Côte d'Ivoire : Quatre personnalités de l’opposition définitivement exclues de la présidentielle

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La politique en Côte d’Ivoire : l’opposant Tidjane Thiam a bien été radié de la liste électorale définitive. Le nom du président du PDCI n’apparaît pas sur la base de données mise en ligne dans la nuit du mardi 3 au mercredi 4 juin par la Commission électorale indépendante (CEI). Celle-ci a donc appliqué la décision de justice ordonnant la radiation de cet opposant. Autres opposants absents de la liste électorale : Laurent Gbagbo, Guillaume Soro, et Charles Blé Goudé.

Pour comprendre comment on en est arrivé là, il faut revenir à la Constitution. Celle-ci impose aux candidats à la présidentielle d’être exclusivement Ivoiriens. Tidjane Thiam, président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire  (PDCI), principale formation d’opposition, avait la nationalité française depuis 1987. Il en a été libéré le 20 mars 2025, soit quatre mois après la dernière révision de la liste électorale.  Des recours ont contesté son inscription.

Pas d’appel

Fin avril, la justice a estimé que Tidjane Thiam n’était plus Ivoirien au moment de son enrôlement en 2022, une décision fondée sur le code de la nationalité. Le texte précise que tout Ivoirien majeur perd sa nationalité quand il acquiert volontairement une nationalité étrangère. Cette décision ne peut pas faire l’objet d’un appel. Elle s’impose à la commission électorale, qui juge impossible de réviser de nouveau le fichier électoral avant la présidentielle, fin octobre 2025.

Tidjane Thiam se retrouve donc aujourd’hui inéligible. Le président du PDCI, en Europe depuis deux mois, dénonce dans un communiqué « son élimination de la liste électorale » qui constitue selon lui « un exemple de la dérive de la Côte d’Ivoire vers une absence totale de démocratie ». L’homme a annoncé saisir le Comité des droits de l’homme des Nations unies, dont les décisions ne sont pas contraignantes. Pour l’opposant, plusieurs décisions judiciaires ivoiriennes sont « attentatoires à ses droits civils et politiques ».« Ces attaques contre la démocratie doivent cesser, le gouvernement doit garantir des élections libres, équitables et inclusives », a poursuivi l’opposant.

Plénière du Sénat boycottée

Dans la foulée, les six élus PDCI au Sénat ont boycotté une plénière pour dénoncer, un climat politique « pesant et incertain ». Le parti d’opposition annonce également l’organisation de « manifestations ». Le PDCI dit tenir « les dirigeants du RHDP responsables de la situation pour avoir ignoré les appels au dialogue politique ».

Autre parti concerné par l’absence de son chef sur la liste électorale, le Cojep de Charles Blé Goudé. Pour le porte-parole de la formation, « le RHDP écarte ses concurrents pour s’assurer la victoire à la présidentielle ».

De son côté, le parti au pouvoir, le RHDP, rejette ces critiques. Selon ses porte-paroles, « Ce n’est pas le président Alassane Ouattara qui a demandé le retrait de Thiam et Gbagbo ». Des porte-paroles qui ajoutent que les partis d’opposition ne sont pas radiés de la liste électorale. Autrement dit : à eux de trouver des plans B en vue de la présidentielle.

Les opposants absents de la liste électoraleoutre Tidjane Thiam : l’ancien président Laurent Gbagbo, l’ex-Premier ministre en exil, Guillaume Soro, et l’ancien ministre de la Jeunesse Charles Blé Goudé. Tous les trois sont radiés depuis leurs condamnations respectives par la justice ivoirienne.