressemble bien à une crise de vocation.

Déjà adoptée par le Sénat en mars 2024, la proposition de loi visant à réformer le statut de l’élu local arrive donc à la chambre basse à partir de ce lundi 7 juillet. Elle promet d’âpres débats, jusqu’à la fin de la semaine, notamment sur le volet indemnitaire. Le texte propose en effet une augmentation de 10 % du plafond de l’indemnité de tous les maires de France.

Augmenter de 10 % le plafond d’indemnité

La raison : six maires sur dix cumulent un emploi professionnel avec un mandat local. « Depuis 2017, j’ai repris une activité professionnelle et c’est parfois très compliqué de concilier les deux », confie Frédéric Roig, maire de Pégairolles-de-l’Escalette, petite commune de l’Hérault et également président de l’association des maires de l’Hérault. « Il m’arrive de poser une journée, car j’ai une réunion ou un rendez-vous important dans le cadre de ma fonction de maire. Dans ce cas, non seulement je ne suis pas payé par mon employeur, mais mon indemnité d’élu ne compense pas cette perte. » L’édile voit donc d’un bon œil l’augmentation de l’indemnité des maires : « Nous consacrons du temps à l’intérêt général, ce n’est pas normal qu’on soit pénalisé économiquement ».

Reste que la mesure, dont le coût est estimé à 61 millions d’euros, est encore loin d’être approuvée. Le gouvernement, soucieux de garder un œil sur les deniers publics, a déposé un amendement pour limiter la hausse du plafond de l’indemnité uniquement aux villes de moins de 20 000 habitants.

Pour mieux concilier le mandat et la vie professionnelle, le texte prévoit également d’allonger la durée du « congé électif ». Il permet à des salariés titulaires d’un mandat local ou candidats à une élection locale de bénéficier de jours d’absence pour mener une campagne, par exemple. Ce congé serait porté de 10 à 20 jours.

Indemniser les congés maternité

Pour concilier mandat électif et vie personnelle, la proposition de loi propose toute une panoplie de mesures, de l’indemnité de transport à la bonification de la retraite. « Les maires consacrent 32 heures à l’exercice de leurs mandats sans compter leurs activités professionnelles. Cela empiète nécessairement sur la vie personnelle, il faut donc retrouver un équilibre », estime Catherine Lhéritier, maire de Valloire-sur-Cisse et présidente de l’association des maires du département de Loir-et-Cher.

Le texte ambitionne ainsi de maintenir l’indemnité des maires pendant leurs congés maternité. Début 2024, la maire de Poitiers, Léonore Moncond’huy, avait donné un coup de projecteur à ce vide juridique. Enceinte, elle a dû interrompre provisoirement son mandat en raison de son congé maternité. Problème, dans ce cas, la loi ne prévoit pas d’indemnisation. « Historiquement, nous sommes sous-représentées dans les institutions politiques, donc cette problématique n’a pas été la préoccupation des élus masculins ces dernières années », soupire Catherine Lhéritier.

Mener une vie d’élu et professionnelle en même temps qu’une vie personnelle est d’autant moins facile lorsque l’on a des enfants. Les députés à l’origine du texte plaident donc pour un remboursement des gardes d’enfants. Tout sauf anecdotique, selon Catherine Lhéritier : « Ce serait un véritable progrès. Lorsqu’on sollicite de nouveaux candidats pour rejoindre les listes municipales, on nous répond que c’est impossible, car ils ont de jeunes enfants dont il faut s’occuper ». Selon l’élue, faciliter la prise en charge des enfants est donc un levier pour attirer des candidats plus jeunes.

La proposition de loi entend aussi créer un statut « d’élu étudiant ». La scolarité pourrait ainsi être aménagée pour les jeunes édiles. « Ils pourraient suivre les conseils municipaux par visioconférence », plaide Frédéric Roig. Le rajeunissement des élus est un enjeu de taille lorsque l’on sait que la moyenne d’âge des maires en France est de 60 ans.