Bénin : La forêt de Drabo, un joyau à préserver, selon le bio-géographe Koutchika

Société

Dans la commune d’Abomey-Calavi à Drabo (arrondissement de Togba) se trouve une forêt. Soucieux et conscients de ce que cette forêt peut apporter à cette localité en matière de développement, quelques têtes pensantes de ladite localité se sont réunies et ont organisé une causerie en ligne pour échanger sur le sujet. Ils ont pour la circonstance invité un universitaire et un expert qui s’y connait dans le domaine qui fait objet de débat. C’était le lundi 29 mai 2023 sur le forum WhatsApp  DRABO Développement 2020-2030 qu’ils ont créé pour échanger sur des questions de développement en rapport avec Drabo.

Impacts d’une forêt dans le développement d’une communauté : cas Drabo dans la commune d’Abomey-Calavi. C’est le thème sur lequel a porté cette causerie. Modérée par le Docteur Wenceslas Mahoussi, elle a connu la participation active des habitants de Drabo membres du forum Drabo développement 20-30 avec pour invité Dr Romaric Ehinnou Koutchika, biogéographe et enseignant à l’Université d’Abomey-Calavi.

D’entrée de jeu, l’invité a d’abord clarifié  les types de forêts qui existent avant de donner la typologie de la forêt de Drabo. Selon ses explications, la forêt de Drabo pourrait être qualifiée de forêt communautaire pour la simple raison qu’elle est au cœur d’une communauté.

Abordant ensuite les avantages de cette forêt pour les habitants de Drabo, le biogéographe a fait savoir qu’elle est un joyau pour cette localité. Et pour cause, elle joue selon l’expert, un très grand rôle dans cette localité.  » Quand vous allez vous approcher de cette forêt, vous allez constater une fraîcheur, c’est-à-dire de l’humidité comparativement si vous étiez à 200m de cette forêt, il y aura un changement. Donc cette forêt joue un rôle central contre les changements climatiques en absorbant les gaz à effet de serre et en renforçant la résilience des paysages végétaux, des fruits et maintient le milieu tel que ça devrait être à travers le CO2, le dioxygène qui est dégagé à travers cette forêt. Cette forêt contribue à l’épuration de l’air. Elle peut extraire de 40 à 60 tonnes par hectare de poussières par an avec une efficacité variable selon les essences. Elle a aussi une fonction chlorophyllienne. Elle participe à la conservation de la biodiversité »,  a-t-il expliqué.

A la question de savoir comment cette forêt peut contribuer au développement de la localité de Drabo, l’universitaire a mis en avant le tourisme, l’alimentation et la guérison de certaines maladies.  » Oui telle que la forêt de Drabo se trouve là, il y a des espèces que les gens n’ont jamais vu par exemple et l’espèce se trouve dans cette forêt. Les gens peuvent se déplacer, aller voir l’espèce et prendre sa photo. Il y a ce qu’on appelle écrémage, en matière de forêt, on peut venir prélever les espèces. Si ces espèces doivent servir à l’alimentation ou bien à la guérison de certaines maladies, on peut les prélever et donc ça peut servir à la communauté ». Les singes à ventre rouge appelés zinkaka, espèces menacées de disparition sur la liste de l’UICN sont aussi une attraction touristique et sont dans cette forêt.

Sidérés par les explications de l’invité, les participants n’ont pas manqué de lui exprimer leur gratitude et poser d’autres questions. En réponse aux questions des uns et des autres, Dr Koutchika les a  rassuré de ce que cette forêt ne pourrait avoir d’impacts négatifs d’envergure sur eux. S’il devrait avoir d’impacts négatifs, ce serait vraiment minimes et donc non considérables. Il a même donné comme exemple les forêts de Washington et de l’Allemagne qui sont en plein cœur et qui font beaucoup de biens aux villes qui les abritent.  Toutefois il a  suggéré qu’une étude d’impact  soit faite pour amoindrir les peines des riverains s’il y en avait. Il a aussi et pour finir recommandé aux habitants de Drabo de mettre sur pied un comité de veille pour qu’aucune superficie de la forêt ne soit érodée.  C’est alors que les participants ont souligné le fait que la forêt est gérée par l’IITA. Ainsi dans cet ordre d’idée, il a suggéré à ce qu’ils discutent avec l’IITA afin qu’il mette en place un comité local vu que les agents de l’IITA ne seront pas là tous les jours et que les habitants de la localité se connaissent déjà. Ainsi dans ce comité il y aura un membre de chaque famille comme c’est le cas au niveau des forêts sacrées. Cela faisant, la population va s’approprier la forêt et ce n’est que comme ça qu’elle va prendre soin de ça et la promouvoir. Il s’agit du plan de gestion environnementale et sociale  auquel il faudra penser le plus tôt possible.

L’invité a aussi souhaité à ce qu’un plan d’aménagement soit conçu afin de voir dans quelle mesure aménager la forêt si possible la clôturer pour qu’elle ne soit pas sources de problème pour les riverains. Mieux, ceci permettra de limiter les désagréments que peuvent causer les moustiques, les reptiles, les serpents les cafards et autres qui sortent de la forêt aux riverains.

Fiacre  AWADJI (Coll )