Entretien exclusif avec le SAP du Bloc Républicain : Eugène Dossoumou parle de la suspension d’Abimbola, de la tournée de Talon et du parrainage

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Suspension du ministre Abimbola,  tournée nationale du Président de la République, Patrice Talon et  parrainage pour les candidats à l’élection présidentielle d’avril 2021. Entretien exclusif avec le SAP du Bloc Républicain, Eugène Dossoumou.

 

Monsieur Eugène DOSSOUMOU, actualité oblige, le ministre Abimbola premier secrétaire général adjoint de votre parti Bloc Républicain, vient d’être suspendu de toutes activités au sein du parti ; en tant que Secrétaire Administratif Permanent, dites-nous réellement ce qui s’est passé ?

Eugène DOSSOUMOU:Monsieur le journaliste, ce qui s’est réellement passé, c’est ce qu’a indiqué la décision elle-même. Il s’agit de la perte du contrôle  de la mairie de la Commune  d’Adja-Ouèrè par le parti Bloc Républicain (BR) à la suite de l’élection ordonnée par le préfet du Plateau après l’invalidation d’un siège du BR par la cour suprême. Après enquêtes, il est revenu aux instances dirigeantes du parti que cinq  (5) conseillers communaux élus du BR, sous le contrôle de Monsieur ABIMBOLA, donc du courant de l’ancien parti RND, ont soutenu l’élection du candidat du parti adverse au détriment de celui de leur propre parti. Cela s’appelle traîtrise, cela s’appelle indiscipline et cela est prévu et sanctionné par le règlement intérieur du parti.

Quelle sera la suite à donner à une telle décision. Le ministre Abimbola ne court-il pas désormais les risques d’une exclusion définitive du parti ?

Risque d’exclusion du parti ? Nous n’en sommes pas encore là. Tout dépend de l’appréciation que fera l’instance compétente en la matière, le Congrès en l’occurrence. Je ne peux présager de rien du tout. Mon souhait est que nous n’en arrivons pas là. Et pour l’instant, nous n’en sommes pas encore là.

Cette décision n’explique-t-elle pas une certaine rigueur et fermeté qui caractérisent la gestion et le fonctionnement du parti BR?

Oui bien sûr. Je dois aussi préciser que cette décision est intervenue au lendemain  d’un certain nombre d’activités organisées par le parti. Il s’agit de l’atelier de formation organisé à Bohicon au profit des Maires et les Adjoints nouvellement  élus; de l’Université de vacances tenue à Abomey-Calavi, et récemment, de la Journée parlementaire des députés du BR. A ces occasions et à bien d’autres, des communications ont été passées à l’attention des participants et plus à l’attention des responsables du parti sur: le sens de la réforme du système partisan; la conduite à observer par le militant BR face aux intérêts du parti; l’exemple que doivent donner les responsables à divers niveaux de la hiérarchie du parti. C’est dire que la décision n’a pas été prise sans une certaine forme d’éducation et de sensibilisation.

Je dois aussi ajouter que cette décision est un message fort adressé à nous tous, militants de ce parti. En effet, à plusieurs reprises, il nous est dit et redit que la réforme du système partisan veut rompre avec des systèmes qui ont tout le temps généré des hommes forts. Désormais, il est question de bâtir des partis forts au sein desquels chacun, quel que soit son rang par ailleurs, doit d’abord se sentir comme militant, soumis aux dispositions des statuts et du règlement intérieur du parti. A ce titre, l’intérêt du parti passe avant tout autre enjeu personnel. De ce point de vue, la décision intervient comme pour rappeler à nous tous ce qui nous est enseigné à chaque occasion.

Cette décision ne traduit-il pas plutôt un certain malaise au sein de votre parti relativement à une guerre de leadership qui persiste dans chaque région des leaders qui le constituent ?

Je crois que mes propos précédents répondent à une partie de votre préoccupation. Quant à ce qui concerne l’existence d’un malaise au sein du parti. Je dis oui. Et ce malaise procède du comportement d’indiscipline des conseillers BR d’Adja-Ouèrè. Après une telle méconnaissance des textes du parti ayant entraîné des conséquences aussi graves pour le parti, et comme corollaires des militants désemparés et désespérés ne sachant à quel saint se vouer, la direction du parti se devrait de réagir pour rassurer les militants et ramener la sérénité au sein de la famille. Donc c’est comme ça que cela a été géré à l’interne, au sein du parti. J’espère avoir répondu à votre question.

Comment appréciez la  tournée nationale entreprise depuis peu par le chef de l’Etat Patrice Talon dans tout le Bénin et l’accueil qui lui est réservé par les populations ?

Je pense que c’est une excellente initiative de la part du Président de la République. Tout élu est tenu à l’obligation de compte-rendu. Le Président de la République est davantage plus tenu à cette  obligation envers le peuple qui lui a confié un mandat. Personnellement, j’avais souhaité cette tournée plus tôt pour confondre beaucoup de gens qui restent dans leur chambre derrière leur clavier pour délivrer des élucubrations qui n’ont rien à voir avec l’amour du peuple et de la nation pour le Président de la République. Et vous faites bien de souligner la chaleur de l’accueil qu’a eu le Président de la République à toutes les étapes de sa tournée à commencer par Savè, ma commune natale, comme vous le rappelez si bien. Le Président TALON est parti de bons pieds à partir de Savè, ville mythique. La suite, vous la connaissez,  nous la suivons  nous tous.

A Parakou, le Chef de l’Etat  a appelé à la réconciliation avec son prédécesseur Boni Yayi, que vous avez servi aussi. Qu’en dites-vous ? Cela est-il possible ?

Le pardon  pour tout croyant est un signe d’amour très fort. : » Que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre », a  dit le Seigneur. Chaque jour, nous commettons des fautes de par nos pensées, nos faits et gestes et de par nos paroles. Reconnaître notre nature humaine,  faillible, est une preuve d’humilité; demander à être pardonné est un signe d’humilité encore plus grand qui ennoblit celui qui le demande.

Cela dit, je voudrais rectifier quelque chose dans vos propos. Je n’ai pas servi le Président Boni YAYI. J’ai servi la nation béninoise à ses côtés grâce à l’opportunité que m’a offerte le Président YAYI Boni quand la nation lui a confié sa destinée.

Revenant donc à  votre question,  je pense que la demande de pardon formulée par le Président de la République est  une bonne chose et que les sages de Parakou se trouvent ainsi investis d’une mission noble pour le bonheur de la nation.

 

Le Chef de l’Etat formule aussi l’ardent vœu  de voir des candidats, toutes tendances confondues, prendre part à la présidentielle de 2021. Est-il sincère lorsqu’on sait  que la nouvelle disposition relative au parrainage pourrait constituer un blocage pour certains  à la magistrature suprême ?

Je n’ai pas de raison de douter de la sincérité du vœu du Président de la République. Mon souhait est que les personnes concernées s’inscrivent dans le même état d’esprit que le Chef de l’Etat pour que ce vœu se réalise, étant entendu que la réalisation d’un tel vœu ne saurait dépendre du Chef de l’Etat seul.

Quelle est votre appréciation personnelle sur la question du parrainage qui continue de susciter des remous  et que d’aucuns considèrent comme une forme d’exclusion ?

Le parrainage est un corollaire de la réforme du système partisan. Depuis l’avènement du renouveau démocratique au Bénin et la naissance des centaines de micro-partis à laquelle cela a donné lieu, jamais un parti n’est parvenu à donner le Président de la République au terme des élections présidentielles. La réforme actuelle vise à corriger cet  état de chose ainsi que la pléthore de candidats. Un parti dans notre pays  doit compter au moins 1.115 militants à raison de 15 adhérents par commune. Sur ces bases, un parti incapable de se faire parrainer par 16 élus (députés et Maires confondus) n’est pas un parti sérieux. Et il en est ainsi de la candidature qu’un tel parti proposerait. Cela dit, moi je ne parlerai pas d’exclusion mais de cadrage. Il faut cadrer, baliser un certain nombre de choses. Et la candidature à la présidentielle me paraît une chose tellement sérieuse qu’on ne saurait la laisser sans un minimum de précautions, notamment le parrainage.

Le BR  a déjà désigné  son candidat à la présidentielle 2021 qui n’est rien d’autre que l’actuel Chef de l’Etat, Patrice Talon, alors que ce dernier n’a pas encore donné à ce jour une position claire à ce sujet. Et s’il ne répondait pas favorablement à votre appel, avez-vous un plan B?

Je préfère rester dans la droite ligne de mon parti. J’espère donc que le Président TALON rempilera. C’était aussi un souhait personnel.

Vous vivez depuis plusieurs mois une nouvelle expérience personnelle au poste de Secrétaire Administratif Permanent du parti Bloc Républicain, après toutes les fonctions que vous avez déjà occupées par le passé pour le compte de l’action publique et en politique. Qu’est-ce qu’il y a de nouveau salon vous?

Par le passé, j’avais joué des rôles éminemment administratifs, en tout cas plus administratifs que politiques. Aujourd’hui je suis en plein dans l’activité politique, même si à mon poste de SAP/BR, il s’agit de l’administration d’un parti politique. A ce titre, je suis plus proche du monde politique où rien ne va de soi  a priori. Je comprends mieux pourquoi les non-initiés et les technocrate bon teint ne comprennent pas et ne comprendront peut-être jamais la logique politique.

*Quels types de rapports qui existent entre le BR et le parti frère ‘Union Progressiste*

De bons rapports.

*Un mot pour conclure*?

D’abord, je vous remercie infiniment de m’avoir reçu pour cette interview. Je voudrais saisir l’occasion pour inviter les militants du BR au calme et à la sérénité à la suite de la décision prise par le parti dans l’affaire d’Adja-Ouèrè. Nous devons rester mobilisés derrière les instances dirigeantes de notre parti en traduisant, chaque jour en actes concrets notre devise: » Plus unis, plus forts pour bâtir le Bénin.  » Merci

Propos recueillis pour Les 4 Vérités par E.A.T

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