Calme précaire après les violences qui ont suivi la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko

Afrique

Au Sénégal, un calme précaire s’est installé après les violences qui ont éclaté du 1er au 3 juin 2023, notamment à Dakar, la capitale, et Ziguinchor, dans le sud du pays. Seize personnes ont été tuées, selon le dernier bilan officiel. Des troubles avaient éclaté dans la foulée de la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko à deux ans de prison ferme pour « corruption de la jeunesse ».

Aucun incident particulier n’a été signalé ce lundi 5 juin 2023 à la mi-journée. La circulation a repris à Dakar, les grands marchés sont rouverts. « La situation est revenue à la normale. » C’est ce qu’affirmait dimanche soir le directeur de la Sécurité publique, le commissaire Ibrahima Diop.

La capitale tourne toutefois toujours au ralenti, avec la fermeture de certaines banques – il y a des files d’attente devant les distributeurs, beaucoup ne fonctionnent pas. Ce n’est pas évident non plus de trouver de l’essence aux stations-service, beaucoup d’écoles sont toujours fermées. L’accès à l’internet mobile est toujours restreint depuis ce 4 juin. Et il y a de nouveaux appels à manifester qui circulent pour cette journée de lundi.

Pour l’heure, c’est le statu quo. Il y a des inquiétudes sur la suite, notamment en cas d’éventuelle arrestation d’Ousmane Sonko. « Une condamnation pénale doit être exécutée », disait le ministre de la Justice après le verdict. La veille, les avocats de l’opposant indiquaient qu’il était toujours chez lui, sans téléphone, « séquestré », selon eux. Son quartier de Cité Keur Gorgui était calme, lundi matin.

Des voix s’élèvent pour appeler le chef de l’État à s’exprimer

Mais aucun camp ne semble vouloir lâcher du lest. Du côté du pouvoir, il y a eu durant le week-end des déclarations très fermes pour « défendre l’ordre public ». Le ministre de l’Intérieur a accusé des « forces étrangères » d’être derrière les manifestants pour « déstabiliser le pays », selon lui, sans plus de précisions, alors que le Sénégal s’apprête à exploiter le gaz et le pétrole.

Le ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang, est même allé plus loin, en appelant la jeunesse à « faire face, quartier par quartier, commune par commune ».

Le parti Pastef d’Ousmane Sonko a appelé, dimanche, à « accentuer et fortifier la résistance jusqu’au départ » du président Macky Sall. Dans son communiqué, il dénonce « une répression meurtrière » de la part des forces de défense et de sécurité.

Bilan actuel : 16 morts officiellement, plus de 350 blessés, selon la Croix-Rouge, quelque 500 arrestations.

Des voix s’élèvent pour appeler le chef de l’État à s’exprimer pour apaiser la situation. Dans le passé, face à des situations critiques, ce sont souvent les chefs religieux qui sont intervenus en tant que médiateurs, comme lors des émeutes meurtrières de mars 2021. Si discussions il y a, elles sont très discrètes pour le moment.

RFI