France
Ce que l’on sait de l’affaire dans laquelle une infirmière est mise en examen
La femme, qui travaillait dans le service de réanimation néonatale, a également été mise en examen pour captation et diffusion d’images à caractère pédopornographique. Les faits ont été commis en décembre 2024 et janvier 2025, d’après le parquet de Bobigny.
De rumeurs sur les réseaux sociaux jusqu’à la mise en examen d’une infirmière samedi 2 août, l’affaire des agressions sexuelles sur des nourrissons au sein du service de réanimation néonatale de l’hôpital de Montreuil (Seine-Saint-Denis) fait du bruit. Franceinfo fait le point sur ce que l’on sait, à ce stade, de l’enquête ayant abouti à deux mises en examen, celles d’une femme de 26 ans et d’un homme de 28 ans.
Une infirmière et un homme mis en examen pour agressions et complicité d’agressions sexuelles sur des nourrissons
Mercredi 30 juillet au soir, une infirmière à l’hôpital André-Grégoire de Montreuil ( Nouvelle fenêtre) s’est présentée d’elle-même au commissariat de Clichy-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, selon le parquet de Bobigny, en charge de l’enquête. Elle y a dénoncé des faits qu’elle aurait commis en décembre 2024 et janvier 2025. La femme de 26 ans a depuis été mise en examen, samedi, pour « agressions sexuelles sur mineurs de 15 ans » après exploitation de vidéos impliquant des nourrissons, et « captation d’images à caractère pédopornographique ».
Un homme de 28 ans, avec qui elle dit avoir été en relation au moment des faits, a, lui aussi, été mis en examen. Il est accusé de complicité d’agressions sexuelles et est soupçonné d’avoir été l’instigateur, ajoute le parquet. La jeune femme a déclaré avoir été sous son emprise.
Les deux mis en cause ont été placés sous contrôle judiciaire, en semi-liberté, contre l’avis du parquet qui avait requis leur placement en détention provisoire. Le groupement hospitalier de territoire Grand Paris Nord-Est (GHT GPNE) précise que l’infirmière mise en cause « a été suspendue à titre conservatoire en attendant les conclusions de l’enquête de police ».
Deux victimes identifiées au sein du service de réanimation néonatale de l’hôpital de Montreuil
Au moins deux victimes ont pour l’heure été identifiées dans l’exploitation des vidéos, affirme le parquet. Il précise qu’« il n’y a aucun caractère racial dans le passage à l’acte ; l’un des enfants est blanc, l’autre noir ». Dans un communiqué diffusé vendredi, consulté par l’AFP, la direction du groupement hospitalier assure que « cette infirmière exerçait exclusivement dans le service de réanimation néonatale de l’hôpital de Montreuil », qui prend en chargé les bébés nés prématurément, et ne travaillait pas à la maternité.
« Les agissements de cette infirmière, s’ils sont confirmés par l’enquête de police actuellement en cours, sont une grave dérive personnelle que l’hôpital condamne fermement. Ils ne sont en aucun cas une pratique collective de service », ajoute la direction du GHT GPNE.
Des vidéos sur les réseaux sociaux à l’origine des accusations
L’affaire fait suite à la diffusion sur le réseau social TikTok de vidéos qui lançaient l’alerte autour des mots-clés « scandale dans un hôpital du 93 ». C’est principalement un utilisateur de TikTok qui a diffusé des rumeurs mercredi, dans une vidéo ayant atteint plus de 1,4 million de vues. Il assurait que « deux personnes qui travaillent avec les nourrissons (…) s’amusent à maltraiter des enfants noirs », avant de glisser que c’est « à caractère sexuel ». « Il est temps maintenant qu’on se déplace pour faire la justice de la rue », lançait le même vidéaste, face à l’inaction de la justice au moment de la publication de la vidéo.
La rumeur avait très rapidement semé l’indignation, mercredi et jeudi, alors que les vidéos visant le service de maternité, et non le service de réanimation néonatale en cause, étaient diffusées. « Des mamans inquiètes » appelaient l’établissement « alors qu’elles y avaient parfois accouché il y a un an », avait déploré la direction du groupement hospitalier, auprès de l’AFP.
Une manifestation réclamant « justice pour les enfants noirs » à l’hôpital de Montreuil
« Justice pour nos enfants », ont crié une cinquantaine de manifestants, samedi, devant l’hôpital de Montreuil, pour dénoncer la responsabilité de l’administration. Ce rassemblement intitulé « Justice pour les nourrissons noirs abusés par le personnel médical », selon Le Parisien dénonçait notamment le caractère raciste des agressions sexuelles. Cette piste a été écartée par les enquêteurs.
Le groupe est ensuite entré dans l’hôpital dans le calme pour solliciter un rendez-vous avec sa direction. La police est finalement intervenue pour évacuer les manifestants. « Nous sommes restés environ une heure à l’intérieur, mais personne de l’administration n’est venu nous recevoir. On a donc décidé de repartir, mais nous comptons revenir dans les prochains jours », explique, dans le même article, Malcolm Biran, membre des collectifs Nehema et puissance noire, à l’origine du rassemblement.