Le projet de société de Lionel Zinsou

Politique

La population l’attendait depuis. Il s’agit du projet de société du premier ministre Lionel Zinsou candidat en course pour la magistrature suprême au Bénin. Ce projet qu’attend le grand public pour que le vrai débat s’installe sera rendu public dans les prochains jours. Mais en attendant, nous vous présentons de façon exceptionnelle la première ébauche de ce programme de gouvernance du candidat de la coalition Fcbe-Prd-Rb. Un programme qui se veut ambitieux dont voici les grandes lignes.

Notre ambition pour le Bénin de demain
Le BENIN GAGNANT porte notre ambition collective d’accélérer le développement inclusif de notre pays.
Ce Programme repose sur deux grands piliers :
– L’accélération du développement économique ;
– La cohésion sociale et le développement du capital humain
La réussite des actions à engager dans le cadre de ces deux grands piliers nécessite de s’unir autour d’un socle de valeurs de paix et de fraternité indispensables pour le développement de notre pays, de son rayonnement régional et international.
La bonne gouvernance et la modernisation de nos institutions constituent, quant à elles, les principales conditions de succès des batailles que nous mènerons sur la voie de l’émergence.
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Le BENIN GAGNANT vise à atteindre rapidement des résultats tangibles et partagés par tous les Béninois.
Le BENIN GAGNANT vise :
Le BENIN GAGNANT sera réalisé à travers :
1. CONDITIONS DE SUCCES : BONNE GOUVERNANCE ET MODERNISATION DES INSTITUTIONS
Notre grand combat pour l’accélération de la croissance et l’amélioration des conditions de vie de nos compatriotes ne peut être gagné que dans le cadre d’une modernisation de nos institutions et d’une gouvernance irréprochable. Depuis 1990, la Conférence Nationale des Forces Vives de la Nation a jeté les bases d’une démocratie reconnue en Afrique et dans le monde. Nous avons désormais le devoir de consolider ces acquis en initiant une révision de notre Constitution, en rénovant le cadre de fonctionnement de nos partis politiques et en garantissant la justice pour tous. En outre, nous devons réformer notre administration centrale et transférer davantage de compétences et de ressources aux collectivités locales pour assurer un développement harmonieux de notre territoire.
Les conditions de succès sont structurées autour de 8 axes majeurs.
1.1 Consolider notre modèle de démocratie
Notre ambition : Une réforme constitutionnelle et une rénovation du cadre législatif permettant de consolider nos acquis et de renforcer nos pratiques en matière de démocratie.
Mesures clés :
i. Réviser dès la 1ère année du mandat la Constitution du 11 décembre 1990 pour une meilleure efficacité et un meilleur équilibre des pouvoirs des institutions de la République (Présidence de la République, Parlement, Cour Constitutionnelle, Cour Suprême, Haute Cour de Justice, Conseil Economique et Social, Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication, etc.) ;
ii. Créer une Cour des Comptes autonome dotée d’un budget propre en lieu et place de la Chambre des Comptes de la Cour Suprême pour un contrôle effectif de l’exécution des dotations publiques (budget de l’Etat, budget des entités publiques, etc.) ;
iii. Constitutionnaliser la Commission Electorale Nationale Autonome (« CENA ») ;
iv. Renforcer la liberté de la presse en modifiant les règles de nomination du Président de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (« HAAC ») pour qu’il soit élu par ses pairs (9 Conseillers) ;
v. Engager une réforme du Conseil Economique et Social afin de le doter de nouveaux objectifs, d’un périmètre élargi et d’une plus grande visibilité.

1.2 Réinventer notre système partisan
Notre ambition : Un écosystème politique moderne caractérisé par une réduction du nombre de partis politiques et un financement public direct de leurs activités.
Mesures clés :
i. Initier une relecture de la loi sur la charte des partis politiques afin de fixer, en concertation avec les parties prenantes, de nouvelles règles pour un financement public conséquent des partis. Ce financement sera basé sur des critères de représentativité et de seuil ;
ii. Travailler à un accès plus équitable des partis politiques aux médias publics ;
iii. Initier un projet de loi contraignant contre la « transhumance politique ».
1.3 Moderniser notre administration centrale
Notre ambition : Une administration moderne au service des citoyens et des opérateurs économiques et portée par des dirigeants aux compétences avérées.
Mesures clés :
i. Procéder à des appels à candidature pour la cinquantaine de postes stratégiques du pays ;
ii. Réformer le Ministère du développement en termes d’organisation et de compétences lui permettant :
d’absorber en 3 ans au moins les 2/3 de l’aide accordée au pays au lieu du niveau actuel ;
de piloter les projets structurants de développement ;
iii. Développer une administration de missions à travers la mise en place d’agences dotées d’une autonomie financière et de gestion (Agence des participations de l’Etat, etc.) ;
iv. Accélérer les démarches administratives pour les particuliers et les professionnels par l’adoption d’une autorisation automatique sauf objection de l’administration dans un délai raisonnable ;
v. Développer l’administration numérique avec l’automatisation et la dématérialisation des procédures ;
vi. Améliorer le processus d’organisation des concours administratifs et en confier temporairement la gestion à des prestataires externes de renommée nationale ou internationale ;
vii. Développer le recours à des services d’expertise externe (Conseil, Audit, Juridique, etc.) pour accompagner l’administration dans la conception et la mise en œuvre des projets ;
viii. Promouvoir la culture de performance au sein de l’ensemble des administrations.
1.4 Faire de nos communes de véritables leviers de développement
Notre ambition : Un développement de l’économie du Bénin par un modèle de croissance locale reposant sur les communes et ouvrant des compétences et des ressources nouvelles.
Mesures clés :
i. Doter les communes de compétences et de ressources nouvelles issues notamment du Budget de l’Etat et du FADEC pour en faire de véritables leviers de développement. Cette mesure doit permettre aux communes de prendre en charge des compétences additionnelles telles que la voirie locale, l’hydraulique rurale, le financement de l’agriculture, etc ;
ii. Transférer, à un horizon de 5 ans, 15% des ressources du Budget Général de l’Etat aux communes (soit environ 233 milliards de francs CFA aujourd’hui) pour améliorer l’efficacité de la politique de développement local (santé, éducation, accès à l’eau potable, transport, logement, etc.), en les aidant à renforcer leur capacité d’absorption financière et de bonne gestion ;
iii. Doter les grandes villes de la personnalité juridique et des conditions nécessaires pour leur permettre de mobiliser des ressources additionnelles sur les marchés financiers ;
iv. Orienter les programmes d’investissements publics pour corriger les inégalités territoriales ;
v. Actualiser la PONADEC (Politique Nationale de Décentralisation / Déconcentration) en :
Promouvant, à travers les 77 communes, un réel développement équilibré basé sur les potentialités de chaque collectivité locale ;
Désignant les 6 chefs-lieux des 6 nouveaux départements afin de désengorger les préfectures actuelles qui gèrent chacune deux départements ;
Renforçant les Préfets dans leur rôle de représentants de l’Etat, en soutien aux communes et aux collectivités locales ;
vi. Mettre en place un programme de modernisation des grandes villes :
a. A titre d’exemple, pour la capitale, Porto-Novo :
La construction d’un deuxième pont à l’entrée de la ville ;
La finalisation de la rocade ;
Un appui budgétaire de l’Etat pour l’édification de l’hôtel de ville ;
Le transfert progressif des Institutions de la République ;
b. A titre d’exemple, pour Cotonou :
L’assainissement et lutte contre les inondations ;
La gestion des déchets ;
La réforme du statut des marchés de Dantokpa, Ganhi et Gbogbanou afin de permettre leur transfert à la commune de Cotonou ;
c. Réhabiliter les autres villes de taille intermédiaire.
1.5 Garantir la Justice pour tous
Notre ambition : Une garantie pour chaque Béninois d’avoir accès à une justice indépendante, efficace et de proximité.
Mesures clés :
i. Lancer le programme « Justice pour tous » pour démocratiser l’accès à l’assistance juridique, à l’information et à la médiation, notamment à travers des Maisons de Justice au niveau des communes ;
ii. Améliorer la qualité de la formation des professionnels de la justice, augmenter leurs équipements numériques, leurs moyens d’expertise et doubler leurs effectifs à horizon 5 ans ;
iii. Renforcer la sécurité judiciaire pour les entreprises et mettre en place un Tribunal de Commerce dès l’année 2016 ;
iv. Renforcer l’autonomie de la justice par une séparation entre le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire : le Conseil Supérieur de la Magistrature (« CSM ») ne sera plus présidé par le Président de la République, renforcer l’indépendance des magistrats à l’exception de la formation et de la gestion de la carrière des magistrats du parquet ;
v. Réaliser la mise en place effective des 14 Tribunaux de Première Instance prévus par la loi mais actuellement non construits (Adjohoun, Comè, Malanville, Nikki, Avrankou, Sakété, Dogbo, Bohicon, Covè, Dassa-Zoumé, Savé, Bembèrèké, Kouandé et Tanguiéta) et mettre à disposition les ressources financières de fonctionnement nécessaires ;
vi. Créer des chambres administratives au sein des Tribunaux de Première Instance et des Tribunaux de Commerce ;
vii. Créer des « Pôles financiers » spécialisés dans le contentieux pénal financier et dans la lutte contre les crimes économiques et délits, avec notamment un personnel spécialement formé pour lutter contre la corruption ;
viii. Mettre en œuvre l’évolution du cadre judiciaire de la Haute Cour de Justice pour rendre plus exécutoires ses décisions.
1.6 Offrir un environnement des affaires sécurisé
Notre ambition : Un climat des affaires adéquat permettant aux entreprises privées de créer des emplois et au Bénin de devenir une destination privilégiée de l’investissement privé régional et international.
Mesures clés :
i. Engager l’Etat sur le principe de stabilité fiscale et de non rétroactivité ;
ii. Accélérer les réformes engagées pour améliorer le climat des affaires ainsi que la compétitivité et l’attractivité du Bénin à travers un redressement significatif du classement du pays (gain de 50 places dans le classement Doing Business de la Banque mondiale à horizon 2019) ;
iii. Rendre opérationnel l’Agence de Promotion des Investissements et des Exportations (« APIEX ») et renforcer son rôle dans l’amélioration du climat des affaires ;
iv. Accélérer la mise en place du cadre réglementaire de la gestion des Partenariats Public-Privé (« PPP ») ;
v. Prendre des mesures incitatives pour faire du Bénin un hub de services (logistique, finances, etc.) et favoriser l’installation des sièges d’entreprises régionaux ;
vi. Engager, à compter de juillet 2016, une restructuration profonde du service du cadastre en termes d’informatisation, d’organisation, et de rapidité de production du titre foncier ;
vii. Créer une relation de confiance et de partenariat entre l’administration et le secteur privé.

1.7 Instaurer un dialogue social apaisé
Notre ambition : Un climat social calme et apaisé reposant sur un équilibre entre la liberté d’association et la promotion de la négociation collective.
Mesures clés :
i. Créer un Haut-Commissariat du Dialogue Social doté d’une autonomie financière et composé de représentants du patronat, des travailleurs et du gouvernement pour œuvrer pour un climat social apaisé ;
ii. Mettre en place, en relation avec les partenaires sociaux, un système de prévention des crises ;
iii. Organiser sur une base régulière le suivi du fonctionnement des comités sectoriels chargés du dialogue social dans tous les ministères.
1.8 Eradiquer la corruption
Notre ambition : Une application rigoureuse de l’arsenal juridique existant afin d’obtenir une baisse significative du niveau de corruption.
Mesures clés :
i. Rendre opérationnel le Bureau de l’Auditeur Général et réformer les institutions de contrôle de l’Etat pour accroître leur efficacité en les dotant de moyens institutionnels, humains et matériels conséquents ;
ii. Assurer l’autonomie financière de l’Autorité Nationale de Lutte contre la Corruption (« ANLC ») et la doter d’un pouvoir d’investigation plus poussé ;
iii. Renforcer les moyens d’intervention de la brigade économique et financière afin de garantir l’application effective des sanctions prévues ;
iv. Accélérer et finaliser la dématérialisation d’ici 3 ans des procédures administratives, fiscales et douanières afin de réduire les marges de fraude et de corruption.

2. ACCELERATION DU DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE
L’accélération du développement économique vise une rupture dans la dynamique de croissance économique du Bénin pour accroître la création de richesses, éradiquer la pauvreté, créer un vivier d’emplois massifs et mettre définitivement le Bénin sur la rampe de l’Emergence.
Ce pilier s’appuie à la fois sur les secteurs endogènes de l’économie béninoise et l’identification des domaines orientés vers l’export et l’attraction d’investissements directs étrangers.
L’accélération du développement économique vise aussi à résorber le déficit de notre balance commerciale et à améliorer notre intégration économique régionale.
La mise en œuvre des projets et réformes amorcera une dynamique de croissance inclusive qui offrira au Bénin une place de choix dans l’Afrique de 2030.
L’accélération de notre développement économique sera structurée autour de 10 axes majeurs.
2.1 Un monde rural modernisé pour accélérer la croissance (agriculture, élevage, pêche et artisanat)
Notre ambition : Une modernisation des secteurs traditionnels (agriculture, élevage, pêche et artisanat) comme vecteurs clés de développement économique et social à travers la création d’emplois locaux, la couverture de nos besoins alimentaires et le renforcement de nos exportations.

Mesures clés :
Agriculture
i. Créer des fermes villageoises (mécanisation, irrigation/maîtrise de l’eau, etc.) ;
ii. Créer des exploitations agricoles axées sur des filières à haut potentiel d’exportations (anacarde, huile de palme, ananas, etc.) ;
iii. Accélérer l’exploitation des terres agricoles en produisant une carte nationale de la fertilité des terres et en mettant en œuvre une politique de promotion agricole basée sur les 8 zones agro-écologiques dès septembre 2016 ;
iv. Renforcer les politiques de sécurisation de l’accès et de la transmission du foncier pour encourager les logiques d’investissement ;
v. Augmenter le Fonds de Développement Agricole et du Micro-crédit rural du Fonds National de Microfinance (« FNM ») pour le faire passer de 4 à 50 Milliards en 5 ans ;
vi. Créer une banque de crédit agricole afin d’accompagner le financement en capital et en dette des producteurs agricoles ;
vii. Créer des emplois ruraux non agricoles en rendant disponible l’énergie, l’eau et les technologies numériques (transformation et conditionnement, maintenance, transports et commerce, services, etc.) ;
viii. Créer une centrale d’achat et de vente de produits agricoles dotée d’une gestion transparente pour mutualiser les coûts.

Elevage
i. Intensifier et accroître la production de petits ruminants en vue d’une meilleure production de viande et de lait ;
ii. Accélérer l’intégration Agriculture-Elevage ;
iii. Développer la pratique de la stabulation ;
iv. Promouvoir l’insémination artificielle et la couverture vaccinale ;
v. Développer et entretenir les points d’eau dans les couloirs de transhumance.
Pêche
i. Structurer la filière et accompagner les acteurs de la pêche ;
ii. Assurer une meilleure gestion des réserves clés pour le renforcement de l’empoissonnement ;
iii. Soutenir la création de fermes aquacoles modernes pour accroître les niveaux de production ;
iv. Développer des filières de formation technique et professionnelle pour les acteurs du secteur.

Artisanat
i. Mettre en place des centres artisanaux dédiés (infrastructures, équipements, formation, normes, etc.) pour le développement des filières clefs de l’artisanat ;
ii. Accompagner les travailleurs informels pour un accès à la protection sociale et au crédit ;
iii. Soutenir les artisans pour leur rayonnement à l’international (expositions, foires, etc.).
2.2 Vers un Bénin industriel et Hub de services
Notre ambition : Un processus d’industrialisation pérenne dans une logique de renforcement de la valeur ajoutée des produits du secteur primaire, de développement de l’industrie des services et de création massive d’emplois formels.
Mesures clés :
i. Faire du Bénin un hub de services pour attirer les sièges régionaux des entreprises, avec la création de parcs de bureaux et d’infrastructures d’accueil de haut niveau ;
ii. Créer des pôles de transformation agroalimentaire avec des vocations définies (anacarde, huiles de palme, ananas, produits laitiers, etc.) ;
iii. Eriger des pôles industriels intégrés et dédiés à la transformation à plus haute valeur ajoutée des produits de la mer ;
iv. Développer des filières domestiques de matériaux de construction (briques, céramiques, etc.) ;
v. Relancer et moderniser l’industrie textile ;
vi. Finaliser l’aménagement de 50 hectares de zone industrielle en partenariat avec le secteur privé.

2.3 Améliorer notre cadre de vie
Notre ambition : Le développement d’un cadre de vie harmonieux permettant à chaque béninois d’accéder à la propriété à travers la construction massive de logements sociaux, et la facilitation de l’accès au crédit immobilier. L’amélioration de la propreté et de l’aménagement des villes ainsi que la mobilité urbaine par le développement des transports de masse modernes.
Mesures clés :
i. Relancer une offre massive de logements sociaux grâce à des partenariats public-privé (sur la base des modèles « low cost ») ;
ii. Créer 2 à 3 nouveaux pôles de développement urbains ;
iii. Faciliter l’accès au crédit immobilier pour les ménages ;
iv. Développer de nouvelles industries des matériaux de construction locaux (import-substitution) ;
v. Promouvoir les services de transports fluviaux et lagunaires ;
vi. Créer une régie nationale des transports urbains ;
vii. Lancer un programme de modernisation des villes en collaboration avec les municipalités et en cohérence avec la politique de décentralisation.
2.4 Une Energie abondante, à bon prix et accessible
Notre ambition : L’augmentation significative de la production énergétique, à coût compétitif, pour accompagner les ambitions de développement du Bénin ; la réduction de la dépendance énergétique, la promotion du développement des énergies renouvelables et l’amélioration significative de l’accès à l’électricité.
Mesures clés :
i. Mettre en service à l’horizon 2021 des centrales électriques nouvelles d’une capacité globale additionnelle de 1 000 MW dont 35% d’énergies renouvelables ;
ii. Mettre à niveau le réseau de transport et distribution ;
iii. Accompagner les particuliers et ménages (normes, incitations) pour une meilleure gestion / maîtrise de la consommation d’électricité ;
iv. Structurer le marché des hydrocarbures.
2.5 Exploiter la locomotive nigériane pour tirer le développement du Bénin
Notre ambition : Une transformation profonde du partenariat avec le Nigéria comme principal moteur de notre développement économique.
Mesures clés :
i. Repenser et renforcer le comité mixte Bénino-Nigérian de coopération bilatérale avant la fin de l’année 2016 ;
ii. Développer la plateforme Béninoise comme maillon clé du corridor Lagos – Cotonou – Lomé –Accra-Abidjan ;
iii. Réussir un ou deux paris industriels (industrie automobile, électronique, etc.) en synergie avec le tissu industriel du Nigéria ;
iv. Développer des formations bilingues, professionnelles et supérieures en partenariat avec le Nigéria ;
v. Approfondir les accords de libre-échange ;
vi. Développer les complémentarités économiques.
2.6 Valoriser notre patrimoine culturel
Notre ambition : Une valorisation de notre patrimoine historique, culturel et naturel pour une meilleure visibilité internationale de notre pays et pour le développement du tourisme.
Mesures clés :
i. Poursuivre et accélérer la réfection et la réhabilitation des différents palais royaux et sites touristiques ;
ii. Transformer le Fonds d’Aide à la Culture en un fonds spécifique de micro-crédit de soutien à l’artisanat et la culture ;
iii. Démarrer et achever les travaux de construction du Théâtre du Bénin ;
iv. Construire une grande bibliothèque virtuelle des arts et des cultures du Bénin, en partenariat avec des acteurs internationaux de référence ;
v. Mettre en place 2 nouvelles zones touristiques intégrées et ciblées autour de segments clairs (balnéaire, histoire & culture, affaires, éco-tourisme, etc.) ;
vi. Accélérer les travaux de construction et de viabilisation de la route des pêches ;
vii. Faciliter l’accès aux frontières pour la promotion du tourisme (visa disponible à l’arrivée, etc.) ;
viii. Renforcer la connectivité aérienne.
2.7 Développer des infrastructures de classe internationale
Notre ambition : La mise en place d’infrastructures modernes et performantes pour soutenir les acteurs économiques et faire du Bénin un hub logistique compétitif.
Mesures clés :
i. Infrastructures routières : Construire plus de 2 500 km de routes bitumées sur l’étendue du territoire, notamment la rocade de Porto-Novo, la voie de contournement nord de Cotonou, le deuxième pont de Porto-Novo ;
ii. Infrastructures portuaires :
Moderniser le Port de Cotonou dans un délai de 3 ans et poursuivre les réformes portuaires ;
Construire le port en eau profonde (Sèmè-Kpoji) ;
Construire 4 ports secs (Parakou, Allada, Bohicon et Tori) ;
iii. Réhabiliter et moderniser le chemin de fer Cotonou-Niamey ;
iv. Construire des plateformes logistiques (entrepôts, quais, parkings, services d’expédition, etc.) pour le transport interne et le transit vers les pays frontaliers ;
v. Construire un marché de gros et demi-gros à vocation régionale.
2.8 Développer l’économie numérique
Notre ambition : Une économie numérique comme moteur de croissance, de développement social et de réduction des inégalités territoriales.
Mesures clés :
i. Poursuivre les réformes en cours et mettre en place un cadre favorable à l’investissement, la saine concurrence et l’économie numérique ;
ii. Moderniser les infrastructures pour l’internet haut débit, faciliter l’accès à l’internet fixe et mobile (lancement de la 4G, la fibre optique, etc.) ;
iii. Déployer la Télévision Numérique Terrestre (TNT) favorisant le Télé-enseignement, le Télé achat, la Télé médecine, etc. ;
iv. Développer une administration électronique pour simplifier la vie des citoyens avec les déclarations, les téléchargements et paiements en ligne ;
v. Dématérialiser et automatiser les processus administratifs, développer l’archivage électronique, etc. ;
vi. Créer des zones numériques dédiées (bureaux et connectivité) destinées aux entreprises du secteur des technologiques.
2.9 Promouvoir des champions nationaux
Notre ambition : La création des conditions de l’émergence d’entreprises nationales fortes sur les secteurs stratégiques de l’économie offrant des produits et services aux normes internationales et capables de prolonger les politiques économiques de l’Etat.
Mesures clés :
i. Promouvoir le développement de champions nationaux dans les secteurs stratégiques de l’économie porteurs de croissance et d’emplois (BTP, industries de transformation, TIC, services financiers, importation des voitures d’occasion, etc.) ;
ii. Mettre en place un dispositif réglementaire permettant de réserver une partie de la commande publique aux PME/PMI locales ;
iii. Favoriser la rétention de richesses sur certains investissements stratégiques ;
iv. Promouvoir le « made in Benin » à travers la mise en valeur des produits locaux et la promotion du « consommer local ».
2.10 Mobiliser des ressources financières inédites
Notre ambition : La promotion et le développement d’un système de financement innovant, adapté et inclusif ; la préservation de la stabilité macro-économique pour favoriser l’investissement.
Mesures clés :
i. Créer un fonds souverain de 400 milliards FCFA alimenté par des actifs publics mobilisables permettant d’accompagner les investissements en capital dans les grands projets publics et privés ;
ii. Promouvoir des mécanismes innovants de financement (financement participatif, caisse de dépôts et de consignation, fonds de pension, etc.) en vue d’assurer une forte mobilisation et une plus grande sécurisation de l’épargne populaire, le financement de logements sociaux, etc.) ;
iii. Favoriser la création des banques spécialisées pour le financement des activités des PME et des PMI ;
iv. Elargir l’assiette fiscale pour la mobilisation des ressources propres nécessaires au financement du développement ;
v. Créer le cadre réglementaire pour la mise en œuvre du financement participatif (crowdfunding) notamment pour faciliter l’investissement ;
vi. Attirer les flux d’investissements directs étrangers (IDE) à travers notamment la mise en place de tribunaux de commerce, l’opérationnalisation de l’APIEX et des mesures fiscales incitatives pour les investisseurs ;
vii. Poursuivre et soutenir l’assainissement du secteur financier (banques et institutions de microfinance) à travers le respect des normes et exigences réglementaires, de contrôle et de supervision ;
viii. Promouvoir des initiatives utilisant les nouvelles technologies et visant à accélérer l’inclusion financière des populations.

3. COHESION SOCIALE ET DEVELOPPEMENT DU CAPITAL HUMAIN
A travers ce pilier, il s’agit d’asseoir le caractère inclusif de la croissance générée qui devra se traduire par un accès plus large aux services socio-économiques pour le plus grand nombre possible de personnes.
En effet, les retombées de la croissance économique permettront de renforcer l’offre de services sociaux de base et d’assurer la protection sociale et l’autonomisation des groupes vulnérables. Ainsi, la dynamique « BENIN GAGNANT » engendrera des effets bénéfiques sur la cohésion sociale et favorisera l’équité face aux opportunités économiques.
Le 2e pilier de notre projet de société est articulé autour de 6 axes majeurs.
3.1 Réinventer notre système éducatif
Notre ambition : La réhabilitation en profondeur de notre système éducatif en vue d’offrir à notre jeunesse une formation de qualité ; l’élargissement de l’accès à une éducation adaptée aux besoins de notre économie.
Mesures clés :
i. Généraliser les cantines scolaires et améliorer leur fonctionnement. Cet effort de solidarité s’élèvera à environ 48 milliards de FCFA par an ;
ii. Accélérer la mise en œuvre du décret portant statut particulier des enseignants de la maternelle, du primaire et du secondaire en vue d’un renforcement de la qualité et du nombre d’enseignants ; et en parallèle, poursuivre et améliorer les mesures de gratuité en cours ;
iii. Poursuivre la construction, la réhabilitation et l’équipement des écoles, des universités et centres de formation ;
iv. Soutenir les établissements privés par des subventions directes et/ou des mesures de défiscalisation ;
v. Concevoir des programmes d’enseignement qui répondent aux exigences et besoins de notre pays ;
vi. Renforcer l’offre de formation technique et professionnelle afin de mieux répondre aux besoins du marché de l’emploi ainsi que la formation continue des enseignants.
3.2 Un accès universel à l’électricité et à l’eau potable
Notre ambition : L’accès à l’eau potable et à l’électricité comme un droit fondamental.
Mesures clés :
i. Poursuivre le programme « Lumière pour Tous » en vue d’équiper les familles en lampes solaires ; cette mesure impliquera un gain de pouvoir d’achat de 8 000 FCFA par mois et par famille ;
ii. Atteindre un taux d’électrification rurale de 30% à l’horizon 2021, en s’appuyant notamment sur les systèmes d’énergie renouvelable ;
iii. Réaliser des systèmes d’Hydraulique Villageoise Améliorée sur toute l’étendue du territoire ;
iv. Renforcer la gestion et la gouvernance du secteur de l’eau et de l’électricité pour en assurer la stabilité financière.
3.3 Le sport comme vecteur de développement humain, social et économique
Notre ambition : Une redéfinition des ambitions du Bénin dans le sport. Un renforcement des fédérations et une vulgarisation ambitieuse et harmonieuse des disciplines sportives.
Mesures clés :
i. Définir une nouvelle politique pour le développement du sport au Bénin ;
ii. Réorganiser et appuyer les fédérations sportives ;
iii. Lancer un programme de création et de mise à niveau des infrastructures sportives en dotant chaque commune d’un complexe sportif léger ;
iv. Développer les compétitions nationales et relancer les championnats par discipline ;
v. Développer un partenariat public-privé pour la promotion du sport.
3.4 Un effort de solidarité en faveur des populations les plus modestes
Notre ambition : Un appui aux plus démunis à travers une aide sociale permettant de lutter concrètement contre la faim, de maintenir les enfants en scolarité et briser le cycle vicieux de la pauvreté chronique.
Mesures clés :
i. Renforcer la solidarité nationale via des transferts sociaux de 100 000 FCFA par an aux 100 000 familles béninoises vivant dans l’extrême pauvreté ;
ii. Assurer l’accès gratuit aux soins de santé ;
iii. Financer des actions génératrices de revenus pour les mères des familles démunies à travers le micro-crédit ;
iv. Faciliter la rénovation du parc de Zémidjans, accompagner les acteurs pour mieux structurer leur activité, accéder à la protection sociale, à la micro-assurance et au micro-financement.
3.5 Un système de santé accessible à tous
Notre ambition : Un accès à des soins de qualité dans un centre de santé pour chaque Béninois, quels que soient sa ville, son quartier ou son village et quel que soit son niveau de vie.
Mesures clés :
i. Continuer à améliorer l’offre et la qualité des services de santé en construisant, réhabilitant et équipant une centaine de postes de santé en milieu rural ;
ii. Construire 2 nouveaux hôpitaux généraux de référence ;
iii. Généraliser le Régime d’Assurance Maladie Universelle (RAMU) ;
iv. Renforcer la gouvernance du secteur de la santé pour un meilleur contrôle des services de santé et une reddition des comptes à tous les niveaux ;
v. Renforcer le système d’alerte précoce sanitaire ;
vi. Lutter contre la distribution de faux médicaments et promouvoir la formation continue des pharmaciens et des médecins.
3.6 Mettre les Jeunes et les Femmes au cœur de notre action
Notre ambition : Une meilleure préparation des jeunes au monde de l’emploi en adaptant leur formation aux besoins de l’économie afin de réduire significativement le taux de chômage.
La mise en place d’une politique sociale permettant d’augmenter de façon directe, immédiate et systématique le pouvoir d’achat des femmes et des familles.
Mesures clés :

Pour les Jeunes :
i. Accroître les moyens du Fonds National de Promotion de l’Entreprise et de l’Emploi des Jeunes (« FNPEEJ ») et l’implanter dans les départements pour qu’il puisse investir directement dans les entreprises des jeunes entrepreneurs en capital et en dette ;
ii. Accompagner pendant trois ans l’insertion professionnelle des jeunes par un appui budgétaire aux entreprises et par une prise en charge par l’Etat d’une partie du coût du travail de l’entreprise ;
iii. Initier la création d’incubateurs pour l’accompagnement des jeunes entrepreneurs et renforcer les structures d’appui à l’entreprenariat, notamment en matière d’appui-conseil et de financement ;
iv. Renforcer l’employabilité des jeunes par l’accélération du transfert des nouvelles technologies dans l’enseignement ;
v. Adapter la formation au marché de l’emploi en :
développant des formations universitaires pratiques et pragmatiques pour satisfaire les besoins de nos entreprises ;
conduisant des formations de mise à niveau des professionnels dans le secteur de l’artisanat et de l’industrie, susceptibles d’accompagner les jeunes, en accord avec la politique de promotion du secteur privé ;
initiant des politiques incitatives d’orientation vers les branches scientifiques.

Pour les Femmes :
i. Renforcer le programme de microcrédit en direction des femmes ;
ii. Soutenir l’autonomisation des femmes notamment à travers des programmes d’appui en matière d’entreprenariat, et d’accès à la propriété ;
iii. Développer le Régime d’Assurance Maladie Universelle (RAMU) en favorisant notamment un accès plus large aux interventions efficaces pour améliorer la santé de la mère, du nouveau-né et de l’enfant ;
iv. Promouvoir la parité dans la représentation nationale et dans les entreprises ;
v. Promouvoir les programmes d’alphabétisation des femmes ;
vi. Assurer la scolarisation systématique des filles.
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4. SOCLE DE LA REUSSITE : PAIX, RAYONNEMENT REGIONAL ET INTERNATIONAL
De par sa position géographique, notre pays constitue un carrefour incontournable en Afrique de l’Ouest, à la jonction entre la première économie du continent (le Nigéria) et une zone économique et monétaire solide (l’UEMOA). Cet atout doit faire de notre pays la locomotive de la convergence économique et politique au sein de la CEDEAO et nous donne les bases d’un rayonnement international, auquel nous devons par ailleurs associer notre diaspora. Cependant, notre région est confrontée à des défis sécuritaires auxquels nous devons faire face.
Le socle de réussite de notre projet de société est structuré autour de 3 axes majeurs.
4.1 Renforcer la sécurité intérieure et la défense
Notre ambition : Un renforcement et un redéploiement des forces de défense et de sécurité.
Mesures clés :
i. Renforcer la sécurité dans les lieux publics sensibles et les postes frontaliers ;
ii. Moderniser les équipements pour un maillage sécuritaire plus efficace des zones frontalières (terre, mer et air) ;
iii. Renforcer les moyens de la police et de la gendarmerie ;
iv. Déployer le corps des pompiers dans l’ensemble des grandes villes ;
v. Revaloriser la rémunération des corps militaires et paramilitaires et activer le fonds de prévoyance militaire prévu dans la loi portant statut général des personnels militaires des Forces Armées Béninoises (« FAB ») ;
vi. Développer l’utilisation de la télésurveillance et renforcer l’efficacité des renseignements généraux ;
vii. Renforcer la lutte contre la cybercriminalité.
4.2 Impulser une nouvelle diplomatie économique
Notre ambition : Un positionnement du Bénin comme acteur majeur de la scène régionale et internationale.
Mesures clés :
i. Faire du Bénin la locomotive de la convergence économique et politique au sein de la CEDEAO (infrastructures, politique monétaire, harmonisation des normes communautaires, etc.) ;
ii. Initier une politique de diplomatie économique en associant systématiquement des chefs d’entreprises, en collaboration avec le patronat et la Chambre de Commerce, aux délégations présidentielles et ministérielles ;
iii. Encourager et appuyer la candidature des Béninois dans les institutions africaines et internationales ;
iv. Rationaliser la carte diplomatique afin d’optimiser les moyens de notre présence internationale.
4.3 Mobiliser la diaspora au service de notre développement
Notre ambition : Une mobilisation du capital humain considérable que représente la diaspora béninoise au service des objectifs de développement de notre pays.
Mesures clés :
i. Intégrer dans la révision constitutionnelle l’élection de députés de la diaspora ;
ii. Mettre en place une exonération totale d’impôts sur les revenus pendant les trois premières années de réinstallation au Bénin ;
iii. Mettre en œuvre une politique d’incitation à la mobilisation de l’épargne de la diaspora ;
iv. Créer une base de données des compétences des Béninois de l’extérieur à destination des investisseurs étrangers, des entreprises locales et de l’administration ;
v. Coordonner et capitaliser sur l’expérience de la diaspora exerçant dans des secteurs clés pour offrir des opportunités à nos compatriotes au Bénin (partenariats dans les domaines comme l’enseignement, la santé, la médecine, l’agronomie).

Lionel ZINSOU