Faire prospérer le tourisme en dépit des menaces

Economie & Tech

Dans le cadre de la célébration de la Journée Africaine des Frontières, l’Agence Béninoise de Gestion Intégrée des Espaces Frontaliers (ABéGIEF) a organisé une semaine d’activités. Le point d’orgue de ses manifestations est le dialogue national. Il a eu lieu, jeudi 14 juin 2018 dans la salle Toffa 1er de Azalaï hôtel. Etaient présents à ce dialogue national, l’état-major général des Armées, des représentations diplomatiques, la société civile et bien d’autres acteurs intéressés par les questions relatives à l’extrémisme violent au Bénin.

L’évolution rapide du terrorisme sur tous les continents devient préoccupante. Pour y arriver à bout, le partage d’expériences et d’informations pratiques est devenu une nécessité. C’est pour cette raison que, pour la deuxième fois consécutive, le thème de l’extrémisme violent est remis sur le tapis au Bénin à la faveur de la Semaine des Frontières Béninoises. Mais cette fois-ci, avec les variantes : frontières et tourisme. « C’est la façon qu’a trouvé l’ABéGIEF pour domestiquer le thème, puisque non seulement il est d’actualité… Mais il est préoccupant », dira le Directeur général de l’ABéGIEF dans son mot de bienvenue aux participants. Son ministre de tutelle Sacca LAFIA abonde dans le même sens. « En initiant à travers l’ABéGIEF, le présent dialogue national sur le thème : ‘’Frontières, tourisme et extrémisme violent’’, mon département ministériel est convaincu que la lutte contre l’extrémisme violent doit être globale, que son éradication n’est possible que dans le cadre d’une synergie d’actions et que le succès de celle-ci ouvre les portes d’un tourisme sécurisé et par ricochet le développement du Bénin ». Poursuivant, il va préciser l’objectif général du dialogue qui est :« de contribuer à une meilleure prise de conscience de la nécessité d’investir dans les zones frontalières afin de les éloigner du terrorisme et d’autres actes abjects. Toutes ces mesures contribuent à n’en point douter à la sécurisation des activités touristiques et à l’essor économique de notre pays ».
Avant de déclarer ouverts les travaux du dialogue national, le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité Publique, Sacca LAFIA s’est réjouis de constater qu’à travers le programme élaboré et la qualité des invités que la journée de travail sera : « bien remplie, faite de riches débats et fructueuse en recommandations à l’endroit de tous les acteurs ».
Les travaux se sont poursuivis avec au programme, deux communications à présenter.

La problématique de l’extrémisme violent perçue par Marcel A. BAGLO, DG/ABéGIEF

« L’intérêt du dialogue se situe dans le fait qu’aujourd’hui dans la sous-région ouest africaine, on a de l’instabilité totale due à l’extrémisme violent. Et cet extrémisme violent, on l’a vendu comme islamiste, religieux etc. Mais de plus en plus, cet extrémisme violent part de l’insatisfaction et de la frustration de certains ; de la pauvreté extrême de certaines zones marginalisées, enclavées et autres. A partir de ce moment, on s’est demandé si ce n’est pas l’extrémisme religieux ou le grand banditisme. Alors, il est important de décrypter ce concept et voir ce qu’est vraiment extrémisme violent, son côté le plus faible pour pouvoir intervenir là-dessus afin d’éviter ça à notre pays. L’extrémisme violent, ce n’est pas des croyances religieuses, ce n’est pas les grands bandits. C’est souvent des personnes qui sont frustrées, qui sont révoltées ou qui sont tellement pauvres qu’on peut les acheter facilement pour aller commettre des crimes ignobles. A partir de cela, nous avons estimé que, dans notre pays, chacun à sa compréhension du phénomène. Il serait important que nous ayons une compréhension commune. C’est pour cela qu’on s’est mis ensemble, partenaires techniques et financiers, l’état-major général des Armées, les universitaires, la société civile, tous les acteurs concernés sont présents pour qu’ensemble, nous réfléchissions sur ce qu’est pour nous l’extrémisme violent. Et lorsqu’on aura une compréhension commune, on pourra chercher ensemble les causes. Et à partir des causes, nous pouvons savoir sur quelles causes intervenir pour éviter que cela nous arrive ici au Bénin. Nous, notre problème, c’est d’abord la prévention parce que notre pays jusqu’à présent est à l’abri de ce phénomène et pour ne pas faire l’expérience des autres, nous avons décidé de prendre à bras-le-corps la question. C’est pour cela que nous avons parlé de dialogue.
Personne ne vient apprendre quoi que ce soit à l’autre. Tout le monde a quelque chose à partager. Et à la sortie, si on n’arrive pas à nous entendre, nousallons reporter ce dialogue. Nous l’avions déjà fait l’année passée et on ne s’est pas beaucoup entendu. Certains pensent que c’est militaire… Mais la réflexion a évolué dans la sous-région et comme nous participons aux réflexions dans la sous-région, nous nous sommes dit, qu’il faut domestiquer toutes les idées que nous avons agité dans la sous-région. C’est pour cela que les partenaires techniques et mêmes les ambassadeurs sont présents. Ils ne sont pas présents en qualité d’invités d’honneurs ; mais de participants pour que chacun donne ses idées.

Tous les problèmes de terrorisme que nous observons aujourd’hui lorsque qu’on parle d’extrémisme violent, ont toujours des causes locales. Et on fait intervenir l’international pour appuyer les causes locales.

En Libye et en Irak, ils sont là-bas et ils se battent. Donc, il faut forcément que les conditions soient réunies dans un pays pour que cela arrive. Mais nous pensons que nous pouvons décrypter les causes pour savoir sur quels leviers il faut agir pour que cela n’arrive pas au Bénin. Parce que nous, notre préoccupation, c’est la promotion du tourisme et lorsqu’il y a de l’insécurité, le tourisme ne prospère pas. Vous voyez ce qui s’est passé à Grand Bassam et à Ouaga où l’avenir Nelson MANDELA, très prisé des touristes est aujourd’hui vide parce que les touristes craignent l’extrémisme violent.

Eu égard à cela, nous disons ‘’non’’. On peut être à côté du Nigéria et ne pas être atteint, parce que nous n’aurons pas créé les conditions locales pour que cela se passe. Et pour y arriver, il faut décrypter tous les phénomènes et savoir là où il faut agir pour que cela n’arrive pas. Et, c’est ce que nous faisons aujourd’hui ».

C.E.D.