La Cédéao a annoncé son intention d’imposer des sanctions ciblées aux individus ou groupes entravant le processus de transition démocratique en Guinée-Bissau, alors que la région fait face à une recrudescence des coups d’État.
La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) s’est engagée à infliger des sanctions ciblées à toute personne ou groupe tentant d’entraver le rétablissement de la gouvernance démocratique en Guinée-Bissau.
À l’issue de la 68ᵉ session ordinaire de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement, tenue dimanche à Abuja, le président de la Cédéao, Omar Touray, a averti que des mesures punitives seraient prises contre quiconque chercherait à perturber le processus de transition. Selon lui, une position ferme est nécessaire pour contrer la tendance aux coups d’État, le dernier exemple en date étant la tentative manquée au Bénin, une semaine auparavant.
Ont pris part à la réunion d’Abuja plusieurs dirigeants régionaux, dont le Cap-Verdien José Maria Neves, le Sénégalais Bassirou Diomaye Faye, le Togolais Faure Gnassingbé, le président ivoirien Alassane Ouattara, le Gambien Adama Barrow et le Ghanéen John Mahama. Les discussions ont porté sur la fréquence des coups d’État : huit réussis dans six pays de la région depuis août 2020, selon les recherches de la Cédéao.
Le président nigérian Bola Tinubu a appelé à des mesures courageuses et coordonnées contre les coups d’État militaires anticonstitutionnels, qualifiant cette tendance de menace sécuritaire croissante pour la région.
La Guinée-Bissau est le dernier pays membre touché, avec le Haut Commandement militaire pour le rétablissement de l’ordre, annulant de facto le processus électoral après le scrutin présidentiel du 23 novembre. Le président destitué Umaro Mokhtar Sissoco Embaló et son principal adversaire Fernando Dias revendiquent chacun la victoire, plongeant le pays dans une crise électorale. Embaló, actuellement exilé au Maroc, ainsi que son entourage, pourraient être sanctionnés si des accusations de complot s’avéraient crédibles.
Onze jours après ces événements, une tentative de coup d’État contre le président béninois Patrice Talon, menée par le lieutenant-colonel Pascal Tigri, a été rapidement déjouée avec l’aide du Nigéria, qui a dépêché des troupes et des avions de chasse. Tigri, toujours en fuite, aurait été aperçu au Togo, et des appels à son extradition vers le Bénin se multiplient.
Ces interventions surviennent alors que la Cédéao a rencontré des difficultés récurrentes pour gérer les crises post-coup d’État au Burkina Faso, au Mali et au Niger, pays qui ont quitté le bloc pour former l’Alliance des États du Sahel (AES).
Par ailleurs, la Guinée, toujours sous régime militaire, organisera une élection présidentielle le 28 décembre 2025, une première depuis le coup d’État de septembre 2021 qui avait renversé Alpha Condé et installé le général Mamady Doumbouya à la présidence.