Chronique de madame Christhelle Houndonougbo Alioza : La responsabilité : flamme de l’honneur, fondement du respect

Chronique

« La responsabilité : flamme de l’honneur, fondement du respect ». C’est le thème de la chronique de cette semaine. Madame Christhelle Houndonougbo Alioza nous fait savoir qu' »Être responsable, c’est refuser la facilité du mensonge, de la fuite, du désengagement. C’est choisir d’assumer, de bâtir, de réparer, même lorsque cela coûte ». Elle cite Albert Camus : « L’honneur consiste à être responsable de ce que l’on est. » . CHA nous fait cette invitation. « Puissions-nous, en cette nouvelle semaine, nous élever à la hauteur de nos responsabilités , qu’elles soient familiales, professionnelles, citoyennes ou spirituelles. Car chaque acte responsable, aussi modeste soit-il, participe à la construction d’un monde plus juste, plus digne, plus humain ». Lire la chronique de la semaine.

 

Chers ami.e.s,

 

Dans une époque marquée par l’instabilité des repères et l’effritement des valeurs fondamentales, la responsabilité demeure l’un des rares piliers capables de restaurer la confiance, d’élever l’homme et de refonder les sociétés. Elle est, selon les mots du philosophe Jean-Paul Sartre, « ce qui fait que l’homme n’est rien d’autre que ce qu’il se fait ». Être responsable, c’est se tenir debout dans un monde qui chancelle. C’est choisir de répondre devant soi-même, devant autrui, devant l’histoire.

 

La responsabilité n’est ni un simple devoir social, ni une posture morale ; elle est une force active, un acte de foi en la dignité humaine. Elle engage l’individu à honorer sa parole, à assumer ses choix, et à rendre compte, non seulement de ses actes, mais aussi de leurs conséquences. Elle est ce lien invisible qui unit l’éthique de la parole à celle de l’action.

 

Dans les réalités souvent âpres de nos sociétés surtout africaines, la responsabilité prend un visage concret : celui de mères qui, sous le poids de charges écrasantes, se privent pour assurer l’éducation de leurs enfants ; celui de pères qui, malgré des revenus précaires, refusent de céder à la facilité de l’abandon. Ces figures discrètes, souvent anonymes, incarnent la grandeur silencieuse de ceux qui portent leur croix sans bruit. Ils ne cherchent ni gloire ni reconnaissance, mais agissent en conscience, pour léguer à leurs descendants un peu plus de lumière que l’obscurité qu’ils ont reçue.

 

Un proverbe bambara dit  « Le baobab ne se vante pas de sa hauteur ; il s’élève en silence. » C’est ainsi que vit le responsable, enraciné dans le devoir, tendu vers la transmission. À l’inverse, le renoncement à ses obligations, notamment parentales ou sociales, crée une brèche dans le tissu de la confiance collective. Lorsqu’un parent se dérobe, c’est plus qu’un foyer qui vacille ; c’est la promesse même de stabilité et d’avenir qui se fissure.

 

Sur l’autre rive de l’échelle sociale, la responsabilité se déploie à l’échelle de la cité. Elle y devient un impératif politique, une exigence morale pour celles et ceux qui exercent le pouvoir. Thomas Sankara, figure emblématique de l’intégrité en politique, affirmait : « Il ne peut y avoir de véritable développement sans une dose importante de probité morale. » Son choix radical de vivre avec sobriété, de refuser les privilèges, et de remettre l’intérêt collectif au cœur de l’action publique, reste une leçon de responsabilité incarnée. Son gouvernement, bien que bref, fut un modèle de cohérence entre parole et action.

 

Nelson Mandela, quant à lui, nous enseigne que la responsabilité peut aussi être un acte de transcendance. Après vingt-sept années de détention, il choisit le pardon et l’unité plutôt que la vengeance et le ressentiment. En posant ce geste, il nous rappelle que la véritable responsabilité dépasse les blessures personnelles pour s’orienter vers le salut collectif. Il disait d’ailleurs  « Être libre, ce n’est pas seulement se débarrasser de ses chaînes ; c’est vivre d’une manière qui respecte et renforce la liberté des autres. »

 

Plus récemment, des dirigeants comme John Magufuli en Tanzanie, par leur rigueur dans la gestion des ressources publiques, ont démontré que gouverner autrement était possible, dès lors qu’on accepte de répondre en conscience devant son peuple et devant l’histoire.

 

Il ne peut y avoir de confiance durable ni dans la famille, ni dans l’entreprise, ni dans la nation sans responsabilité. La confiance est un capital fragile, dont la construction demande des années, mais que l’irresponsabilité peut anéantir en un instant.

 

Être responsable, c’est refuser la facilité du mensonge, de la fuite, du désengagement. C’est choisir d’assumer, de bâtir, de réparer, même lorsque cela coûte. Comme l’écrivait Albert Camus : « L’honneur consiste à être responsable de ce que l’on est. »

 

La responsabilité parentale, notamment en matière d’éducation, est l’un des fondements les plus durables de toute société stable. Former un enfant, ce n’est pas seulement l’instruire, c’est aussi l’orienter, le soutenir, l’aimer dans l’exigence. C’est lui transmettre non seulement des savoirs, mais des repères, des valeurs, une boussole intérieure. Alors que s’ouvre une nouvelle année scolaire, puissions-nous saluer et soutenir les efforts inlassables des parents, des enseignants, des éducateurs et de toute la communauté scolaire du Bénin. À vous toutes et tous, nous souhaitons une belle et fructueuse rentrée des classes, placée sous le signe de l’engagement, du respect et de la transmission.

 

Dans l’entreprise, un chef qui protège ses employés plutôt que ses intérêts immédiats devient un leader respecté. Dans les relations humaines, une personne qui reconnaît ses torts et s’efforce de corriger ses erreurs devient digne de confiance. Dans la société, des citoyens qui respectent les lois, paient leurs impôts et participent activement à la vie publique deviennent les bâtisseurs silencieux du progrès.

 

La responsabilité n’est pas un luxe ; elle est une nécessité vitale pour toute société qui aspire à la justice, à la paix et à la prospérité. Elle est la clé de voûte de toute relation humaine stable et féconde. Elle est le socle sur lequel s’érige la confiance, et sans confiance, il n’est de société viable.

 

Puissions-nous, en cette nouvelle semaine, nous élever à la hauteur de nos responsabilités , qu’elles soient familiales, professionnelles, citoyennes ou spirituelles. Car chaque acte responsable, aussi modeste soit-il, participe à la construction d’un monde plus juste, plus digne, plus humain.

Bonne année scolaire aux enfants, aux familles et à tout le Bénin.

 

CHA.

Femme nmNoire, Femme de Pouvoir !