Monde : L’ambassadeur de Chine en France convoqué au Quai d’Orsay : on vous explique la polémique

International

Lu Shaye, ambassadeur de Chine a France, a remis en cause vendredi soir le « statut de pays souverain » de territoires de l’ex-URSS. Des propos qui ont suscité l’indignation et entraîné une vague de convocations d’ambassadeurs chinois dans plusieurs pays. Le Quai d’Orsay promet des « mises au point très fermes » lors d’un entretien avec Lu Shaye, ce lundi. On vous résume l’affaire.

Les propos de l’ambassadeur de Chine en France sur la Crimée et les états de l’ex-URSS n’en finissent pas de faire réagir. Vendredi 21 avril au soir, Lu Shaye était l’invité de Darius Rochebin sur l’antenne de LCI. Lors de l’interview, il a mis en cause  le statut de pays souverain  des territoires de l’ex-URSS. Les réactions ne cessent de pleuvoir et de nombreux états convoquent leur ambassadeur chinois. On vous résume la polémique.

Les propos de l’ambassadeur de Chine en France sur la Crimée et les états de l’ex-URSS n’en finissent pas de faire réagir. Vendredi 21 avril au soir, Lu Shaye était l’invité de Darius Rochebin sur l’antenne de LCI. Lors de l’interview, il a mis en cause  le statut de pays souverain  des territoires de l’ex-URSS. Les réactions ne cessent de pleuvoir et de nombreux états convoquent leur ambassadeur chinois. On vous résume la polémique.

« La Crimée était tout au début »

Interrogé vendredi soir sur la chaîne française LCI, l’ambassadeur chinois en France, Lu Shaye, avait indiqué au sujet de la Crimée, occupée par Moscou depuis 2014 :  Ça dépend de comment on perçoit ce problème. Il y a l’Histoire. La Crimée était tout au début à la Russie. C’est Khrouchtchev qui a offert la Crimée à l’Ukraine dans l’époque de l’Union soviétique.

Il avait poursuivi son argumentaire, estimant que les pays de l’ex-URSS  n’ont pas le statut effectif dans le droit international parce qu’il n’y a pas d’accord international pour concrétiser leur statut de pays souverain .

Le diplomate chinois avait également appelé à arrêter de  chicaner  sur la question des frontières post-soviétiques.  Maintenant, le plus urgent est d’arrêter, de réaliser le cessez-le-feu  entre Russie et Ukraine, a-t-il estimé.

Un contexte brûlant

Les déclarations de Lu Shaye mettent dans l’embarras la diplomatie française, deux semaines à peine après qu’Emmanuel Macron a rendu visite à son homologue chinois Xi Jinping pour l’inciter à « ramener la Russie à la raison » vis-à-vis de l’Ukraine et le presser de ne pas livrer d’armes à Moscou.

Si Pékin se dit officiellement neutre, Xi Jinping n’a jamais condamné l’invasion russe ni même parlé au téléphone, jusqu’ici, avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky. À l’inverse, il s’est rendu il y a peu à Moscou pour y réaffirmer son partenariat avec le président russe Vladimir Poutine, aux allures de front anti-occidental.

Emmanuel Macron et Xi Jinping avaient ensuite publié une déclaration commune dans laquelle ils s’engageaient à  soutenir tout effort en faveur du retour de la paix en Ukraine .

Le président français avait surtout suscité une vague d’incompréhension en déclarant que l’Europe ne devrait pas automatiquement s’aligner sur les États-Unis ou sur Pékin en cas de conflit à propos de Taïwan, quand Washington est le principal soutien militaire de Kiev, loin devant l’Union européenne.

Pluie de réactions

Les réactions se sont enchaînées, à la suite de cette interview. La France, s’est dite « consternée » samedi soir.  Nous avons pris connaissance avec consternation des propos de l’Ambassadeur de Chine en France concernant les frontières des pays devenus indépendants à la chute de l’Union soviétique en 1991. Il revient à la Chine de dire si ces propos reflètent sa position, ce que nous espérons ne pas être le cas , a dit une porte-parole du Quai d’Orsay.

Les pays baltes, directement visés, n’ont que peu goûté à ces propos. Les déclarations de Lu Shaye sont  fausses  et sont  un contresens historique , a déclaré sur Twitter le ministre estonien des Affaires étrangères, Margus Tsahkna.  Les pays baltes sont souverains au regard du droit international depuis 1918 mais ont été occupés pendant 50 ans , a-t-il ajouté.

Dimanche, Kiev a réagi.  Il est étrange d’entendre une version absurde sur l’histoire de la Crimée de la part d’un représentant d’un pays scrupuleux au sujet de son histoire millénaire , a lâché sur Twitter Mykhaïlo Podoliak, conseiller à la présidence ukrainienne.  Tous les pays de l’ex-URSS ont un statut souverain clair inscrit dans le droit international , a-t-il poursuivi, avant d’ironiser : « Si vous voulez être un acteur politique majeur, ne répétez pas comme un perroquet la propagande des Russes. »

Le ministre des Affaires étrangères letton, Edgars Rinkevics, a dénoncé des remarques  complètement inacceptables . Son homologue estonien Margus Tsahkna les a qualifiées de  fausses , relevant d’une « interprétation erronée de l’Histoire ».  Selon le droit international, les États baltes sont souverains depuis 1918, mais ils ont été occupés pendant 50 ans  par l’URSS, a-t-il poursuivi.

L’Union européenne ne peut que supposer que ces déclarations ne représentent pas la position officielle de la Chine , a fustigé le chef de sa diplomatie Josep Borrell, critiquant lui aussi des propos  inacceptables ».

Avalanche de convocations

Comme révélé par Le Monde, Lu Shaye sera reçu ce lundi au Quai d’Orsay, par Luis Vassy, le directeur de cabinet de Catherine Colonna, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères. « Cet entretien était prévu » avant les déclarations de l’ambassadeur vendredi, selon le ministère qui y voit l’occasion « de mises au point très fermes » pour « faire passer les bons messages ».

La France n’est pas la seule à convoquer son ambassadeur : La Lituanie, la Lettonie et l’Estonie vont convoquer ce lundi 24 avril les ambassadeurs chinois dans leurs capitales respectives. « Les trois États baltes vont convoquer dans la journée » les émissaires chinois « pour demander une clarification, savoir si la position de la Chine a changé concernant l’indépendance, et leur rappeler que nous ne sommes pas des pays post-soviétiques mais des pays ayant été illégalement occupés par l’Union soviétique », a déclaré le chef de la diplomatie lituanienne, Gabrielius Landsbergis, en marge d’une réunion des ministres européens des Affaires étrangères.

La Chine tente de calmer le jeu

Pékin a finalement réagi ce lundi matin, en tentant de calmer le jeu. « La Chine respecte la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de tous les pays et soutient les objectifs et les principes de la Charte des Nations unies », a encore assuré lundi la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Mao Ning.

« Après l’effondrement de l’Union soviétique, la Chine a été l’un des premiers pays à établir des relations diplomatiques avec les pays concernés », a-t-elle précisé. « Depuis l’établissement des relations diplomatiques, la Chine a toujours adhéré au principe du respect mutuel et de l’égalité pour développer des relations bilatérales d’amitié et de coopération », a ajouté la porte-parole.

Avec Ouest France