Lutte contre les violences basées sur le genre au Bénin : Des patrons de presse outillés pour une tolérance zéro dans les rédactions

Société

Les promoteurs d’organe de pressesont les hôtes de la Présidente de l’Union des Professionnels des Médias du Bénin ( Upmb), ZakiatouLatoundjià l’atelier de  formations des responsables d’organe de pressesur les mesures de prévention contre les violences basées sur le genre(VBG) . Cet atelier organisé par le bureau national de l’Upmba reçu  le soutien des partenaires techniques et financiers EngenderHealth et l’Ambassade du Royaume des Pays-Bas. Cette formation vise à outiller les patrons de presse à prendre les dispositions idoines pour éradiquer et de barrer la routeaux violences baséessur le genre. Une pratique malsaine et attentatoire à la dignité humaine sous le vocable de la tolérance zéro dans les rédactions.

Initié et lancé le jeudi 28 juillet2022 à Azalaï hôtel de la Plage de Cotonouce projet, à l’actif de ZakiatouLatoundji,  vise à promouvoir un environnement  de  travail sécurisé exempte de violence basée sur le genre.La mise en œuvre de ce projet,qui est dans sa phase active, exige l’implicatoon de tous  les acteurs des médias et  comporte le volet de l’opérationalisationd’une  clinique d’assistance juridique aux professionnels des médias du Bénin afin  de  menerefficacement la lutte contre les violences basées sur le genre et le harcèlement sexuel.

Faire des journalistes les champions de la lutte contre les violences basées sur le genre

Armer  le journaliste à s’approprier de  l’arsenal juridique national et international et d’interpeler sa conscience à  tirer à boulet rouges les déviances sexuels et les actes de violences physiques,psychologiques et  verbaux  à l’égard des femmes.C’est le  leitmotiv de la phase formation des acteurs des médias de ce  projet qui regroupe les promoteurs d’organes de presse dans un ateliers de formationdes responsables des organes de presse sur les mesures de prévention contre les violences basées sur le genre dans les médias à l’hôtel KTA de Wologuèdè à Cotonou ce jeudi 13 avril 2023.

A l’ouverture  de l’atelier tour à tour ZakiatouLatoundji, Présidente de l’Upmb, a levé un coin de voil sur les objectifs spécifiques du projet qui vise à créer un environnement de travail sécurisé, un climat et un cadre de travail adéquat permettant à chacun d’extérioriser son potentiel, son génie intellectuel  et son savoir-faire pour une presse professionnelle au Bénin. A l’occasion, elle convie sur un ton péremptoire et avec gravité les responsables des organes de presse à faire montre d’une complicité harmonieuse entre homme et femme pour un meilleur progrès des entreprises de pressedébarrassées des VBG.

C’est le tour du  représentant du Conseil National de la Presse et de l’Audiovisuel (CNPA), Richard Fassinoude rappeler le danger des VBG et le harcèlementsexuel qui touchent  une femme sur trois à l’échelle mondial et 69% des femmes au Bénin  avec son corollaire de souffrance physique et mentale. Selon lui, le présent  atelier vient à point nommé  poser les balises de son éradication dans les médias.

A la représentante du Ministre des Affaires Sociales et de la Microfinance,ElyseFatchinaKossoko, Secrétaire Général Adjointe du ministère  de crever l’abcès des sources et origines des impulsions desdéviancessexuels et de violencesbaséessur le genre. Selon elle, l’homme aime faire toujours usage de son pouvoir de domination sociologique et religieusesur les femmes qui sont souvent victimes de menaces et de violences en dépit des lois qui régissent notre société. Les VBG sont une infraction fragrante des lois, en l’occurrence la loi 2021-11 du 20 décembre 2021 portant dispositions spéciales de répression des infractions commises à raison de sexe des personnes et de la protection de la femme en République du Bénin. Pour elle, par cette loi, le Bénin a posé les bases de l’égalité et refuse l’inégalité qui est une source de violence et des abus qui causent des traumatismes physiques et psychologiques irréversibles chez les victimes. Elle se réjouit de l’activisme et de  la vision  de la Présidente Zakiatou Latoundji qui a pris l’initiative de  ce projet pour réduire ce fléau dans les médias. Les journalistes sont astreints désormais à faire preuve de comportement exemplaire au service et dans la sociétéa-t- elle ajouté. Elle se rassure de cette ambition de lutte bien nourrie de  la lueur d’espoir que l’Upmb ne  s’arrêtera pas en si bon chemin pour faire des patrons de presse et des  journalistes des champions de la lutte contre les violences basées sur le genre et le harcèlement sexuel en milieu de travail. Pour y parvenir deux communication sont  meublé la tenue de cet atelier dont la première conduite par le juriste Serge Prince Agbodjan de la CBDH et la deuxième par l’expert médias François Awoudo.

Un arsenal juridique national et international et des institutions de droits qui protègent la femme.

La première communication conduite par le juriste et Rapporteur Général de la Commission Béninoise  des Droits de l’Homme (CBDH), Serge Prince Agbodjan porte sur le sous- thème : cadre légal de la lutte contre les Violences Basées sur le Genre au Bénin. C’est par ce Maxime de l’ancien  Secrétaire général des nations unies, feu Kofi Anan qui stipule que <<la violence à l’égard des femmes est peut-être la violation des droits  de l’homme la plus honteuse et peut-être la plus répandue>> que Serge Agbodjan plante le décor de son argumentaire  avant  de faire constater que la violence contre les femmes est de plus en plus apparu comme une forme de discrimination et une violation des droits fondamentaux des femmes. Un comportement de  suprématie dans lequel se plaisent les hommes et qui est fortement réprimé et découragé par la lois au niveau national, régional et international. Il a fait l’état des lieux du cadre juridique national, régional et international en relevant les succès et les échecs de ces lois qui cadrent les délits de violation des droits fondamentaux des femmes.

En terme de succès, il faut reconnaître les mérites du cadre international et  régional dans le domaine du droit et des principes qui instituent le protocole de Palerme, le statut de Rome, la charte africaine des droits de l’homme et des peuples, la convention  sur l’élimination  de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes,  le pacte international aux droits civils et politiques adoptées par les États parmi lesquels fait parti le Bénin qui a signé et donné son accord de prendre des mesures et législations de qualification pénale de la traite des personnes, la violence basée sur le sexe, l’esclavage, la prostitution forcée, la grossesse forcée, la stérilisation forcée comme un crime contre l’humanité.  Au niveau national, la constitution en vigueur en ces articles 8, 26 et 36, la loi n°2021-11 du 20 décembre 2021 qui réprime les infractions commises à raison de sexe et de la protection de la femme au Bénin ; la loi n°2021-12 du 20 décembre 2021 modifiant et complétant la loi n°2003-04 du 03 mars 2003 relative à la santé sexuelle et à la reproduction ;la loi n°2021-13 du 20 décembre 2021 modifiant et complétant la loi n°2002-07 du 24 août 2004 portant code des personnes et de la famille.  Il faut faire remarquer qu’en terme de succès plusieurs institutions font sienne ce combat. On peut citer la Commission Béninoise des Droits de l’Homme (CBDH), l’Institut National de la Femme (INF), les tribunaux et cour(CRIET) et les CPS.

Doit- on reconnaître qu’en dépit de la panoplie de lois et d’institutions qui combattent le fléau, le système de défense des femmes et son arsenal juridique comportent des faiblesses et des échecs. Ces échecs  relèvent du  défaut d’assistance des personnes pour le temps que prennent les procès, la répudiation des femmes sans autre forme de procès. On peut retenir que cet arsenal juridique et ces institutions de lutte contre les VBG sont intransigeants et une violence faite sur une femme au Bénin peut conduire  le contrevenant à la Cour Pénale Internationale. C’est pourquoi, il est d’autant  important de souligner dans la deuxième communication les gestes, les propos et comportements anodins qui frisent la morale et qui sont passibles de jugement et de peines lourdes.

Un engagement des responsables de presse àfaire  reculer les frontières du fléau.

C’est l’Expert médias François Awoudoqui aborde la responsabilité des patrons de presse dans la deuxième communication qui  s’ouvre sur le thème << approche médias dans la lutte contre les violences basées sur le genre :engagement et responsabilité des patrons de presse >>Au menu, il a été question d’un partage d’expériences qui touche du doigt la responsabilité des patrons des organes de presse au Bénin. Une responsabilité mise à l’index par le rapport de la Fédération Internationale des journalistes qui révèle que 70% des  femmes journalistes travaillent dans des entreprises dont  les responsables ne font rien pour leur sécurité et sûreté. Il ressort de ce fait la nécessité de se lier, en terme d’engagement, par un contrat ou une convention ou par une promesse. L’Expert François Awoudo a décelé deux niveaux  de responsabilité. En premier lieu, il y a celle liée au patron de l’entreprise de presse. Dans leurs agissements, les patrons tombent dans des déviances de mots suggestifs, des gestes déplacés, profèrent  des menaces ou placent des mots violents, des injures. Un autre facteur très frustrant est celui des positionnements fantaisistes, la pratique des inégalités de rémunération pour les mêmes tâches et les mêmes qualifications et la violation du droit  de  travail. En second lieu, il a martelé aussi  la responsabilité du personnel. Notons que le patron est le responsable des relations entre les membres de la rédaction. Une double responsabilité qui incombe le patron de presse qui doit avoir un comportement exemplaire et contraindre le personnel à respecter les droits de la femme et d’éviter les violences basées sur le genre. La réussite de ce combat doit passer par l’aménagement des règles de conduite écrites de commun accord  avec  tous les membres de la rédaction. Les participants sont véritablement convaincus de l’urgence d’éditer des règles de conduites qui proscrivent les violations basées sur le genre. ;de faire de la sensibilisation lors des conférences de rédactions, dans les articles et d’installer même  des caméras de surveillance. Selon des propositions adoptées à l’atelier, il faut maintenir la sanction à l’interne dans les organes et aussi devant les juridictions pour des cas qui le méritent.

Au demeurant, l’atelier de KTA Hôtel de Cotonou expose le cadre juridique et institutionnel que le Bénin s’est donné pour endiguer le phénomène. Derechef, les patrons de presse  sont suffisamment outillés pour mener à bien la mission de lutte pour une tolérance zéro des violences basées sur le genre dans la presse béninoise.

Valère C. HOUEKINON