Décès de Jimmy Cliff : voici de quoi est mort ce monstre sacré du reggae

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Décès de Jimmy Cliff. Voici de quoi est mort ce monstre sacré du reggae. On évoque une maladie.

dit souvent que Bob Marley a inventé ou bien popularisé le reggae. Pourtant, un autre Jamaïcain a ouvert la voie en même temps et a considérablement oeuvré pour ce style de musique. Jimmy Cliff, né James Chambers en 1944 à Somerton District, restera comme une légende absolue du reggae. Il est mort à l’âge de 81 ans, ce lundi 24 novembre, a annoncé sa femme Latifa Chambers dans un post Instagram. Les causes de sa mort sont connues : selon son épouse, Jimmy Cliff est décédé des suites d’une crise convulsive suivie d’une pneumonie.

Latifa Chambers a aussi tenu à remercier les proches de Jimmy Cliff : « Je suis reconnaissante envers sa famille, ses amis, ses collègues artistes et ses collaborateurs qui l’ont accompagné tout au long de son parcours. À tous ses fans à travers le monde, sachez que votre soutien a été sa force durant toute sa carrière… Jimmy, mon amour, repose en paix. Je respecterai tes dernières volontés.  » Ce message est également signé par leurs enfants, Lilty et Aken.

Jimmy Cliff a eu un parcours hors du commun. Il a grandi dans une Jamaïque encore rurale, marquée par la débrouille, les sound systems de quartier et les chants gospel du dimanche. Très tôt, il comprend que sa voix est son passeport. À 14 ans, il part pour Kingston, déterminé à se faire entendre. Il enregistre ses premiers titres au studio de Leslie Kong, qui repère immédiatement une signature vocale singulière : haute, flexible, capable à la fois de douceur et d’urgence.

Cliff s’impose rapidement comme l’un des jeunes talents les plus prometteurs du ska, puis du rocksteady. Mais c’est à l’international qu’il va prendre une dimension historique. Son voyage en Europe à la fin des années 1960, sa participation au label Island Records et sa curiosité pour toutes les musiques – soul, pop, rythmes africains – façonnent son style, plus universel que strictement jamaïcain.

En 1972, tout bascule avec The Harder they come, film dans lequel il joue un jeune chanteur attiré par la gloire mais piégé par la violence sociale. Cliff y incarne plus qu’un personnage : il devient le visage d’une Jamaïque moderne, tiraillée mais inventive. La bande-son – « Many Rivers to Cross », « You Can Get It If You Really Want », « The Harder They Come » – devient l’un des disques fondateurs du reggae mondial. Ce succès installe définitivement Jimmy Cliff comme pionnier du genre hors de son île.

Son parcours ensuite est celui d’un artiste libre, parfois inclassable. Il travaille avec des musiciens africains, s’essaye au funk, explore les musiques de film et continue d’accumuler des chansons devenues classiques. Toujours en mouvement, il refuse l’image figée de la star du reggae. Ce nomadisme lui vaut une carrière irrégulière mais profondément respectée. En 2010, son entrée au Rock and Roll Hall of Fame consacre son rôle clé dans l’histoire des musiques populaires. Jimmy Cliff restera un monstre sacré du reggae. Sa voix portait tout ce que racontai sa vie : les luttes, l’espoir, la foi dans la persévérance.