Bénin : Joël Aïvo condamné à dix ans de prison

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L’opposant béninois Joël Aivo a été lourdement condamné par la Criet, la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme. Le constitutionnaliste et deux de ses co-accusés écopent de dix ans de prison.

Ils sont  reconnus coupables de blanchiment de capitaux et de complot contre l’autorité de l’État. Un verdict rendu tôt ce mardi à Porto Novo devant un public surpris et sonné.Quand la présidente lui a demandé : qu’avez-vous à ajouter pour votre défense ? Joël Aïvo a répondu, faites de moi ce que vous voulez… Il est 2h30 du matin quand le verdict tombe : le professeur écope de dix ans de détention criminelle ; même peine pour les deux autres co-accusés, deux militaires. Son chargé de mission est acquitté au bénéfice du doute.

L’opposant Joël Aïvo regagne sa place sans rien dire, son visage ne trahit aucune émotion. Son épouse Gladys le prend très longuement dans ses bras. Les avocats, déçus de ne pas avoir obtenu l’acquittement vont vers lui, tous lui donnent l’accolade et lui souhaitent du courage. Pendant les audiences, ils ont dénoncé l’absence de preuve et un dossier vide.

On a voulu fabriquer à tout prix un «Bob Denard junior » du nom de ce célèbre mercenaire français, regrette Me Robert Bonou. Pour lui, Joël Aïvo n’est pas un mercenaire, mais un « pèlerin de la démocratie ». Figure majeure de la jeune génération d’acteurs politiques béninois, candidat recalé à l’élection présidentielle d’avril 2021, Joël Aïvo est aussi un constitutionnaliste réputé.

Le verdict n’a pas non plus surpris un autre de ses avocats, Me Robert Dossou : « C’est dans la trame du style de la justice béninoise aujourd’hui. Mais j’avais espérance que les techniques classiques standardisées au plan international du procès pénal puissent être suivie. Ce n’est pas le cas en la présente espèce. »

Joël Aïvo écope également d’une amende de 45 millions de francs CFA, (plus de 68 000 euros). Les deux autres condamnés devront payer 5,7 millions de francs CFA.

À la barre, l’opposant, en détention provisoire depuis huit mois, s’est dit persuadé de payer ses convictions démocratiques. Puis il interroge : « Aujourd’hui c’est moi. À qui le tour demain ? »

Avec RFI