Réforme des retraites : 12e journée de grève à la veille de la décision du Conseil constitutionnel

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Trois mois après la présentation de la réforme des retraites en France, le Conseil constitutionnel doit se prononcer vendredi 14 avril sur la validité du texte. En attendant, l’intersyndicale appelle ce jeudi à une douzième journée de mobilisation nationale.

L’heure de vérité approche pour les syndicats. Trois mois après le début d’une mobilisation « historique » contre la réforme des retraites, le Conseil constitutionnel doit se prononcer vendredi en fin de journée sur la recevabilité du texte, adopté au Parlement après l’usage du 49-3. D’ici là, l’intersyndicale organise ce jeudi une nouvelle journée de mobilisation, la douzième depuis fin janvier. Et peut-être la dernière au complet. Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, n’a en tout cas pas exclu cette éventualité. « Vous attendrez le début de la semaine prochaine pour avoir une réponse à cette question », a-t-il répondu sur LCI mardi.

Les autorités s’attendent à voir entre 400 000 et 600 000 manifestants dans tout le pays. La semaine dernière, ils étaient 570 000 à descendre dans la rue d’après le ministère de l’Intérieur, 2 millions selon la CGT. À Paris, un cortège partira de la place de l’Opéra pour rejoindre celle de la Bastille. Des perturbations sont à attendre à la SNCF, avec en moyenne quatre TGV sur cinq, et trois TER sur cinq. Le trafic du métro et des RER en région parisienne devrait être lui « quasi-normal ». Des annulations de vols sont également programmées dans les aéroports de Nantes, Bordeaux et Toulouse. La CGT appelle par ailleurs à une grève de 24 heures dans toutes les raffineries.

Il ne s’agit pas de mettre la pression sur les Sages de la rue Montpensier, assure pourtant Cyril Chabanier, président du syndicat CFTC, mais de leur faire passer un message : montrer que le climat social reste tendu et la détermination des citoyens intacte, pour les inciter à trouver des failles dans le texte. « On montre cette colère la veille, mais on ne met pas de pression, parce qu’on ne remet pas en cause la légitimité de l’institution qui est la plus importante de notre pays », insiste-t-il.

Trois options

Trois scénarios sont sur la table : une validation du texte, une censure partielle ou une censure totale. Le Conseil constitutionnel doit également juger si la demande de référendum d’initiative partagée (RIP) de la gauche est recevable ou non.

Même si Laurent Berger avait espéré la semaine dernière une censure de « l’ensemble de la loi », ce scénario n’est pas celui que privilégient les leaders syndicaux. En cas de censure partielle, le patron de la CFDT a suggéré que le président de la République se saisisse de l’article 10 de la Constitution, « pour aller vers une nouvelle lecture à l’Assemblée nationale ». Cet article permet au président de la République, avant la promulgation de la loi, de proposer au Parlement une nouvelle délibération. Une censure partielle offrirait aux syndicats l’occasion d’interpeller à nouveau l’exécutif, au motif que « l’équilibre du texte que prétendait avoir le gouvernement n’est plus respecté », a expliqué la semaine dernière la numéro 2 de la CFDT, Marylise Léon.

Les syndicats espèrent à tout le moins que le Conseil constitutionnel valide le Référendum d’initiative partagé, ce qui permettrait de « créer des perspectives », selon Benoît Teste, de la FSU. « Les 4,8 millions de signatures (nécessaires pour le RIP, ndlr), on ira les chercher. La réforme sera toujours injuste, on continuera à la combattre », assure Dominique Corona (Unsa).

Le troisième scénario, où la loi serait validée, mais pas le RIP, est celui qui inquiète le plus les syndicats, qui craignent dans cette hypothèse d’être débordés par leur base. Interrogé par l’AFP mardi, Christophe Aubert, coordinateur CGT Exxon Mobil, s’est dit prêt à aller « jusqu’au retrait de la réforme ». « Que le Conseil constitutionnel valide ou pas, ça ne changera pas notre lutte », a-t-il affirmé, précisant que la raffinerie de Donges, près de Saint-Nazaire, appelait à 48 h de grève jeudi et vendredi. « On verra ce que dit l’intersyndicale. Mais nous, on sent bien sur le terrain que les salariés ne veulent pas de cette loi et donc, nous, on conservera notre outil syndical à disposition des salariés qui veulent continuer à se battre », a de son côté affirmé Fabien Dumas de Sud-Rail.

Les éboueurs parisiens prêts à un «  acte 2 »

Après avoir annoncé le 28 mars une suspension de son mouvement entamée trois semaines plus tôt, la CGT de la filière déchets et assainissement de Paris entend quant à elle mener un « acte 2 » de la mobilisation des éboueurs avec un nouvel appel à la grève reconductible à partir de jeudi. « On repart, parce que pour nous cette réforme des retraites doit tomber, et ce quelle que soit la décision du Conseil constitutionnel vendredi », a déclaré lors d’un point presse Régis Vieceli, secrétaire général du syndicat CGT-FTDNEEA.

L’intersyndicale avait prévenu la Première ministre la semaine dernière, à la sortie d’une réunion à Matignon : pas question pour elle de « tourner la page » et de reprendre le dialogue avec le gouvernement comme si de rien n’était. Mardi, lors de la séance des Questions au gouvernement à l’Assemblée, le ministre du Travail Olivier Dussopt a estimé que le texte arrivait « à la fin d’un cheminement », et redit que le gouvernement était prêt à renouer le dialogue. « Nous avons reçu la semaine dernière l’intersyndicale pour dire à la fois qu’il y a toujours un désaccord sur la question de l’âge, mais aussi qu’il y a d’autres sujets sur lesquels nous devrons travailler et que lorsqu’ils y seront prêts, la porte de Matignon comme celle du ministère du Travail sont évidemment ouvertes pour continuer à avancer », a-t-il dit.

RFI