RDC : La justice affirme avoir arrêté un suspect du meurtre de l’opposant Chérubin Okende

Afrique

Après le meurtre de l’opposant congolais Chérubin Okende Senga à Kinshasa, un premier suspect est entre les mains de la justice, a annoncé jeudi 13 juillet le procureur général près la Cour de cassation. Il a été appréhendé jeudi sur le lieu où a été découvert le véhicule dans lequel se trouvait le corps sans vie du député. Les autorités poursuivent l’enquête judiciaire ouverte.

Selon Firmin Mvonde Mambu, une piste devrait permettre d’éclairer ce crime, assurant qu’« un monsieur proche du défunt qui est venu ici » et « est entre nos mains », a affirmé le procureur général près la Cour de Cassation auprès de notre correspondant à Kinshasa, Kamanda wa Kamanda Muzembe. Grace à la police scientifique et aux services de communication qui sont mis à contribution, la vérité sera découverte, a rassuré le magistrat qui a mis en garde les réseaux sociaux contre la manipulation.

Selon les sources judiciaires corroborées par plusieurs témoignages, lorsque le corps de Chérubin Okende a été découvert dans la matinée de jeudi, le moteur de sa Jeep était en marche devant un garage. La climatisation fonctionnait encore, la ceinture de sécurité était attachée et sa chemise blanche était maculée de sang.

Le véhicule se serait trouvé devant le garage autour de 3h du matin et n’a été évacué par la police que vers 10h du matin.

Selon la police, une arme de 9mm se trouvait à côté du corps avec des impacts de balles. Cette arme serait celle du policier qui accompagnait et protégeait mercredi le porte-parole d’Ensemble pour la République.

Vu pour la dernière fois devant la Cour constitutionnelle

À bord du véhicule, Cherubin Okende s’était rendu la veille à la Cour constitutionnelle pour solliciter le report de son audition sur sa déclaration de patrimoine en tant qu’ancien ministre.  Il ne s’est pas rendu lui-même dans les lieux, mais il a dépêché son garde du corps, un commissaire de police, pour déposer sa correspondance.

De retour le policier n’a plus vu ni son patron, ni son véhicule. Son corps n’a été retrouvé qu’au lendemain, jeudi, à bord de sa jeep sur une route très fréquentée de Kinshasa. L’agent des forces de l’ordre est entendu par la justice et est retenu pour les raisons de l’enquête.

Dieudonné Bolengetenge, le secrétaire général du parti Ensemble pour la République, était parmi des députés de l’opposition et les collègues de Cherubin Okende qui se sont déplacés jeudi 13 juillet soir à la morgue de l’hôpital. Il a également recueilli le témoignage du garde du corps officier de policier :

c son garde qui était avec lui dans la voiture, à qui il a dit « dépose le courrier et ramène l’accusé de réception et nous partons ». J’ai parlé avec le garde et il a dit « Je suis sorti, j’ai relevé le siège, j’ai placé l’arme sous la banquette, je suis allé prendre l’accusé de réception et dix minutes après quand je reviens l’honorable n’était plus là, ni sa voiture ». Voilà les faits, c’est devant la cour qu’il a été enlevé. Ça veut dire que si devant la cour constitutionnelle il y a l’insécurité, où est-ce que vous allez vous sentir en sécurité dans ce pays ? À quel endroit ? Nous sommes devant une situation où nous pouvons dire au gouvernement ou vous savez de quoi il est question, donc c’est vous le commanditaire, le responsable ou vous ne savez rien, vous n’êtes pas à votre place, vous êtes dangereux pour nous. »

« Nous avons l’impression que sa parole gênait », affirme un collègue

Tout de noir vêtus, ses collègues se sont rendus à l’hôpital. Le corps de Chérubin Okende avec des impacts de balle a été gardé dans un tiroir fermé à clé devant ses proches inconsolables, rapporte notre correspondant à Kinshasa, Pascal Mulegwa.

« Nous connaissons son opinion qui est ferme face au pouvoir actuel après avoir quitté le gouvernement par conviction et nous avons l’impression que sa parole gênait les uns et les autres, se révolte le député François Nzekuye. Assassiner un député, c’est assassiner la démocratie. Que le peuple congolais se rende compte aujourd’hui que nous sommes en face d’une dictature, on commence à museler la parole de ceux que vous avez élus pour parler à votre nom. »

RFI