Joël Aïvo « accuse »

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Dans un post publié sur sa page facebook, Frédéric Joël Aïvo, agrégé des universités désapprouve la décision de la Haac. « Ma conviction, dit-il, est qu’en privant le pays de feuilleter les bonnes pages de « La Nouvelle Tribune », la HAAC ne rend aucun service au pouvoir politique. Elle ne rend pas non plus service à la démocratie béninoise encore moins à sa propre réputation dont je crois qu’elle ne se préoccupe guère ». Lire l’intégralité de son opinion.

« J’ai appris le mercredi 23 mai 2018 que la HAAC a suspendu «La Nouvelle Tribune » de parution jusqu’à nouvel ordre, pour des motifs que l’on ne retrouve plus dans aucune décision sérieuse d’un organe de régulation d’un pays démocratique. Que ce soit clair, je crois profondément au rôle d’un organe de régulation des médias en Démocratie. Je crois en la nécessité pour un pays, comme le Bénin, d’en avoir un.
Cependant, la HAAC, à travers cette nouvelle mesure, confirme les réserves que j’ai toujours eues à son égard, quant à la capacité des hommes qui l’animent, à faire triompher la liberté de la presse et surtout à l’imposer au pouvoir politique.
Capable tout de même de suspendre à vie un organe de presse sans précaution juridique, la HAAC est néanmoins incapable de protéger la presse libre et indépendante ; Incapable de protéger la liberté de la presse ; Incapable d’être aux cotés d’une télévision qui se bat pour retrouver sa couverture sur le pays ; Incapable d’être du coté d’une radio qui se bat contre les pirates qui brouillent ses fréquences ; Incapable toujours de mettre fin aux « contrats du silence » pour dire la même chose, écrire la même chose, penser la même chose, bref pour renoncer à la vigilance et à la liberté de ton voire à l’impertinence qui fait si tant le charme de la démocratie ; Incapable enfin de protéger les journalistes et les entreprises de presse.
Bref, la HAAC prétend assainir le monde des médias à coups d’intimidations, de sanctions, les unes démesurées, les autres injustes, alors que le loup est à sa porte. Ma conviction est qu’en privant le pays de feuilleter les bonnes pages de « La Nouvelle Tribune », la HAAC ne rend aucun service au pouvoir politique. Elle ne rend pas non plus service à la démocratie béninoise encore moins à sa propre réputation dont je crois qu’elle ne se préoccupe guère.
Devant nous tous, Gouvernement et Opposition peuvent en témoigner, « La Nouvelle Tribune » a toujours été du coté de la démocratie. Depuis toujours. Le Journal s’est toujours battu pour le pluralisme, la justice et contre la pensée unique. « La Nouvelle Tribune » a rarement été dans le zèle ou l’extrémisme qui consiste à servir un camp et à priver l’autre de parole. C’était le cas hier, pourquoi ne serait-il pas le cas aujourd’hui ?
Mes cher(e)s ami(e)s, si nous ne nous levons pas contre l’arbitraire, si nous cessons de nous indigner, si le pays se résigne contre ce à quoi nous avons dit non par le passé, nous périrons tous, un à un et il ne restera plus personne pour défendre demain, les auteurs de ce que nous dénonçons aujourd’hui, quand ils seront eux-mêmes dans les griffes de l’arbitraire.
Tout ne peut être possible dans un pays. Et une démocratie ne peut se priver de critiques, de contradictions, de voix dissonantes. On peut en éliminer, mais il restera toujours des patriotes pour faire triompher la liberté et le pluralisme. C’est ce que nous enseignent notre récente histoire et la longue marche qui a conduit notre peuple à la conférence nationale.
Vive la presse libre et indépendante
Vive le pluralisme et que vive la démocratie.

Frédéric Joël AÏvo