Interview du président de l’Union progressiste le Renouveau : Djogbénou, sa position sur la crise politique au Niger

Politique

(« Notre pays n’est et ne saurait être en état de guerre contre aucun peuple frère d’Afrique »)

«Gardons-nous de vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. J’observe beaucoup de mouvements et beaucoup d’agitations qui se focalisent sur une année en oubliant celles qui la précèdent. Je pense que nous gagnerions à nous concentrer plus sur celles-ci que sur celle-là». Propos du président de l’Union progressiste le Renouveau, Joseph F. Djogbénou, dans une interview exclusive de l’Union, à travers laquelle il se prononce sur les élections générales de 2026. Pour le Président de l’Up-R, «Aujourd’hui, nous devons nous préoccuper de la rentrée des classes ; c’est pour bientôt. Nous devons nous préoccuper davantage de la santé de nos populations. Nous devons nous préoccuper du transport, de la qualité de nos routes, de la demande d’une partie importante de nos populations à l’accès aux infrastructures modernes. Nous devons nous préoccuper du renforcement de notre démocratie», dit-il. Joseph F. Djogbénou aborde aussi dans cet entretien le renouvellement des instances dirigeantes du parti au niveau national et  évoque les prochaines étapes à savoir l’installation des instances à la base. Face aux critiques concernant la gouvernance du pays, le président Djogbénou aborde un pan de l’organisation de l’UP le renouveau pour se positionner afin d’ offrir une alternative politique solide et convaincante aux Béninois.  Interview.

L’Union : Monsieur le président, la crise au Niger suscite des débats concernant principalement l’intervention militaire envisagée par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO). Quelle est la position de l’UP le renouveau sur cette question ?

Prof Joseph F. DJOGBENOU : La démocratie est une voie périlleuse, mais nécessaire. Elle est fragile. Ce qui arrive au Niger en est la preuve. Je voudrais observer avec satisfaction que nulle force politique dans notre pays, nul groupe politique, nulle personnalité politique, n’a approuvé la rupture de la continuité démocratique intervenue au Niger, pas plus que personne n’a approuvé le surgissement des militaires dans les autres Etats membres de la CEDEAO, comme le Burkina Faso, la Guinée et le Mali.

Il faut saluer cette condamnation unanime. Au demeurant, et en ce qui concerne le Bénin, il s’agit d’une unanimité historiquement et culturellement conforme à l’option de l’Etat en faveur de la démocratie. Personne n’ignore que la Conférence nationale des forces vives de février 1990 avait ambitionné, avec beaucoup de succès, de solder le compte des coups d’Etat cycliques dont notre pays a tant souffert de 1960 à 1972. De ce point de vue, notre adhésion aux valeurs démocratiques devient une position politique dont nous ne pouvons plus nous détacher. On peut considérer que c’est une valeur constitutionnelle à laquelle nous sommes tous tenus, citoyens, citoyennes, femmes comme  hommes politiques. Quiconque approuve, exulte ou exalte ce à quoi nous assistons avec souffrance se met en marge de notre régime politique et contreviendrait à la Constitution. C’est cette exigence de fidélité à notre Constitution et à notre histoire que se soumet notre diplomatie sur laquelle le Chef de l’Etat a la haute main.

L’Union progressiste le renouveau – dont il ne vous échappe pas qu’il est d’abord démocratique – ne peut que condamner le coup de force en rupture avec l’aspiration du peuple nigérien aux valeurs démocratiques et à la liberté. L’Union progressiste le renouveau rappelle à chacun, notre devoir de fidélité à la Conférence nationale des forces vives de la Nation, notre devoir de fidélité à notre Constitution et notre devoir de fidélité aux aspirations des peuples d’Afrique à la liberté et à la paix. C’est pour cela que, dans ces circonstances, il faut encourager nos dirigeants et les gouvernements des Etats membres de la CEDEAO à poursuivre la recherche des meilleures solutions et en assurer la  mise en œuvre de sorte à mettre fin à cette crise et à faire recouvrer au peuple frère du Niger son droit aux libertés démocratiques, son droit à la paix et son droit au développement.

Que pensez-vous de l’option militaire qui fait couler beaucoup d’encre et de salive ?

Notre pays n’est et ne saurait être en état de guerre contre aucun peuple frère d’Afrique. De la même manière qu’ayant répondu aux sollicitations des organisations régionales et internationales en ayant contribué à la paix par l’envoi des forces en Côte-d’Ivoire, en République démocratique du Congo, au Mali, en Haïti et sur d’autres théâtres, il ne faut point s’alarmer de la détermination de notre pays à travers ses gouvernements successifs à honorer ses engagements internationaux à condition de contribuer à la paix, au renforcement de la démocratie et à la solidarité entre les peuples.

En revanche, les difficultés que traversent nos voisins alertent encore plus aujourd’hui que par le passé sur la fragilité du régime démocratique. Ces alertes engagent politiquement à renforcer les mécanismes juridiques et politiques de prévention des atteintes à la continuité démocratique. Des initiatives doivent être prises dans ce sens aussi bien au niveau national que dans le cadre des organisations régionales.

 

En attendant, cette crise a des répercussions immédiates tant au Niger que dans les pays limitrophes. Comment le parti entrevoit-il la gestion des conséquences de cette crise sur la stabilité de la sous-région ouest-africaine, et surtout sur l’économie béninoise ?

Les répercussions ne peuvent trouver de solutions heureuses et durables sans le règlement du problème de fond. Moins on règle ce problème dans le sens de la solidarité à laquelle nous appelons en faveur de la paix, en faveur de la liberté du peuple nigérien et en faveur de la démocratie, plus on aura des difficultés économiques et sociales et stratégiques à terme. Nous sommes déjà confrontés à des problèmes d’insécurité liées au terrorisme à nos frontières. Il faut éviter d’ajouter l’insécurité à l’insécurité. Ajouter l’insécurité à l’insécurité tue l’économie, hypothèque le présent et encaserne l’avenir. Nous devons, pour le moment, nous concentrer principalement sur la résolution de la question que pose cet affrontement entre la force et le droit. Il faut faire en sorte que le droit triomphe, que la démocratie soit restaurée pour que nous ayons beaucoup de chance de faire face avec sérénité aux conséquences dramatiques induites par la rupture de la continuité démocratique au Niger.

Monsieur le président, le 12 août 2023, l’UP le renouveau a procédé à un renouvellement de ses instances dirigeantes au niveau national. Pourriez-vous nous parler des objectifs poursuivis et des stratégies adoptées pour réussir cette mutation sans difficultés ?

Une mutation tactique  fut engagée par le Parti  le 16 juillet  2022, avec l’ajustement des instances dirigeantes que constituent le Bureau politique, la Direction exécutive nationale et le Présidium. C’est à l’occasion que Mme Mariam CHABI TALATA épouse ZIME, Gérard GBENONCHI et moi-même avons été honorés de la confiance de nos camarades pour incarner la nouvelle direction. Par la suite, de nombreuses autres formations politiques ont intégré notre formation. La mutation tactique devint alors une mutation politique profonde, avec la fusion  avec le Parti du renouveau démocratique le 20 août 2022. Cette dynamique, salutaire à tous égards, s’est poursuivie avec le ralliement des partis Dynamique unitaire pour la démocratie (DUD) de Valentin Houdé, La nouvelle alliance (LNA) de Théophile Yarou, Restaurer la confiance (RLC) de Irénée Agossa et Benin en marche de Jock Adamando. Si, en ces circonstances, l’Union progressiste le renouveau est sortie majoritaire des élections législatives du 8 janvier 2023, la responsabilité politique impose aux dirigeants d’intégrer davantage les forces réunies et rassemblées dans les instances dirigeantes.  C’est cet objectif que le parti s’est engagé à réaliser, dont le résultat partiel est l’approbation des modifications statutaires et la mise en place consécutive des instances centrales le 12 août 2023.

 

Avec quelles stratégies cela a-t-il été fait ?

Avec la stratégie du rassemblement : rassembler les forces politiques à l’intérieur du parti. Avec la stratégie de la mobilisation : mobiliser les dirigeants à tous les niveaux au sein du parti. Avec la stratégie de la convergence et de la responsabilité : faire en sorte que chacun se sente impliqué et soit davantage responsabilisé.

Vous avez élargi toutes les instances nationales…

Le Parti a mis en place un Bureau politique assez large pour répondre à cette idée de rassemblement, pour y intégrer les différentes composantes politiques. Il faut les associer au Bureau politique qui est l’organe de décision du parti. De plus, la Direction exécutive nationale (DEN) qui est l’organe politique opérationnel des décisions du Bureau politique a été élargie. Désormais, nous avons une Haute direction politique, elle aussi élargie, si on la compare à l’ancien Présidium du parti qui était composé de trois (03) membres. Depuis le 12 août 2023, la Haute direction du parti (HDP) comprend neuf (09) membres, des personnalités  attachées aux valeurs du parti et conscientes des défis actuels et futurs.

L’étape suivante sera consacrée à la mise en place des instances à la base, à savoir les Cellules du parti dans  nos quartiers de ville et villages, les Sous-sections dans  les arrondissements et les Sections dans  les communes au sens politique et géographique, les Coordinations et les Ligues. Cette tâche attend le parti, et nous allons nous y mettre avec des ressources humaines de grande qualité et de forte responsabilité.

Votre reconduction à la tête du parti est perçue comme un renouvellement de confiance. Pouvez-vous nous expliquer comment cette décision s’inscrit dans la vision de renouveau du parti ?

Il est possible, et je m’en sentirai honoré, qu’il s’agisse d’un renouvellement de confiance de la part des militants, des dirigeants et surtout des dignitaires du parti. Mais ce dont je peux vous assurer, c’est la confiance qui est la mienne à l’égard du parti. On peut vous renouveler la confiance, mais si vous-même vous n’avez pas confiance en l’organisation que vous servez, cela n’a pas de sens. J’ai une confiance profonde en ce parti, en la détermination de ce parti à trouver des solutions politiques aux problèmes qui se posent à notre pays, à la détermination de ce parti à assurer l’accompagnement politique du gouvernement, du président de la République et à la détermination de ce parti à faire en sorte que ce qui est acquis le demeure et que ce qui n’est pas encore acquis le devienne. J’accueille cette confiance parce que moi-même j’ai confiance en ce parti, j’ai confiance en la classe politique de ce pays et j’ai confiance dans les nouveaux horizons que nous sommes en train de tracer et d’atteindre progressivement pour notre pays depuis 2016. Cette double confiance inspire sérénité, responsabilité et humilité.

Le renouvellement de confiance est probant et celui des instances est accepté. Mais, certains s’interrogent quand même. Quels sont les critères et les valeurs qui ont guidé la désignation des membres de ces nouvelles instances ?

Avant de parler des critères, constatez avec moi que l’UP le renouveau est un parti de militants, de militants convaincus qui savent ce que c’est qu’un parti politique et les exigences qui sont les leurs. C’est d’ailleurs pour cela qu’il faut bien imaginer que la désignation fut un exercice difficile, tant les méritants sont très nombreux et disponibles. Heureusement, le processus ne vient que d’être engagé. De nombreux autres militants seront sollicités dans toutes les instances et chacun prendra activement part à l’animation de la vie du parti et au service engageant et patriotique de notre pays.

D’ailleurs, c’est grâce au travail quotidien et méticuleux de chaque militante et de chaque militant que l’UP le renouveau est aujourd’hui le plus grand parti politique du Bénin. Il entend le demeurer car chaque jour qui passe lui apporte un flux continu de militants immédiatement mis à la tâche pour la construction du parti, et par ricochet la construction de notre pays le Bénin.

En définitive, le seul vrai critère, c’est l’appartenance réelle au parti doublée de la disponibilité du militant.

Vous aviez commencé par évoquer les prochaines étapes, à savoir l’installation des instances à la base. Comment celles-ci contribueront-elles à la présence et à l’impact du parti sur l’échiquier politique national ?

C’est un devoir pour un parti d’avoir des instances à la base. Pourquoi ? Parce qu’un parti, conformément à la Charte des partis politiques, doit refléter la configuration du territoire national. La vocation d’un parti politique, c’est d’identifier les problèmes, de formuler les solutions politiques à ces problèmes et d’agir en s’engageant à leur résolution. Ces problèmes se posent dans nos villages et quartiers de villes, dans nos arrondissements et dans nos communes. C’est un devoir de le faire.

Jusque-là, nous avons eu des structures provisoires et hétérogènes. Il faut que nous ayons maintenant des organes homogènes. Depuis août 2022 où nous sommes allés dans des fusions, dans des adhésions, nous n’avons pas encore intégré les uns et les autres dans les structures pour avoir des structures homogènes. Cette opération est non seulement politiquement nécessaire, mais elle est aussi juridiquement importante.

En outre, la mise en place des instances à la base permettra d’entretenir des relations les plus évidentes avec les citoyens parce que le parti politique, c’est l’espoir du citoyen ; le parti politique est appelé à faire des choix favorables au citoyen.

Puis, une instance à la base est le lieu de construction de la nation. L’organe accueille tous les militants quels que soient leurs horizons, quels que soient leurs affinités et affiliations philosophiques et ethniques. Dans les instances à la base, on est supposé faire des débats qui intéressent l’Etat, qui intéressent la nation ; elles constituent le nid de la construction de la nation.

Pour toutes ces raisons, nous sommes en devoir de les mettre en place, conformément aux dispositions de nos statuts.

 

Les structures à la base ont été jusqu’ici des structures provisoires. Est-ce que celles qui vont être bientôt installées seront des structures définitives ?

Ce seront des structures conformes aux statuts du parti, c’est-à-dire à la forme, à la durée, à la dénomination, à la compétence et au fonctionnement que les statuts définissent.

Abordons à présent le bilan de votre action à la tête du parti. Comment votre leadership a-t-il influencé la direction et les réalisations de l’UP le renouveau ?

Quand il y a des choses à faire, il faut se garder de se regarder dans le miroir. On vient de parler du Niger ; nous sommes dans des difficultés terribles. Notre pays traverse aussi des moments difficiles à cause de la situation au niveau régional, à cause de la complexité des choix à faire pour le développement national durable. Je ne me permettrai pas de m’attarder devant le miroir. Je laisse les uns et les autres apprécier le travail qui se fait.

L’objectif avec mes camarades dans les différentes instances, c’est d’aider le gouvernement à agir dans le sens de l’intérêt général, de franchir les étapes politiques qui renforcent notre démocratie, de faire en sorte que les échéances qui doivent venir se déroulent dans les meilleures des conditions, de faire en sorte que la viabilité et la continuité des réformes engagées depuis 2016 soient assurées. Il n’y a que ces objectifs-là à atteindre. Et ce qui arrive mérite encore plus de concentration, encore plus de pertinence dans les choix et encore plus de gravité dans l’identification des solutions, des hommes et des femmes pour les mettre en œuvre. C’est ce à quoi nous nous employons chaque jour.

Vous avez parlé de ce qui arrive ; ce qui arrive, c’est 2026. Pour les hommes politiques et les partis politiques, ce sont les élections générales de 2026. C’est de ça que vous parlez ?

Je parle de ce qui est urgent aux yeux des Béninois, aujourd’hui et demain. Parce que nous luttons pour le présent et le futur. Aujourd’hui, nous devons nous préoccuper de la rentrée des classes ; c’est pour bientôt. Nous devons nous préoccuper davantage de la santé de nos populations. Nous devons nous préoccuper du transport, de la qualité de nos routes, de la demande d’une partie importante de nos populations à l’accès aux infrastructures modernes. Nous devons nous préoccuper du renforcement de notre démocratie. Le 1er juillet 2023, les Nigériens ne s’attendaient pas à une rupture de leur expérience démocratique. La démocratie est une conquête quotidienne. Nous devons être des soldats de la protection de notre système démocratique. Qui ne regarde pas d’abord plus près et fixe plus loin, perd en orientation et en priorité voire en responsabilité. Il faut que nous nous consacrions à ces besoins de notre population, que nous cherchions des solutions de nature à satisfaire durablement les préoccupations quotidiennes de nos concitoyens. Il faut d’abord satisfaire le présent avant d’engager le futur. Il faut que les réponses proposées au présent rendent possible le futur. C’est notre responsabilité.

Face aux critiques concernant la gouvernance du pays, comment l’UP le renouveau compte-t-elle se positionner pour offrir une alternative politique solide et convaincante aux Béninois ?

L’Union progressiste le renouveau, à travers ses instances, décidera le moment opportun de ses choix et continuer à être les soldats de la protection de notre démocratie. Pour le moment, nous sommes aux côtés du président de la République pour contribuer à la réalisation du Programme d’action du gouvernement.

 

Monsieur le président, vous avez récemment mobilisé les députés dans le cadre du contrôle parlementaire de l’action gouvernementale. C’est déjà difficile de contrôler l’action d’un gouvernement à laquelle on contribue, mais l’exercice doit l’être davantage dans un parlement où l’opposition semble avoir une voix plus audible…

Dans une belle orchestration, lorsqu’un seul musicien tire l’archet en rupture de la symphonie convenue, il est plus remarqué alors qu’il joue maladroitement. L’audition n’est pas toujours symphonique. Si, au fond, l’opposition est une position politique idéalement construite, ce n’est pas un affrontement émotif, systématique et dogmatique. Je suis certain que progressivement, nous ferons gagner notre pays en qualité de nos différents positionnements politiques. De part et d’autre, d’une rive à l’autre, le cours d’eau s’appelle le Bénin que nous avons tous en objectif et en horizon.

Par ailleurs, ne confondons pas les choses : il n’est pas difficile de contrôler l’action du gouvernement. C’est une exigence légale et démocratique ; c’est dans l’ADN des partis politiques présents à l’Assemblée nationale de contrôler l’action du gouvernement. Nous sommes favorables au gouvernement, mais nous assumons notre devoir de faire accomplir par l’Assemblée nationale sa mission de contrôle de l’action gouvernementale. La mission de contrôle de l’action du gouvernement est une exigence constitutionnelle, démocratique et politique.

J’observe avec satisfaction les différentes questions que les députés de l’Union progressiste le renouveau posent au gouvernement, en tant que porte-voix du peuple. Cela se fait dans un esprit démocratique et dans un esprit républicain admirables.

 

Nous sommes d’accord sur les principes. Mais comment l’UP le renouveau envisage-t-elle d’exercer son rôle de contrôle et de proposition tout en favorisant un dialogue constructif avec les autres forces politiques ?

L’Union progressiste le renouveau joue sa partition. Dans cette perspective, la reddition de comptes est très importante. Voyez-vous, les députés de l’Union progressiste le renouveau, après avoir porté la voix du peuple à travers le contrôle de l’action gouvernementale au cours de la première session parlementaire, tenue du 13 avril au 12 juillet 2023, et de sa dernière session extraordinaire du 17 au 19 juillet, doivent aller en rendre compte au peuple. Le parti les soutient et les encourage dans cette initiative.

L’opposition souhaite une révision de la Constitution du 11 décembre 1990 modifiée en 2019. Est-ce que vous y êtes favorable, et si oui quels sont globalement les aspects sur lesquels il faudra se focaliser ?

Notre pays a dépassé la crainte du syndrome d’une révision opportuniste et fantaisiste de la Constitution dont le risque serait de remettre en cause nos valeurs démocratiques. La question pourrait se poser à tout moment, à condition qu’elle offre une solution pertinente à un problème sociétal clairement identifié. Toutefois, nous n’avons pas été saisis d’une quelconque proposition allant dans le sens d’une révision de la Constitution par l’opposition.

Le dialogue et la concertation entre toutes les forces politiques sont essentiels dans un pays pour une gouvernance inclusive. Comment l’UP le renouveau envisage-t-elle de renforcer ces deux principes pour une meilleure gouvernance du pays ?

La gouvernance est assurée par le gouvernement dont le chef est élu au suffrage universel. La concertation, c’est en lien avec les rapports de la classe politique avec le président de la République, avec le gouvernement. C’est le président de la République qui, dans notre régime politique, assure la centralité politique.

Dans notre rapport avec le gouvernement, nous veillons à ce que les préoccupations des uns et des autres, dans le sens de la paix, dans le sens du développement et dans le sens de la gouvernance crédible, soient prises en compte. Je présume que c’est l’objectif que poursuivent aussi les autres partis.

Là où il y a convergence, il y a déjà concertation et association de valeurs. Je n’ai pas noté qu’il y ait une difficulté majeure entre les forces politiques qui mériterait des concertations particulières.

Quelle est votre perception des problèmes de sécurité en lien avec le développement économique de notre pays ?

La sécurité est une question majeure. L’investissement doit être sécurisé. La liberté, la garantie de la liberté, c’est la sécurité. La paix, la garantie de la paix, c’est la sécurité. En raison de l’exigence de sécurité pour tous, elle est le préalable à toute action pertinente et durable de développement.

 

Comment est-ce que l’UP le renouveau compte-t-il mobiliser les jeunes et les femmes pour leur donner plus de voix dans l’arène politique au Bénin ?

Le terreau politique est le terreau des jeunes et des femmes ; le terrain politique est le terrain des jeunes et des femmes. Il ne faut pas seulement l’affirmer ; toute action de développement doit avoir pour cœur, la prise en compte des intérêts des jeunes et des femmes.

Nous le faisons avec beaucoup d’enthousiasme au sein de l’Union progressiste le renouveau. Vous aurez davantage de réponses à ces questions dans le temps qui s’ouvre après la mise en place des instances centrales et des instances à la base ; et à partir du moment où nous allons nous engager dans des propositions pour le futur.

L’autonomisation des femmes est une priorité pour l’UP le renouveau. Quels sont les projets du parti dans ce sens et comment comptez-vous agir pour aider les femmes béninoises à avoir plus d’autonomie ?

A ce sujet, la participation, la contribution, l’accompagnement du gouvernement, le fait d’être membre ou d’être le pilier central de la majorité a un sens. L’Union progressiste le renouveau a contribué à l’élaboration du projet de campagne du président de la République et à la conception du Programme d’action du gouvernement qui a comme axes principaux la prise en compte de toutes les vulnérabilités et la prise en compte surtout de la question de l’épanouissement de la femme, de l’autonomisation de la femme.

L’Union progressiste le renouveau dans cette séquence du mandat présidentiel, n’a pas de programme propre en dehors du Programme d’action du gouvernement. Toutes les actions qui sont menées et pour lesquelles et autour desquelles nous nous mobilisons et sur lesquelles nous n’avons noté aucune dissonance, aucune retenue de la part de l’Union progressiste le renouveau constituent à la fois, son programme et la mise en œuvre de ses valeurs, à savoir les valeurs de solidarité, de justice, de travail et de non-discrimination.

La promotion des cadres du parti vous tient à cœur. Quelle politique le parti entend-il mener pour relever ce défi ?

L’organisation des militants pour le service de la Nation est une exigence et une nécessité. Nous nous y employons conformément aux lois de la République, à la ligne et aux statuts du Parti.

Monsieur le président, nous avions parlé de 2026. Cette année est importante pour le pays, car c’est l’année des premières élections générales depuis les dernières réformes du système partisan intervenues en 2018. Comment est-ce que l’UP le renouveau prépare cette échéance électorale ?

La Commission électorale nationale autonome (CENA) et les institutions de notre Etat n’ont pas lancé un processus électoral. Gardons-nous de vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. J’observe beaucoup de mouvements et beaucoup d’agitations qui se focalisent sur une année en oubliant celles qui la précèdent. Je pense que nous gagnerions à nous concentrer plus sur celles-ci que sur celle-là.

Nous gagnerions mieux la confiance de notre peuple en faisant en sorte que là où il y a une école que cette école soit ouverte à la rentrée prochaine avec des infrastructures adéquates ; là où il n’y a pas de centre de santé, qu’un centre de santé soit ouvert ; concentrons-nous à faire ouvrir la construction du plus grand hôpital en chantier dans Abomey-Calavi ; travaillons à renforcer nos infrastructures routières. Ne nous détournons pas de l’essentiel ni de l’urgence que constitue la réponse à la demande sociale. Notre pays a plus de défis à surmonter que les autres. Nos ressources minières sont en espérance.  Nous devons tout faire à la sueur de nos fronts mutualisés, avec nos deniers fiscaux. Concentrons-nous sur la gestion de ces ressources ; concentrons-nous à enregistrer moins de pertes en vies humaines dues aux manques de soins de qualité ; concentrons-nous  à éviter aux jeunes d’aller ailleurs en l’absence d’écoles de qualité, de maîtres et d’enseignants de qualité, de réponses qualitatives à l’envie de la vie.

Le président de la République nous a engagés sur chacun de ces chantiers sur lequel nous progressons. Mais le tunnel est long et le bout encore loin. On ne travaille pas non plus en fixant l’horizon. On regarde l’horizon lorsqu’on a fini de travailler. Travaillons !

Chacun va compter au moment opportun, mais à la condition de savoir que ce qui doit être fait aujourd’hui est bien fait. Si ce qui doit être fait aujourd’hui n’est pas fait ou est insuffisamment fait, toutes les prétentions sont des illusions. Travaillons maintenant, travaillons bien.