France : L’Assemblée nationale vote largement en faveur de l’accord de sécurité avec l’Ukraine

International

L’Assemblée nationale a apporté ce mardi soir un large soutien à l’accord de sécurité entre Paris et Kiev, malgré l’abstention du RN et l’opposition de LFI, qui dénoncent les discours « va-t-en guerre » d’Emmanuel

Les députés ont voté par 372 voix contre 99 en faveur de la stratégie française d’aide à l’Ukraine, avec l’aval de LR, du PS et des écologistes lors de ce scrutin non contraignant. Le président de la République Emmanuel Macron s’exprimera sur l’Ukraine jeudi dans le journal de 20 heures de TF1 et France 2, ont annoncé les deux chaînes quelques minutes après le vote.

« S’abstenir c’est fuir » et voter contre, c’est « tourner le dos à notre histoire » : Gabriel Attal a égratigné le Rassemblement national et les Insoumis à l’ouverture des débats. Mais le Premier ministre s’est surtout adressé directement aux Français, en insistant sur les risques « concrets » et « tangibles » d’une victoire russe pour leur vie quotidienne.

Deux ans après le déclenchement de la guerre, un succès de Vladimir Poutine serait un « cataclysme » pour le « pouvoir d’achat » : « les Français vivraient moins bien » avec « une inflation alimentaire puissance dix, une explosion des prix de l’énergie puissance dix », a-t-il argué. « Nous ne nous fixons pas de limite face à la Russie qui, elle, n’en fixe aucune », a ajouté le chef du gouvernement, après avoir rendu hommage « à la résistance exceptionnelle du peuple ukrainien », sous les applaudissements.

L’Ukraine, un thème clé des Européennes

À trois mois des élections européennes, alors que l’extrême droite caracole dans les sondages, l’aide à l’Ukraine est devenue un des thèmes clés de la campagne. Particulièrement depuis les propos controversés du président Macron qui n’a pas exclu l’envoi de troupes occidentales au sol et ne veut mettre « aucune limite » dans le soutien à Kiev.

Dans un hémicycle dégarni et moins agité qu’attendu, Marine Le Pen, tout en clamant son soutien à l’Ukraine, a accusé l’exécutif « d’instrumentaliser » la crise pour la « mettre au service d’un agenda électoraliste ». « Soit on est pro-Macron, soit on est accusé d’être pro-Poutine », a lancé la cheffe des députés RN, qui se sont abstenus.

La gauche a quant à elle étalé ses divisions. Insoumis et communistes ont voté contre. Chez LFI, Arnaud Le Gall a dénoncé un président Macron « va-t-en-guerre » et « boutefeu ». « La France n’a pas à s’enfermer dans un camp occidental, atlantiste », a-t-il grincé, en s’opposant à tout élargissement de l’Otan et de l’Union européenne à l’Ukraine. L’accord de sécurité scellé le 16 février entre Paris et Kiev ne « trace aucune ligne rouge, aucune perspective de paix et participe à l’escalade », a abondé le chef du parti communiste Fabien Roussel. La divergence est nette avec les socialistes, qui ont voté pour « aider l’Ukraine à tenir ». Le chef des députés PS, Boris Vallaud, a toutefois critiqué comme l’ensemble de l’opposition les « effets de manche (…) désinvoltes » du président Macron.