Afrique-Russie : Le président sénégalais rencontre Vladimir Poutine à Sotchi

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Au 100e jour de l’invasion russe en Ukraine, le président Vladimir Poutine reçoit à Sotchi son homologue sénégalais, Macky Sall, également président de l’Union africaine. Celui-ci entend oeuvrer pour acheminer sur le continent les stocks de céréales bloqués en Ukraine depuis le début du conflit russo-ukrainien. 

Le chef de l’Etat sénégalais Macky Sall, président en exercice de l’Union africaine (UA), se rendait jeudi en Russie. Ce vendredi, il doit s’entretenir avec son homologue russe Vladimir Poutine à Sotchi (sud), ont indiqué ses services. La visite a lieu à l’invitation de M. Poutine, ajoutent-ils. M. Sall sera accompagné du président de la Commission de l’Union africaine, le Tchadien Moussa Faki Mahamat.

Des tonnes de céréales bloqués en Ukraine 

L’UA espère ainsi « contribuer à l’accalmie dans la guerre en Ukraine, et à la libération des stocks de céréales et de fertilisants, dont le blocage affecte particulièrement les pays africains« .

Dans un message adressé mardi aux dirigeants des pays européens réunis à Bruxelles, le président sénégalais avait demandé de tout faire « pour libérer les stocks de céréales disponibles » en Ukraine mais bloqués en raison de l’offensive russe qui organise un blocus en mer Noire et interdit l’accès au port d’Odessa.

« Au nom de l’Union Africaine, je remercie les Dirigeants Européens qui m’ont associé à la réunion du Conseil européen pour échanger sur les solutions à la crise alimentaire engendrée par la guerre en Ukraine, qui impacte l’Afrique. L’UA poursuivra sa concertation avec l’UE », a déclaré Macky Sall sur sa page tweeter.

Avant la guerre, Russie et Ukraine assuraient à elles deux 30% des exportations mondiales de blé. L’Afrique, qui en est extrêmement dépendante, comptait en 2020 quelque 282 millions de personnes souffrant de sous-alimentation, selon l’ONU.

Un scénario « catastrophique »

Macky Sall avait évoqué « le scénario catastrophique de pénuries et de hausses généralisées des prix« . Il avait souligné que la crise actuelle suivait celle du Covid-19 et que celle-ci avait déjà aggravé la faim en Afrique. « Le pire est peut-être devant nous« , avait ajouté le chef d’État africain.

Le président sénégalais a également averti que la flambée des prix des engrais -principalement produits en Russie, en Ukraine et au Bélarus-pourrait provoquer un effondrement « de 20% à 50% » des rendements céréaliers en Afrique cette année.

Il avait rappelé que de nombreux pays du continent, dont le sien, sont fortement tributaires des importations de céréales de la région. Le président sénégalais s’était également inquiété des conséquences des sanctions européennes excluant des banques russes du système international Swift, plateforme de messagerie sécurisée permettant des opérations cruciales comme des ordres de transferts de fonds. L’UA veut peser dans la résolution de la guerre russo-ukrainienne

Le Sénégal, aux relations fortes avec les pays occidentaux, avait surpris le 2 mars en s’abstenant lors d’un vote de l’Assemblée générale de l’ONU en faveur d’une résolution qui exigeait « que la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l’Ukraine« . Le Sénégal avait en revanche voté le 24 mars une seconde résolution exigeant de la Russie un arrêt immédiat de la guerre. Près de la moitié des pays africains s’étaient abstenus ou n’avaient pas voté lors des deux votes. Sall avait expliqué lors d’une rencontre avec le chancelier allemand Olaf Scholz à Dakar fin mai que le conflit « affecte » les Africains, mais se déroule « sur un autre continent« . Il avait toutefois dit « condamner l’invasion« , plus explicitement que par le passé. « Dans le même esprit, l’Union africaine a accepté la demande du président Volodymyr Zelensky d’adresser un message à l’organisation par visioconférence dont la date et les modalités seront convenues d’un commun accord« , disent-ils.

Avec TV5 monde