En Guinée-Bissau, moins de sept jours après la prise de pouvoir par les militaires et la suspension de l’ensemble du processus électoral, la Commission électorale nationale a, pour la première fois, convoqué la presse ce mardi 2 décembre. Lundi, lors de sa visite, la Cédéao mais aussi l’opposition et la société civile ont appelé à la publication des résultats de la présidentielle. Mais finalement, aucun résultat ne sera publié.
Il est impossible de publier les résultats de la présidentielle et des législatives, affirme la Commission électorale ce mardi 2 décembre, car les procès-verbaux des résultats dans les régions ont été confisqués par l’armée. Les procès-verbaux de la capitale Bissau, tout comme les téléphones et ordinateurs de l’instance chargée d’organiser les élections, ont aussi été confisqués par les militaires le jour du coup de force.
Le processus électoral, perturbé à l’une de ces étapes clefs, ne peut être repris, ni achevé, affirme la Commission électorale dans cette première prise de parole publique depuis le coup d’État. C’est aussi ce qu’elle dit avoir expliqué à la délégation de la Cédéao lundi.
La conférence de presse n’a duré que quelques minutes. Le président de l’instance électorale, Npabi Cabi, qui avait été détenu cinq jours dans les locaux de la Commission nationale électorale avant d’être libéré dimanche, était présent. Les traits tirés, il n’a pas prononcé un mot. La presse n’a été autorisée à poser aucune question.
Les options de la reprise du processus démocratiques semblent se réduire
Si la délégation de la Cédéao, menée par le président en exercice, Julius Maada Bio, a appelé lundi au retour à l’ordre constitutionnel, elle n’a pas obtenu la libération de l’ensemble des détenus ni la publication des résultats. La Cédéao promet de se pencher sur le cas de la Guinée-Bissau lors d’une réunion extraordinaire des chefs d’État de la région le 14 décembre prochain.
Du côté de la ligue guinéenne des droits de l’homme, c’est la déception ce mardi matin. Elle se dit inquiète pour les personnes qui sont toujours en détention. Parmi elles, il y a l’opposant historique Domingo Simoes Pereira, tout comme un membre de son équipe de campagne et un cadre de son parti, le PAIG. Le procureur général de la Guinée-Bissau, Fernando Gomez, est également toujours en détention.
Enfin, Fernando Dias, candidat de l’opposition, qui revendique la victoire à cette présidentielle, a lui obtenu la protection du Nigeria et l’asile politique, comme l’a confirmé le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué lundi.