Face à la « confiscation des droits acquis et à la liquidation de la fonction enseignante » : Le SYNARES hausse le ton et invite la communauté universitaire à la mobilisation

Actualités

 (Que la ministre Eléonore Yayi Ladekan et les acteurs de l’enseignement supérieur trouvent un terrain d’entente sur les points de désaccord dans un climat apaisé de dialogue…)

Les nouvelles ne sont pas bonnes du côté des universités du Bénin. La tension monte. Et pour cause. Au cœur de la révolte des enseignants, deux textes pris au Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (MESRS) et qui précarisent la carrière des enseignants. Après l’intersyndicale des enseignants des Universités Nationales du Bénin récemment, c’est le Syndicat Autonome de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur (SYNARES) qui hausse le ton et sonne la mobilisation de la communauté universitaire. Il à se lever, à se mobiliser pour dire « NON » à la « confiscation des droits acquis et à la liquidation de la fonction enseignante ».

 Malgré les représailles dont sont victimes les responsables syndicaux et des militants, ils sont déterminés, résistent et sont décidés à faire honneur au mouvement syndical universitaire. C’est ce que fait savoir dans un message le Synares. Ce syndicat après l’analyse de la situation, s’adresse à la communauté universitaire. « ..le mouvement a besoin d’être renforcé par une adhésion franche des enseignants de tout grade, sans peur ni hésitation, à l’instar de leurs braves aînés qui se sont battus pour l’édification d’universités publiques autonomes et compétitives. Ils y ont cru et nous devons poursuivre leur œuvre ».

Pour cette cause, le SYNARES invite toute la communauté universitaire à se lever, à se mobiliser pour faire face à ce qu’il qualifie de «  catastrophe » qui, dit-il, «  est là, vivante et menaçante ! ». Il invite expressément la communauté universitaire à sauver les meubles et dire  « Non à la confiscation des droits acquis et à la liquidation de la fonction enseignante ».Et pendant qu’il est temps, n’est-il pas souhaitable que le ministre de l’enseignement supérieur convie les partenaires sociaux à la table de négociation ?

 

De quoi s’agit-il ?

 Les enseignants des Universités Nationales du Bénin (UNB), réunis au sein de leur Intersyndicale, se révoltent contre deux textes pris au Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (MESRS) et qui précarisent leur carrière.

Le décret 2016-244 du 4 avril 2016 portant conditions de bénéfice de la promotion professionnelle des enseignants des UNB dans les différents corps par leurs statuts particuliers, précise en ses articles 2, 3 et 4, l’essentiel des conditions à appliquer en matière de reclassement des enseignants du supérieur au Bénin. Mais en 2019, à travers une lettre circulaire N°1541/MESRS/DC/SGM/DAF/SRHDS/DGCPER du 29 Avril 2019, le Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, Marie-Odile Attanasso, remet en cause les dispositions du décret 2016-244 du 4 avril 2016, créant ainsi une confusion et un imbroglio rendant quasi impossible, le reclassement des enseignants des UNB après l’obtention des grades au Conseil Africain et Malgache pour l’enseignement Supérieur (CAMES). Ces dispositions querellées ont été une fois de plus confirmées, dans une nouvelle circulaire, N°1408 du 10 juillet 2020 signée par le Ministre Eléonore Yayi Ladékan.

L’intersyndicale des enseignants des Universités Nationales du Bénin, fait observer à travers ces différentes interventions, que la prise de notes circulaires et d’arrêtés pour remettre en cause les dispositions d’un décret, acte réglementaire de valeur supérieure,  relève de l’amateurisme et d’une volonté acharnée de nuire à la corporation des enseignants -chercheurs au Bénin.

Cet imbroglio administratif suscite des questionnements de la part de l’Intersyndicale : Est-ce possible que des notes circulaires soient prises en méconnaissance totale des dispositions d’un décret? Une telle méconnaissance est-elle acceptable lorsque l’on sait que les cadres du MESRS sont les enseignants des UNB? Quel est l’objectif visé par les dispositions de ces circulaires dans un contexte de pénurie d’enseignants dans les UNB et dans un environnement aussi concurrentiel que l’enseignement supérieur?

 

Le SYNARES hausse le ton

Dans une déclaration en date du 10 août 2020, le SYNARES monte aussi au créneau et fait des observations. Son secrétaire général précise bien les protagonistes de cette situation ainsi créée, « d’un côté le ministre et ses collaborateurs, et de l’autre nos collègues enseignants », dit-il. Le Synares rappellent des aspects des décisions prises par l’autorité dont l’un est la question des quotas de postes ouverts, objet de la circulaire n°1408/ MESRS/DC/SGM/DAF/SRHDS/DGCPER/SA du 10 juillet 2020. Cette question des quotas de postes ouverts se décline en deux interrogations indique le Synares: « le diagnostic à l’origine des quotas (ayant recommandé le recours à l’ouverture des postes), les bases de la fixation des quotas affectés aux différents grades et à leur répartition par établissement ». Des interrogations qui débouchent à leur tour sur des hypothèses. Pour le Synares, « le MESRS devrait apporter des réponses précises sur les deux principales questions soulevées ». A en croire le Synares, l’Intersyndicale a tenté plus d’une fois sans succès d’ouvrir des débats sur ces préoccupations. Dans sa déclaration, le Synares hausse le ton et invite la communauté universitaire à se lever et à se mobiliser. Il reste à souhaiter que les acteurs de l’enseignement supérieur trouvent un terrain d’entente sur ces points de désaccord dans un climat apaisé de dialogue et de confiance réciproque pour le bonheur de nos universités.

Armelle C. CHABI

 

……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………DECLARATION DU SYNDICAT AUTONOME DE LA RECHERCHE ET DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR (SYNARES)

SECURISER RESOLUMENT LES DROITS ACQUIS DES UNB

 Le SYNARES n’a pas la réputation de prédire chaque jour la fin du monde ou de voir en chaque acte politique l’indice d’une théorie du complot, mais se contente, lorsque cela est nécessaire, de dire ou écrire en quoi tel ou tel projet lui apparaît utile ou inopportun. En effet, après :

– le mémorandum de l’Intersyndicale de juin 2019 qui rapporte et analyse avec éloquence les nombreuses entraves au développement des UNB depuis l’avènement du régime de la Rupture,

– le compte rendu des observations des enseignants sur le projet d’arrêté du

MESRS relatif aux critères de reclassement des enseignants inscrits sur les listes d’aptitude du CAMES (du 08 avril 2020),

– la déclaration de l’Intersyndicale du 17 juillet 2020 dénonçant les manœuvres du MESRS et les incongruités de la circulaire n°1408/ MESRS/DC/SGM/DAF/SRHDS/DGCPER/SA du 10 juillet 2020

– la déclaration du SNES du 30 juillet 2020 qui expose les dispositions réglementaires auxquelles enfreignent les circulaires et projet d’arrêté du MESRS, fustige le comportement du ministre et de ses collaborateurs et exige le respect des textes en vigueur pour reclasser purement et simplement tous les récipiendaires du CAMES, l’on peut se demander s’il y a encore matière à justifier une déclaration du

SYNARES. Mais ne dit-on pas souvent que la répétition est pédagogique ? Elle permet en effet de rafraichir la mémoire, d’ouvrir et approfondir les débats sur des aspects/détails qui n’auraient pas été bien assimilés par des protagonistes.

Dans le présent exercice, nous avons comme protagonistes, d’un côté le ministre et ses collaborateurs, et de l’autre nos collègues enseignants. Au titre des aspects à rappeler, nous n’en prendrons qu’un seul : la question des quotas de postes ouverts, objet de la

circulaire n°1408/ MESRS/DC/SGM/DAF/SRHDS/DGCPER/SA du 10 juillet 2020. Celle-ci se décline en deux interrogations : le diagnostic à l’origine des quotas (ayant recommandé le recours à l’ouverture des postes), les bases de la fixation des quotas affectés aux différents grades et à leur répartition par établissement.

Sur la première interrogation, l’Intersyndicale n’a jamais cessé de réclamer au

MESRS le document de diagnostic produit par ses services. C’est peut-être demain qu’ils l’exhiberont. A moins que les partenaires sociaux n’en soient dignes !

S’agissant de la seconde interrogation, les bases des quotas de postes ouverts, nous explorerons deux hypothèses : les normes académiques et les problèmes de trésorerie.

1) Serait-ce les normes académiques ? la réponse est négative, d’autant que les ratios nombre d’étudiants par enseignant sont loin d’être atteints. Bien plus, ils se dégradent au jour le jour du fait du gel des recrutements, des départs à la retraite des enseignants et de l’accroissement continu du flux des étudiants

2) Serait-ce des difficultés de trésorerie ? Cela ne saurait être admis si l’on s’en tient aux taux de croissance économique publiés par le gouvernement.

Malgré l’absence de réponse du MESRS par rapport à ces hypothèses, l’Intersyndicale a cru devoir faire des suggestions à son autorité en vue de solutions durables à la gestion des ressources humaines. Ces suggestions

figurent dans le compte rendu (CR) des observations sur son projet d’arrêté, à lui transmis le 08 avril 2020.

– Sur les normes académiques, c’est le recrutement massif d’enseignants dans tous les grades, conformément aux prévisions du programme d’action du gouvernement (PAG) portant sur 1.530 enseignants en 5 ans, soit au minimum 300 par an. En effet, en 4 années d’exécution du PAG, c’est seulement 200 recrutements qui ont été autorisés par le gouvernement (moins de l’engagement annuel).

– Sur les difficultés éventuelles de trésorerie, l’Intersyndicale a proposé au gouvernement le paiement différé de l’incidence financière liée au reclassement des récipiendaires du CAMES. Cette solution n’est pas inédite ; elle s’était imposée au gouvernement en 1987 et a duré des années ; le rappel des moins perçus n’a été soldé qu’à partir de 2006 sous formes de titres de bons du Trésor public délivrés aux ayants-droit.

En résumé, le MESRS devrait apporter des réponses précises sur les deux principales questions soulevées : le diagnostic et la détermination des quotas.

L’Intersyndicale a tenté plus d’une fois sans succès d’ouvrir des débats sur ces préoccupations. Hier, le ministre était fermé à toute rencontre pour en discuter et affichait ouvertement son hostilité à l’égard de la chose syndicale. Aujourd’hui, le nouveau locataire du MESRS semble tolérer l’action syndicale, tout en s’évertuant à ruser avec les partenaires sociaux et les intérêts de la corporation.

Aussi, devons-nous veiller au grain pour éviter les pièges du cabinet et du gouvernement, rester fermes sur notre position en matière de défense des droits acquis. Il y va de l’avenir de notre corporation et de la formation de nos étudiants.

Malgré les représailles, nos responsables syndicaux et des militants déterminés font honneur au mouvement syndical universitaire dans un environnement national délétère. Ce mouvement a besoin d’être renforcé par une adhésion franche des enseignants de tout grade, sans peur ni hésitation, à l’instar de leurs braves aînés qui se sont battus pour l’édification d’universités publiques autonomes et compétitives. Ils y ont cru et nous devons poursuivre leur œuvre.

Le SYNARES invite par conséquent, toute la communauté universitaire à se lever, à se mobiliser pour faire face à la catastrophe qui est là, vivante et menaçante !

Non à la confiscation des droits acquis et à la liquidation de la fonction enseignante!

Vive le mouvement syndical universitaire !

Fait à Abomey-Calavi, le 10 août 2020

 

Pour le Bureau exécutif

 

Le SG SYNARES

Prof. Jean C. HOUNDAGBA

Laisser un commentaire