Bénin : Cotonou menacé par la montée des eaux alertent des experts

Société

Cotonou, comme dans toutes les grandes villes côtières, est exposée à la montée des eaux. Les experts et les institutions en charge de la question de réchauffement climatique surveillent et alertent sur la question. La capitale économique du Bénin est bel et bien menacée, car l’eau grignote du terrain. 

Les océanographes et les experts béninois qui travaillent sur l’évolution du climat sont attentifs. Pour eux, il n’y a pas de doute : une menace pèse sur la ville de Cotonou, la capitale économique du pays. Car dans les décennies à venir, le niveau de la mer va monter, cela ne fait aucun doute.

L’océanographe Zacharie Sohou, de l’Institut de recherches halieutiques et océanologiques du Bénin, partage cet avis : « Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) avait prévu que le niveau de la mer gagnerait 50 centimètres d’ici 2050 et deux mètres en 2100, alerte-t-il. C’est dû au réchauffement climatique. Et on a remarqué que c’est quatre mètres en moyenne pour l’érosion côtière. Si on ne maintient pas les efforts de façon constante, Cotonou ne va plus exister d’ici 50 ans, ou sera repoussée vers le centre. »

L’inquiétude à chaque saison des pluies

Parmi les causes, l’océanographe cite notamment les inondations. Chaque saison des pluies est dramatique pour certains secteurs, comme Vossa, un quartier populaire de Cotonou. La petite saison de septembre semble avoir démarré et sur place, c’est déjà l’angoisse.

« D’ici au 15 ou 16 septembre, vous ne pourrez plus venir ici, le fleuve avance à grands pas, il y a des gens qui quittent leur maison qui laissent des lits, qui laissent beaucoup de choses. L’année dernière, quand c’est arrivé, on a eu beaucoup de pertes en vies humaines », se lamente un habitant.

« Je suis mécanicien, je ne peux même pas travailler, je rentre à Gbédjromede [un quartier de Cotonou, NDLR] pour chercher des places pour deux mois. Quand l’eau se retirera, je reviendrai à ma place. Tout cela cause de la peine », rebondit un autre.

Un programme lancé contre l’érosion côtière 

Pour Zacharie Souhou, le responsable n’est pas à chercher bien loin, c’est l’Homme : « Beaucoup de gens sont installés sur les circuits d’eau, expose l’océanographe. Si on arrive à évacuer tous les circuits d’eau, l’eau pourrait circuler normalement et aller vers l’océan. Ce sont les hommes qui ont causé ces problèmes. Si on n’avait pas agressé la nature, on aurait subi des problèmes d’inondations à Cotonou. »

Les autorités sont mobilisées sur le sujet depuis 2012, avec un programme contre l’érosion côtière au Bénin. Une dizaine d’épis, des dispositifs servant à jouer avec les sédiments de la mer pour ralentir l’érosion, ont été érigés dans un premier temps.

À son arrivée au pouvoir en 2016, le président béninois Patrice Talon a lancé un plan de plus de 50 milliards de francs CFA, toujours contre l’érosion côtière. Est-ce suffisant ? Au Bénin, la veille doit être permanente, les habitants doivent également s’intéresser au problème, sinon ils pourraient se transformer en réfugiés climatiques, confie un acteur impliqué dans la lutte contre le réchauffement de la planète.