Rapatriement des attributs du lieutenant Marcellin da Silva au Bénin : La France rend hommage à un soldat d’exception, mort au champ d’honneur, au mépris du danger.

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(« Cette dette de sang doit être reconnue par toutes les générations, tant que le monde demeurera monde ; c’est ineffaçable »,  dixit Karim da Silva)

Grièvement blessé au front, le 12 septembre 1918, et décédé un (1) mois plus tard, soit le 12 octobre 1912, les attributs du lieutenant Marcellin da Silva, oncle du patriarche Karim da Silva, grand frère de son papa et aîné de la famille da Silva, ont été remis officiellement à sa famille le vendredi 18 décembre 2020. Voir image; remise officielle des attributs du lieutenant Marcellin da Silva à Karim da Silva par l’Ambassadeur de France près le Bénin.

C’est son Excellence Monsieur Marc VIZY, Ambassadeur de la République Française près le Bénin, qui a procédé à la remise officielle desdits attributs au cours d’une cérémonie pleine d’émotion.

Obtenus de la France, les attributs du lieutenant Marcellin da Silva sont majestueusement exposés dans une salle aménagée pour la circonstance, au musée da Silva de Porto-Novo.

La République Française, à travers son ambassadeur, a rendu un vibrant hommage à un soldat d’exception, un soldat courageux, audacieux, qui a méprisé le danger pour défendre sa patrie, pendant la guerre de 1914 à 1918.

Ses hauts faits d’arme qui témoignent de l’esprit d’abnégation et de sacrifice dont a fait montre le lieutenant Marcellin da Silva, lui ont valu trois(3) citations militaires qui sont l’expression d’un bel exemple à suivre, pour tout militaire, comme l’a fait si bien remarquer le général Robert GBIAN, deuxième vice-président de l’Assemblée Nationale.

A entendre le Président du Comité des Sages de la Ville de Porto-Novo, neveu de l’illustre disparu, la remise des attributs de son oncle est une marque de distinction pour la famille da Silva.

Très ému par cet hommage de la France pour la mémoire de son  oncle en particulier et envers la famille da Silva, le patriarche affirme qu’il suffit d’un petit geste, d’une petite amabilité, d’une petite délicatesse, pour  faire disparaitre des années de confusion ou de ressentiments.

Faisant  une incursion dans  l’histoire de son enfance, Karim da SILVA a rappelé quelques  étapes  cruciales de son existence.

Au cours de son jeune âge a-t-il rappelé, tous les 13 juillet, le soir, à la veille de la fête nationale française du 14 juillet, un ou deux gardes-cercle venait allumer dans l’arrière-cour de sa grand-mère, une flamme qui brûlait, très lentement, jusqu’au petit matin.

C’est plus tard, poursuivit-il, il devait comprendre que ce rituel était à la mémoire de son oncle Marcellin da Silva, mort pour la France, que le rituel de la flamme.

Plus tard,  quand il découvrit le monument aux morts, érigé à la place publique du jardin des gouverneurs avec la mention « Aux enfants du Dahomey morts pour le France pendant la guerre de 1914 à 1918 », nous dit le Sage, son esprit était hanté par ce monument. Et chaque fois qu’il passait devant, il était saisi d’une une crainte mystérieuse et révérencieuse,  du genre de celle qu’on éprouve dans un cimetière.

Pour lui, a-t-il ajouté, c’était comme si ce monument était dressé devant le cimetière de tous les morts, dont sa maman. Il allait donc se recueillir, pour réfléchir et s’adresser au grand-frère de son père qu’il invoquait pour l’aider à régler certains problèmes familiaux. « Je repartais souvent satisfait de m’être confié, et de pouvoir espérer une issue qui, la plupart du temps se faisait favorablement » a déclaré le Sage.

Pour Karim da Silva, ce monument historique par lequel la France reconnaît sa responsabilité, dans la mort et la disparition de nombreux et vaillants aînés, morts pour elle, a été à tort, et contre l’histoire, modifié par les autorités béninoises.

En effet, désormais il est écrit, modifiant les inscriptions initiales : « Aux enfants du Bénin morts pour la liberté ».

Mais, quelle liberté se demande-t-il ?

Selon lui, on peut ériger plusieurs monuments historiques, mais on ne peut pas en modifier, en ajoutant ou en soustrayant une virgule.

Son regret, c’est les enfants d’aujourd’hui qui ne savent pas ce qui y était mentionné. « Ils ne savent pas que ce monument a été érigé par la France, en reconnaissance des milliers d’enfants du Bénin morts pour elle.» déplore le patriarche.

Selon lui, cette dette de sang doit être reconnue par toutes les générations tant que le monde demeurera monde. « C’est ineffaçable » a-t-il martelé. »

Dans l’espoir de voir les choses revenir à la normale, le Sage exhorta les  autorités béninoises à faire diligence pour que ce monument soit restauré et rétabli, comme il se doit.

Quand est-ce que l’indépendance va finir et que le blanc va revenir ? Telle est la question qui a été posée au patriarche lors d’une de ses sorties, par un paysan excédé par les incohérences et inconséquences de la vie nationale depuis l’indépendance.

Très surpris par cette question, le patriarche lui répondit : «lorsqu’on est indépendant, on l’est pour toujours », avant d’interroger son intervieweur, sur le bien fondé de sa question.

Et ce dernier de rétorquer, qu’il en a marre de l’indépendance avant de questionner à nouveau le sage pour savoir quand est-ce que le blanc va revenir ?

A l’entendre, pendant que le blanc était là, tout le monde connaissait la vraie justice.

Les condamnés, malgré les peines à eux infligées, reconnaissaient au fond d’eux-mêmes leurs torts. On ne condamnait pas les gens pour des raisons ethniques ou politiques tel que cela se passe depuis l’indépendance, regrette-t-il.

En réponse aux  préoccupations de ce dernier, le sage le rassura que depuis l’avènement du régime de Talon, les choses ont considérablement changé.

Aujourd’hui au Bénin certifie-t-il, on ne condamne plus pour des raisons ethniques, ni pour l’appartenance à un parti quelconque.

C’est pourtant un Talon s’exclame le nonagénaire avant d’affirmer qu’il ne pouvait en être autrement, puisque le Présidant Talon à un peu de tout ça en lui.

Avant la fin de la cérémonie, l’ambassadeur de France près le Bénin, et sa suite ont visité au sein du musée da SILVA, la salle réservée à l’exposition  des attributs de l’illustre disparu, salle dans laquelle de figurent différents portraits du Lieutenant Marcellin da SILVA, témoignant de son sang-froid, de sa bravoure et de son  mépris du danger.

 

Fréjus MASSIHOUNTON

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