Cybercriminalité : La cohabitation, Hermann Dimitri Adankpo décrit le cheminement du phénomène au Bénin

Economie & Tech

Une partie de l’opinion, sous le prétexte de la barrière linguistique, pourrait estimer que la cohabitation entre les ressortissants du grand voisin de l’est, et les Béninois originaires de Porto-Novo et banlieue, n’est pas possible. C’est une apparente conception de la réalité des choses. L’environnement socio-culturel qui a enfanté le Porto-Novien, devant le portail du sud Nigéria, autorise sans risque de se tromper, que l’anglais et le yoruba ne lui sont pas étrangers. Il en est presque de même pour les ressortissants du pays dont il est question. Ces derniers séjournent au Bénin depuis des lustres, et leur langue d’intégration, en plus du yoruba et de l’anglais qui ne leur étaient pas sorciers que ça au départ, est inévitablement le français. Quand on partage le même espace de travail, le même outil de travail, en visant le même objectif, surtout qu’il s’agit de gagner facilement de l’argent, la cohabitation, quoique difficile à priori, devient aisée. Il y a mieux pour attester que ça va de soi. On ne retire l’argent de « gayi » qu’auprès des opérateurs de transfert d’argent. Le retrait est frauduleux, donc, précédé de négociations ardues avec l’agent au guichet de Western Union ou Money Gram. L’outil principal ici, c’est la langue. Le français, l’anglais, le yoruba ou le mélange des trois. Les premiers contacts sont favorisés par les jeunes béninois arrivés presque accidentellement dans le métier. Mon dessein n’est pas de justifier la mauvaise foi des nôtres. Je ne fais que décrire le cheminement du phénomène, et la construction de l’activité, à travers le temps.

Pour boucler la boucle, il faut dire qu’il n’y a pas de cybercriminalité florissante, dans les années 2000, sans intimité avec le tenant du cyber café, qui sert de courroie d’échanges entre une organisation de l’État, suivez mon regard, et les premiers arnaqueurs, en cas de « gbangban ». L’outil premier qui sert à huiler tout cela, c’est encore la langue. La barrière linguistique, il faut y croire, pour cette activité, n’a pas de prépondérance. Lorsque je parle d’intimité et non de complicité, j’espère que tout le monde comprendra aisément que c’est pour tenir compte de la délicatesse que requiert le sujet. Sinon……

Hermann Dimitri ADANKPO

A demain