Tanzanie : Un proche de l’ex-président Magufuli démissionne et dénonce la dérive du pouvoir

Afrique

En Tanzanie, une démission retentissante secoue le parti au pouvoir. Humphrey Polepole, ancien proche de l’ex-président Magufuli, a quitté dimanche 13 juillet son poste en dénonçant des pratiques gouvernementales contraires aux « droits humains, à la paix et à la dignité des personnes ». Il s’agit de la première démission publique d’un ambassadeur tanzanien depuis les années 1960. 

En Tanzanie, ce geste est interprété par plusieurs observateurs comme un signal politique à quelques mois des élections et un règlement de comptes interne au parti Chama cha Mapinduzi (CCM). Dans sa lettre adressée à la présidente Samia Suluhu Hassan, Humphrey Polepole dénonce une gouvernance qui, selon lui, « ne défend plus correctement les droits humains ».

Fait notable : il vise directement les pratiques du parti au pouvoir, le CCM. Ce ton est inhabituel pour un diplomate. Pour l’analyste Thomas Kibwana, c’est le symptôme d’un malaise profond au sein du parti présidentiel, fragilisé par des rivalités internes. Sa démission tombe juste avant les élections internes du CCM prévues samedi et à la veille d’une nouvelle audience contre l’opposant Tundu Lissu, poursuivi pour trahison depuis plusieurs mois.

Pour Thomas Kibwana, ces deux séquences sont loin d’être anodines. « Cette démission, même si elle s’inscrit dans des jeux d’influence au sein du CCM, vient aussi nourrir la défiance vis-à-vis du pouvoir et de la justice, illustrée par les poursuites persistantes contre Tundu Lissu », explique-t-il.

L’effet reste néanmoins limité. Beaucoup de Tanzaniens y voient avant tout un calcul politique. Membre d’une faction marginalisée depuis trois ans, Humphrey Polepole chercherait avant tout à se repositionner, estime l’analyste. « Avec les élections qui approchent et redoutant une mise à l’écart, il tente de redevenir une figure militante, après des années passées dans les cercles du pouvoir », termine-t-il.