Christelle Houndonougbo invite Soglo à « assumer ses choix et éviter de soulever le peuple pour ses intérêts »

Politique

L’ancien président du Bénin (1991 à 1996), Nicéphore Soglo a fait ce mardi 05 décembre 2017 à Cotonou, une déclaration de presse où il s’est prononcé sur plusieurs sujets de l’actualité sociopolitique nationale et internationale. Nicéphore Soglo a exprimé son regret d’avoir combattu la candidature de l’ancien premier ministre de Boni Yayi, le franco-béninois Lionel Zinsou aux élections présidentielles de mars 2016. Suite à cette sortie, la présidente du Cpp, Christhelle Houndonougbo, invite Soglo à « assumer ses choix et éviter de soulever le peuple pour ses intérêts ».

« C’est moi qui vous avais dit, à la veille de ces élections, que la Françafrique ne nous laissait pas le choix qu’entre la peste et le choléra ce qui risquait de faire le lit de Boko Haram. Fallait-il s’abstenir ? J’ai perdu mon pari. Je bats ma coulpe et je fais pénitence », a déclaré Nicéphore Soglo lors de sa sortie de ce mardi 5 décembre (voir l’intégralité de sa déclaration à la page 3).

Par ailleurs, Soglo qualifie le soutien de Sébastien Ajavon à Patrice Talon au second tour de la présidentielle à une « imprudence » qui a consacré l’élection de ce dernier à la tête du pays au soir du 20 mars de 2016. « Le Président du patronat béninois (Sébastien Ajavon, ndlr) avait commis, un an plus tôt, l’imprudence d’accorder ses voix pour assurer l’élection du candidat Talon. S’il avait fait le choix inverse, le Président du Bénin s’appellerait aujourd’hui Lionel Zinsou » , s’indigne Nicéphore Soglo. Pourtant, le même Nicéphore Soglo a été un soutien de taille au candidat Patrice Talon à ces élections présidentielles de 2016 alors que son fils Lehady Soglo soutenait Lionel Zinsou. Aujourd’hui, il est très hostile à la gouvernance du président Talon.

Nicéphore Soglo reproche aussi à Patrice Talon de faire de la lutte contre la corruption, « un instrument de chantage et d’intimidation des opposants à son régime ». Et quand on se rappelle au mandat de Soglo ( 1991-1996), lui qui affirmait avec insistance ( ils doivent rendre gorge », parlant de la gouvernance de son prédécesseur Kérékou, on tombe des nus.

Nicéphore Soglo est-il aujourd’hui contre Patrice Talon à cause des rapports conflictuels que le « Nouveau départ » a entretenu récemment avec la municipalité de Cotonou alors dirigée par Léhady Soglo, son fils ? Lesdits rapports conflictuels ayant abouti à la suspension puis à la révocation de Léhady Soglo de ses fonctions de Maire de la capitale économique du Bénin, Soglo lance-t-il des diatribes contre le gouvernement de Talon parce que son enfant est cité dans des affaires pour lesquelles le gouvernement entend être intransigeant? La réponse est toute trouvée lorsque l’ancien maire de la ville de Cotonou, Nicéphore Soglo, déclare : « …une véritable chasse aux sorcières est livrée aux élus locaux par le gouvernement, au moment où l’explosion urbaine est un phénomène planétaire. Les victimes sont les communes de Parakou, Djidja, Allada, Porto-Novo, Ouidah et Cotonou ( que son fils a récemment dirigé avant d’être suspendu puis révoqué, ndlr). Et le mouvement continue. Le maire de Cotonou, qui a eu plus de chance que celui de Dakar, vit désormais en exil après avoir subi pas moins de quatre audits en un an. Quel acharnement ! Sa maison fut perquisitionnée. Voulait-on peut-être y mettre de la cocaïne ? Qui sait ? Car des chars avaient bouclé son quartier et il ne manquait plus que des hélicoptères de combat ».

Et pour finir, Nicéphore Soglo déclare : « Je veux exprimer ici, ma honte et mon indignation devant les tracasseries inacceptables, les mesquineries qui déshonorent leurs auteurs dont ma famille et moi sommes l’objet. Tout le pays est au courant. Civilisation ou barbarie ? Voilà encore l’une des raisons, qui explique pourquoi en Afrique les présidents s’éternisent au pouvoir. Décidément, la ‘’Rupture’’ n’en rate pas une. Mais chacun sait que Jupiter rend fou ceux qu’il veut perdre ».

Quelques heures après cette sortie hier, la présidente du parti CPP, Christhelle Dossi Houndonougbo, dans un débat sur les réseaux sociaux, n’a pas apprécié la déclaration de Soglo. « Comment un ancien président de la république peut-il parler d’un autre président, celui enactivité, de la sorte ? Pourquoi entretenir des querelles personnelles sur le dos du peuple ? On se respecte plus. On veut pour ses intérêts soulever le peuple », déplore Madame Houndonougbo.
« On ne veut jamais assumer ses choix. Ce comportement est à dénoncer. Soglo n’a plus rien à apporter à ce pays sinon que des problèmes », pense la présidente du parti CPP.

Comme une visionnaire, Christhelle Houndonougbo dans une déclaration samedi dernier au 4è congrès du Prd mettait tout le monde en garde. « Pourquoi imposons-nous des querelles sans limites et sans fin ? », s’est elle demandé avant de déclarer : « En réalité et en définitive, nous pouvons adopter mieux. Nous pouvons nous éloigner de la démocratie à tous vents et ensemble, opter pour une Démocratie de Construction. Il faut construire avant de libéraliser. Ici, il nous semble que les charrues sont avant les bœufs. Et ceci arrange à bien d’égards ! Et pourtant, il est impérieux de réajuster, courageusement. Le système japonais fait son chemin et le classe parmi le top des puissances mondiales ; c’est un pays dépourvu de richesses mais qui crée de la richesse. Pour notre cher et beau pays, le Bénin, réglons donc les préalables parmi lesquels la révision du système partisan. Une révision non « sauvage » qui tient compte de l’ensemble des instances politiques existantes dans le pays», a souligné la présidence Houndonougbo.

« On a à dire sur la gestion de Talon, mais on ne peut accepter que les mêmes nous trompent », soulignent la présidente du parti CPP. « Je ne suis pas avocat de Talon mais je refuse cette forme de perversité », dit-elle. Elle invite alors Nicéphore Soglo à « assumer en faisant des propositions de sortie de crise ».
Soglo semble ne pas être fatigué de nous étonner après ses maladresses au défilé du premier août 2017.