Montée des eaux du fleuve Mono et inondation au Sud-Bénin : Le barrage de Nagbéto ne produit pas d’eau, il régule son passage

Actualités Economie & Tech

On entend dire que le barrage de Nagbeto, construit sur le fleuve Mono est la cause première des inondations saisonnières au Sud-Bénin, particulièrement dans les départements du Mono,Couffo et une partie de l’Atlantique. Au terme d’une visite effectuée sur le terrain ce………et au regard des explications apportées par le Directeur général de la Communauté électrique du Bénin (Ceb) et du ministre en charge de l’énergie, on comprend aisément que le barrage hydroélectrique de Nagbéto régule le passage de l’eau en gardant en amont le trop plein en période de crûe d’eau.

L’idée selon laquelle le barrage hydroélectrique de Nagbéto est la cause des inondations répétées dans les communes d’Athiémé, de Lokossa et environ est une mauvaise analyse. Cette idée, souvent véhiculée par les populations est une conception de profane au regard du rôle régulateur que joue le barrage électrique de Nagbeto depuis son inauguration en 1987 soit 35 ans déjà. En effet, l’exceptionnelle pluviométrie en cette année 2022 caractérisée par des pluies diluviennes avec pour conséquences la montée vertigineuse des eaux est l’origine des inondations qui surviennent saisonnièrement dans certaines zones du pays. C’est ce tentent d’expliquer le Directeur général de la Communauté électrique du Bénin (Ceb), monsieur KarimouChabiSika et le ministre béninois en charge de l’énergie, monsieur Dona Jean-Claude HOUSSOU.Ces derniers ont apporté de pertinentes clarifications sur le fonctionnement et le rôle du barrage de Nagbéto. On retient de leurs interventions qu’un barrage ne produit pas de l’eau. Il reçoitl’eau, régule son passageafin de protéger tout ce qui se trouve en aval à savoir la population, les maisons, les champs agricoles etc. et prévenir les inondations.De ce fait, le lâché d’eau au niveau du barrage hydroélectrique de Nagbétoen cette période de crûe d’eau ne peut être tenu responsable des inondations. Le barrage de Nagbétoqui fournit 60 MW d’énergie électrique au Bénin et au Togorégule le passage de l’eau du fleuve Mono.

Le barrage de Nagbétolimite et prévient les inondations

Le barrage hydroélectrique de Nagbéto joue un rôle protecteur en plus de fournir aux populations béninoises et togolaises de l’énergie électrique. Il ne causepas l’inondation mais prévient le phénomèneen période de crûes d’eau car les données régulièrement relevées au niveau de ce barrage permettent d’alerter les populations. « Malheureusement, les gens n’y croient pas et ne prennent pas les dispositions qu’ils doivent prendre et se retrouvent devant le fait accompli (…). C’est pour cela que je recommande à nos concitoyens de tenir compte des informations qui sont données par rapport aux lâchées, des endroits à évacuer à ces moments-là, il faut les évacuer parce que c’est quelque chose de temporaire », exhorteDona Jean-Claude HOUSSOU. Le barrage de Nagbétolaisse le trop plein d’eau afin d’éviter aux populations alentours, le danger d’inondation.En outre, le barragereçoit les eaux du fleuve Mono pour produire de l’électricité d’une part et d’autres parts, permetde réguler le débit de ce fleuve pour éviter l’ampleur des inondations, peut-on aussi comprendre des dires du ministre.« La quantité d’eau que le fleuve déverse vers le barrage et en fonction du niveau et du débit, on fait des actions de régulation pour deux objectifs. Premièrement, protéger le barrage parce que s’il cède, il ne va plus jouer son rôle de barrage compte tenu de la quantité considérable d’eau qui va arriver. Deuxièmement, si cette quantité d’eau qui arrive est tellement importante, le niveau de l’eau en amont du barrage va tellement augmenter que ce niveau va passer au-dessus du niveau de l’ouvrage » a-t-ilajouté.Le Directeur général de la CEB est allé dans le même sens. Il a tenu à apporter une importante clarification à ceux qui pensent que l’eau du fleuve Mono rentre dans la mer.Non, soutient-il, la mer ne reçoit aucune eau étrangère. Selon ses propos, l’eau du fleuve Mono, contrairement à ce qu’on pense, ne rentre pas dans la mer au niveau de l’embouchure située à Hilacondji, frontière Bénin-Togo.« L’eau de la mer ne se mélange pas aux autres. Nous essayons de stocker au tant qu’on peut l’eau du fleuve Mono. La Ceblaisse le trop plein d’eau ; elle ne produit pas de l’eau » clarifie le Dg/Ceb.

Roméo TOSSOU

——————————————————————————————————————————————————————————————

Dona Jean-Claude Houssou

« Si le barrage n’était pas là, les dégâts seront incontrôlables et dramatiques »

« Contrairement aux idées reçues qui se propagent, un barrage par définition barre le chemin à l’eau pour plusieurs types d’utilisation et c’est le cas notamment du barrage de Nagbéto. Ce barrage qui est sur le fleuve Mono reçoit les eaux du fleuve Mono pour produire de l’électricité d’une part et d’autres parts, permettre de réguler le débit de ce fleuve pour éviter l’ampleur des inondations donc pour jouer aussi son rôle de barrage d’eau. Alors, ce qu’il faut noter, c’est que nous avons un niveau amont et un niveau aval par rapport à ce barrage. Quand la quantité d’eau qui arrive, c’est le cas actuellement où il y a beaucoup de précipitation, le fleuve augmente, toutes ces quantités se déversent vers le barrage et le niveau en amont, juste avant le barrage augmente considérablement et si on ne fait rien, ce niveau va tellement augmenter et il va passer au-dessus du barrage et s’il passe au-dessus, le barrage ne pourra plus jouer son rôle. Toute l’eau qui arrive de l’amont va se déverser dans la vallée et causer des inondations sans commune mesure avec ce qu’on peut voir aujourd’hui. C’est pour cela on surveille tous les jours, toutes les secondes, la quantité d’eau que le fleuve déverse vers le barrage et en fonction du niveau et du débit, on fait des actions de régulation pour deux objectifs. Premièrement, protéger le barrage parce que s’il cède, il ne va plus jouer son rôle de barrage compte tenu de la quantité considérable d’eau qui va arriver. Deuxièmement, si cette quantité d’eau qui arrive est tellement importante, le niveau de l’eau en amont du barrage va tellement augmenter que ce niveau va passer au-dessus du niveau de l’ouvrage […]. On ne maîtrisera plus rien et la population et les champs vont en avoir pour leur compte malheureusement. C’est pour ça qu’il y a des opérations maîtrisées et régulées de lâcher d’eau. On ouvre des vannes pour laisser passer une certaine quantité d’eau pour les raisons que je viens d’expliquer et après on referme. Mais, ce qu’il faut noter c’est que ces opérations qu’on fait qui sont les résultats des chiffres et des mesures du débit d’eau qui arrive et du niveau d’eau en amont et en avale doivent permettre cette régulation et on prévient lespopulations par rapport à ces différentes lâchées d’eau. Malheureusement souvent, les gens n’y croient pas et ne prennent pas les dispositions qu’ils doivent prendre et se retrouvent devant le fait accompli… C’est pour cela que je recommande à nos concitoyens de tenir compte des informations qui sont données par rapport aux lâchées, des endroits à évacuer à ces moments-là, il faut les évacuer parce que c’est quelque chose de temporaire. Et si on ne respecte pas, au lieu d’être temporaire, ça pourrait être définitif.Je peux dire avec certitude qu’heureusement, il y a le barrage de Nagbeto particulièrement et comme tout barrage dans le monde entier, ça sert à barrer l’eau pour pouvoir réguler son passage. Cette régulation permet de protéger la population mais en fonction de la quantité qui arrive, si on ne fait rien, soit l’infrastructure, l’ouvrage est dégradé et perdu et donc ne pourra plus jouer le rôle de barrage ou soit le niveau d’eau est tellement important et ça passe au-dessus du barrage et pareil, on ne maîtrisera plus rien. Donc, encore une fois, heureusement qu’il y a ce barrage de Nagbetoqui est commun au Bénin et au Togo sur le fleuve Mono et qui permet de produire 60 MW pour les deux pays et qui est suivi tous les jours. Le point est fait. La quantité d’eau qui arrive aujourd’hui est de 593 m3 seconde. Je ne sais pas si vous vous rendez compte. Si vous multipliez par 60 pour avoir la valeur en une minute et sur une journée. C’est une quantité d’eau énorme qui arrive. Ce n’est pas le barrage qui produit de l’eau. Le barrage reçoit l’eau et le barrage permet de réguler cette eau pour protéger tout ce qui se trouve en aval, la population, les champs agricoles, etc ».