Chronique de madame Christhelle Houndonougbo Alioza : La présence, ce pouvoir qui rallume les flammes de l’espoir

Chronique

« La présence, pour être juste, doit être consciente, mesurée, respectueuse, équilibrée. Elle exige que l’on sache quand s’approcher…, quand s’éloigner… et quand s’effacer », écrit madame CHA. »La présence, ce pouvoir qui rallume les flammes de l’espoir ». C’est le thème de la Chronique hebdomadaire de madame Christhelle Houndonougbo Alioza 

 

« Ne vis pas pour que ta présence se remarque, mais pour que ton absence se ressente. » — Bob Marley

Chers ami.e.s,

Un ami, fragilisé par une maladie qui ne se voit pas mais qui ronge lentement, m’a un jour dit « Rien que par ta présence, je trouve du réconfort. » Cette phrase, si douce et si lourde à la fois, m’a suivie comme une ombre lumineuse. Elle m’a rappelé quelque chose que nous oublions trop souvent : la présence humaine est un remède. Ce n’est pas un signe d’attention, c’est une forme de soin. C’est une thérapie silencieuse, mais d’une puissance insoupçonnée. Les médecins observent qu’un prématuré posé contre la poitrine de sa mère voit son cœur se stabiliser et son souffle s’apaiser. Les oncologues constatent qu’un patient entouré d’un proche réagit mieux aux traitements. Les enseignants racontent qu’un élève qui voit un parent dans les gradins se transforme, reprend confiance, ose. Rien qu’en étant là, quelqu’un change le destin de quelqu’un d’autre. Ce n’est pas de la magie. C’est la présence.

Dans nos vies, nous avons tous reçu ce type de guérison silencieuse: un ami venu sans parler, une mère assise au bord du lit sans poser de question, un mentor marchant à nos côtés vers un entretien important. Marie, mère célibataire, m’a confié qu’elle s’écroulait souvent après des journées trop lourdes, mais que la simple présence d’une amie assise près d’elle lui redonnait la force de se relever. Salim, jeune diplômé en plein doute, m’a dit qu’il avait retrouvé son estime de lui le jour où quelqu’un l’avait accompagné physiquement à un entretien. Parfois, on n’a pas besoin de conseils, on a besoin d’un être.

Martin Buber disait que « l’homme devient humain dans la relation ». Emerson affirmait que « la présence consciente fait fleurir les êtres ». Et Maya Angelou nous prévenait que les gens oublieront les mots et les actes, mais jamais ce qu’ils ont ressenti en notre présence. Toutes ces voix, venues de continents différents, disent la même vérité : la présence est un acte de vie.

Et pourtant, même lorsqu’elle guérit, la présence porte en elle des défis subtils. Elle demande du courage émotionnel, car être présent signifie parfois absorber les larmes de l’autre, soutenir un poids que personne ne voit, offrir une écoute qui fatigue davantage qu’un long discours. Elle peut exposer nos propres fragilités lorsqu’elle nous met face aux douleurs des autres. Elle peut être mal interprétée, perçue comme une intrusion, une maladresse, une prise de position lorsqu’elle n’est pas accompagnée de délicatesse. Il arrive que l’on soit présent au mauvais moment, ou présent pour un indésirable, pour quelqu’un qui n’est pas prêt à recevoir cette présence. Et il arrive aussi que l’on offre tant aux autres que l’on finit par s’oublier soi-même. La présence, pour être juste, doit être consciente, mesurée, respectueuse, équilibrée. Elle exige que l’on sache quand s’approcher…, quand s’éloigner… et quand s’effacer.

Dans la vie publique, la présence est tout aussi complexe. Mandela, enfermé derrière les murs de Robben Island, restait pourtant présent dans la conscience de son peuple : non par ses discours, mais par sa constance d’âme. Sankara parcourait son pays comme un frère parmi les siens, convaincu qu’un peuple ne suit pas une voix lointaine : il suit un pas proche. Mais même ces figures lumineuses savaient qu’il existe une présence juste et une présence excessive. Le leader trop présent étouffe ; le leader absent abandonne. Le véritable leadership se situe dans cet équilibre subtil où la proximité n’annule pas la responsabilité, où la présence n’efface pas l’action, où la disponibilité n’empêche pas la vision.

Être présent ne signifie pas parler, mais écouter. Ne signifie pas conseiller, mais partager. Ne signifie pas se montrer, mais accompagner. Être présent, c’est offrir à l’autre la permission d’exister pleinement, sans jugement, sans performance. C’est dire avec son silence : « Je suis là, tu n’es pas seul. » Mais c’est aussi savoir dire à soi-même « Je me préserve pour mieux être là demain. »

Alors, en entrant dans cette nouvelle semaine, je vous invite à renouer avec ce pouvoir simple mais immense. Soyez présents pour un proche sans attendre une occasion particulière. Soyez présents pour un collègue qui vacille derrière un sourire. Soyez présents pour un enfant qui n’ose pas dire qu’il a peur. Soyez présents pour un ami qui ne dit rien mais qui espère tout. Soyez présents pour votre communauté, pour vos responsabilités, pour vos engagements, pour vos promesses. Soyez présents pour vous-même aussi car, on ne peut offrir ce que l’on ne possède plus.

Le monde a assez de bruit, il manque de présence. Assez de discours, il manque de chaleur. Assez de connexion, il manque de cœur. Et parfois, oui, il suffit juste d’être là , vraiment là , pour rallumer une flamme d’espoir, sauver une âme ou réveiller un autre cœur. Excellente semaine à tous. Qu’elle soit une semaine de lumière et de présence vraie.

CHA
Femme Noire, Femme de Pouvoir.