La police poursuit les arrestations en violation de la constitution et deux arrêtés ministériels

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La police sème la terreur dans l’Eglise protestante méthodiste. La crise au sein de cette église de Dieu a ouvert la voie aux forces de sécurité qui font usage de gaz lacrymogène pour contraindre les fidèles à quitter les temples, ceux de Béthanie et de Kowegbo. Hier dimanche, des fidèles venus pour célébrer se sont retrouvés à la police puisque arrêtés. Le chef de l’Etat Patrice Talon est invité à instruire son ministre de l’intérieur Sacca Lafia et le Dgpn Atsou à mettre fin aux agissements de la police qui constituent des violations non seulement à la constitution mais à deux arrêtés ministériels.

Les responsables de l’Église protestante méthodiste du Bénin Conférence (Epmbc) sont montés au créneau le 17 mai 2016 pour fustiger l’exécution d’une décision de justice les concernant. Ils ont aussi appelé le chef de l’Etat au secours au cours d’une conférence de presse.

Le 13 mai, en effet, les forces de l’ordre accompagnées d’un huissier de justice ont fait irruption dans les locaux de la paroisse Béthanie à Akpakpa pour faire dégager les fidèles. Elles ont brandi comme justificatif une décision de justice rendue dans le conflit qui oppose les deux branches de l’Eglise protestante méthodiste du Bénin.

Dimanche noire aux paroisses de l’église de Béthanie à Akpakpa et de Kowégbo

Hier dimanche, les forces de l’ordre sont revenues à la charge. Cette fois-ci, elles ont procédé à des arrestations. Au total, les forces de sécurité ont arrêté trois personnes informe des témoins qui citent parmi les femmes arrêtées la présidente de l’Union des femmes Méthodistes Conférence de Béthanie, Elisabeth Fagbohoun. Il s’agit donc des fidèles de la paroisse de l’église de Béthanie à Akpakpa et de Kowégbo qui ont commis le péché mignon de s’être rendues au culte du dimanche pour servir leur Dieu.
L’intervention de ce dimanche à la paroisse Béthanie à Akpakpa a terrorisé les fidèles. Selon un témoin, les éléments de la police auraient fait irruption sur les lieux et une fois entrés au sein de la paroisse, ils auraient fait sortir des fidèles qui ne portaient pas de macaron, signe certainement distinctif des fidèles des deux camps.
Pis, trois fidèles ont été arrêtés. Selon les dernières informations, ils auraient été libérés. Mais les fidèles de l’église de Béthanie à Akpakpa et de Kowégbo ont encore la hantise de cette terreur de la police qui non seulement fait irruption sur les lieux de culte mais aussi l’usage de gaz lacrymogène, chose pourtant interdite par la constitution en son article 23 qui garantit la liberté de culte ainsi que deux arrêtés ministériels (1089/ MDN /DC/ SP – C du 21 décembre 2000 du ministère de la défense (signé par Pierre Osho) et 058/ MISAT /DC/ CTSPC /SP-C du 22 décembre 2000 signé par le ministre de l’intérieur en son temps Daniel Tawéma. Deux arrêtés qui n’ont pourtant pas été abrogés. En son temps, ces arrêtés ont été attaqués devant la Cour constitutionnelle par Paulin Hountondji. Par décision DCC 02-080 du 24 juillet 2002, la Cour a déclaré irrecevable la requête du Professeur Hountondji et Oshoumaré.

Il a été pourtant interdit à la police toute intervention dans els temples et lieux de culte

Pourquoi alors ce regain alors que les fidèles de ces paroisses étaient dans la paix depuis une dizaine d’années ? Certains observateurs interpellent le ministre de l’intérieur Sacca Lafia et le Dgpn Atsou. Ils devaient s’inspirer des actes des prédécesseurs qui interdisent aux forces de l’ordre (police et militaire) de se rendre dans les temples pour une quelconque action. Sacca Lafia et le Dgpn Atsou devront aussi s’inspirer de la décision de la Cour et de l’article 23 de la constitution qui stipule : « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience, de religion, de culte, d’opinion et d’expression dans le respect de l’ordre public établi par la loi et les règlements. L’exercice du culte et l’expression des croyances s’effectuent dans le respect de la laïcité de l’Etat. Les institutions, les communautés religieuses ou philosophiques ont le droit de se développer sans entraves. Elles ne sont pas soumises à la tutelle de l’Etat. Elles règlent et administrent leurs affaires d’une manière autonome ». Et pourtant, la constitution est claire.
Les responsables de l’Église protestante méthodiste du Bénin Conférence (Epmbc) ont récemment dénoncé les agissements de la police qui a mis dehors les effets du pasteur le 13 mai dernier. Selon Sourou Noël Akowakou, porte-parole du pasteur dont les effets ont été mis dehors, la décision de justice en question est déjà caduque. Les deux protagonistes qu’elle concerne ne sont plus en activité dans l’Epmbc, a-t-il expliqué. L’un serait même décédé tandis que l’autre n’est plus président de l’Eglise alors que c’est à ce titre qu’il avait été condamné.
L’intervention du président de la République Patrice Talon est toujours sollicitée. Il est le seul qui pourra désormais régler la crise des deux ailes de l’Eglise protestante méthodiste du Bénin. Les chrétiens de cette église en appellent à sa médiation afin que la police cesse de semer la terreur au sein de cette église.