Bénin : 1.188 cybercriminels dans les mains de la justice

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Au Bénin,  à la date du 21 avril 2023,  1.188 détenus séjournent dans les prisons pour des faits de cybercriminalité. Et parmi ceux-ci, il y a des enseignants. De 2021 à Mars 2023, plus de 2 milliards 700 millions ont été soutirés des poches des citoyens béninois et étrangers par ces cybercriminels qui risquent entre 02 et 20 ans de prison.

Au cours de l’émission spéciale  » La cybercriminalité : un fléau moderne », Mario Mètonou, le procureur spécial près la Criet a fait le point des cybercriminels déjà traqués au Bénin. Il précise que ce point prend en compte les cybercriminels déjà condamnés et ceux en attente de procès. Et au Procureur spécial,  Mario Mètonou, d’ajouter: « à la date d’aujourd’hui, nous avons 1188 détenus dans les prisons pour des faits de cybercriminalité au Bénin. Je parle à la fois de ceux qui ont été condamnés et ceux qui sont en attente de procès », a-t-il précisé. S’agissant des condamnations rendues, il détaille les points par année judiciaire. Selon le procureur spécial près la Criet,  » au cours de l’année judiciaire 2020-2021, nous avons eu 360 condamnations pour des questions de cybercriminalité ; l’année judiciaire 2021-2022, nous avons eu 451 et au cours de cette année judiciaire (2022-2023) qui est encore en cours, nous sommes à 263 condamnés >>, a-t-il présenté.

A propos de la lutte contre la cybercriminalité, il fait savoir:   » nous n’avons jamais baissé les bras, nous faisons ce qu’il faut pour que la cybercriminalité ne soit plus un modèle économique qu’on brandit à la jeunesse pour lui faire croire qu’il y a moyen de se développer, de s’enrichir, de vivre de cette cybercriminalité ».

Parmi ces détenus, on dénombre des enseignants. « J’ai eu déjà à déférer 5 enseignants du primaire et 1 directeur d’école de Cotonou pour des faits de cybercriminalité », a déclaré Donatien SOKOU, Commissaire de l’OCRC. Et au commissaire d’ajouter:  « Ce n’est donc pas pour manque d’emplois que des gens empruntent ce mauvais chemin. La traque va se poursuivre », a-t-il avertit.

Plus de 2 milliards 700 millions soutirés

A propos de la lutte contre la cybercriminalité, Mario Metonou fait savoir: « nous n’avons jamais baissé les bras, nous faisons ce qu’il faut pour que la cybercriminalité ne soit plus un modèle économique qu’on brandit à la jeunesse pour lui faire croire qu’il y a moyen de se développer, de s’enrichir, de vivre de cette cybercriminalité ».

Il faut préciser que de 2021 à Mars 2023, plus de 2 milliards 700 millions ont été soutirés des poches des citoyens béninois et étrangers par ces gens guidés par des gains faciles. Par ailleurs, cette pratique criminelle a des conséquences sanitaires déplorables sur les victimes. Beaucoup d’entre eux font des AVC sévères qui conduisent à la mort. Certains perdent leur emploi et d’autres se suicident.

Des précisions de Mario Metonou

Selon le procureur spécial près la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), Mario Mètonou, intervenu ce vendredi 21 avril 2023 sur l’émission spéciale sur la « Cybercriminalité : fléau moderne », sur la télévision nationale, les peines encourues par les mis en cause trouvent leur source dans la loi portant Code du numérique en République du Bénin. « Au terme de l’article 566 de la loi portant Code du numérique, la peine varie de 02 ans à 7 ans d’emprisonnement fermes et vous risquez également une peine d’amende d’1 millions de francs CFA. Mais ça, c’est dans les cas où vous êtes reconnus coupables d’escroquerie via internet et qu’il n’y a pas de circonstances aggravantes », a-t-il précisé.

Mario Metonou faut savoir que la peine est lourde dans les cas où il y a des circonstances aggravantes.  « Il y a des circonstances aggravantes qui peuvent faire monter la peine très haut. Les circonstances aggravantes peuvent être liées d’une part, à la qualité de l’auteur et d’autre part, au statut de la victime. Dans la première catégorie, vous avez par exemple un auteur qui est un dépositaire de la force publique, un agent public”. Il prend l’exemple de sa corporation. “Si par exemple un magistrat commet l’escroquerie via internet, la peine qu’il encourt n’est pas de 7 ans, c’est de 10 ans à 20 ans. Vous avez une personne qui n’est pas dépositaire de l’autorité publique, mais qui utilise cette qualité pour escroquer. On a déjà eu ça ici, les gens qui se sont passés pour être le procureur spécial près la Criet et en cette qualité, sont allés escroquer d’autres personnes. Dans ces cas-là, lorsque vous usurpez cette qualité pour commettre l’infraction, c’est une circonstance aggravante, vous risquez la peine de 10 ans à 20 ans. Troisième hypothèse, toujours liée à la qualité de l’auteur, lorsque vous faites appel à l’épargne publique, vous utilisez l’internet, vous faites appel au public, vous mobilisez des droits et des biens pour l’escroquerie, c’est une circonstance aggravante, vous pouvez être condamné de 10 ans à 20 ans. Pour les circonstances aggravantes tenant au statut ou à la qualité de la victime, lorsque vous commettez la cybercriminalité sur une personne vulnérable (malade, souffrant d’une déficience mentale, une personne dont la vulnérabilité n’est pas inconnue de vous au moment où vous l’escroquez), vous réunissez également les conditions pour la circonstance aggravante et la peine que vous encourez dans ce cas est de 10 ans à 20 ans d’emprisonnement fermes avec une amende de 25 millions de francs Cfa et également vous risquez la confiscation de tous les biens, de tous les patrimoines que vous avez accumulés par cette infraction », a expliqué le Procureur Spécial près la Criet

A.C.C.& F. KOUWAFIN