Guinée : Affrontements entre manifestants et forces de sécurité après un appel du FNDC

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Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) a appelé à manifester, jeudi 20 octobre, dans le Grand Conakry. L’organisation de la société civile dénonce la gestion de la transition par la junte au pouvoir. C’est la première manifestation organisée depuis le 5 septembre dernier. Des violences ont éclaté dès mercredi soir.

Des affrontements ont opposé, une partie de la nuit, des groupes de jeunes et les forces de sécurité qui étaient déployées en grand nombre ce matin sur l’Axe le Prince, mais aussi à d’autres endroits stratégiques de la capitale comme l’autoroute Fidel Castro qui traverse la banlieue sud et notamment au rond-point Tannerie qui devait être le point de départ de cette marche voulue par le FNDC. Aucun manifestant n’a été aperçu au point de rendez-vous qui était sous bonne garde. Un canon à eau et plusieurs pick-up des forces de l’ordre ont été garés à cet endroit pour empêcher le regroupement des militants.

Cinq blessés par balles

L’organisation, dissoute au mois d’août, a lancé plusieurs avertissements, appelant les Conakryka à ne pas prendre leur voiture, demandant aux entreprises de rester fermées pour éviter « tout incident dommageable ». Ce jeudi matin, la circulation était exceptionnellement fluide sur les routes d’habitude très encombrées de la capitale guinéenne. Sur les portions de l’Axe encore accessibles, il y avait peu de véhicules. Les autres tronçons étaient tout simplement coupés par les manifestants qui ont monté, par endroits, des barrages d’ordures enflammées.

Côté bilan, le FNDC a fait état de cinq blessés par balles, dont un dans un état grave. Ce dernier aurait été atteint à l’abdomen, dans le quartier Wanindara, situé sur l’Axe. Le chiffre avancé par le FNDC ne peut pas être confirmé pour l’instant, estime le porte-parole du ministère de la Sécurité. Alors que les effectifs sont encore sur le terrain, Mory Kaba ne dispose d’aucun bilan. Il y a des blessés parmi les membres des forces de sécurité, dit-il, mais il ne peut pas avancer de données précises.

Un journaliste interpellé puis libéré

D’après le FNDC, des militaires auraient été déployés à travers Conakry, la nuit dernière, où des tirs de sommation ont été entendus par des témoins dans certains quartiers contestataires.

Dans la matinée, un journaliste a été arrêté à Koloma-marché par des éléments du Bata, le Bataillon autonome des troupes aéroportées. Il était en train de photographier le déploiement massif des militaires dans le quartier, devant le siège de la radio City FM où il travaille. Un soldat lui a alors confisqué son téléphone, l’a fait monter sur un pick-up, raconte-t-il à RFI. Emmené au camp Alpha Yaya, un haut gradé décide finalement de le laisser partir après avoir veillé à ce qu’il efface les clichés incriminés. Il a été libéré deux heures après son interpellation.

La manifestation du FNDC intervient au moment même où une mission technique de la Cédéao est dans le pays pour discuter du chronogramme de la transition. L’organisation sous-régionale refuse d’accepter le délai de trois ans décidé par les autorités guinéennes. Le médiateur de la Cédéao, l’ex-président béninois Boni Yayi est également à Conakry pour sa troisième visite aux autorités en trois mois.