Au Mali, une vingtaine de militaires ont été arrêtés, soupçonnés de vouloir renverser la junte, elle-même arrivée au pouvoir par deux coups d’Etat successifs
Les autorités maliennes ont procédé depuis plusieurs jours à « au moins une vingtaine d’arrestations » de militaires soupçonnés de vouloir renverser la junte, elle-même arrivée au pouvoir par deux coups d’Etat successifs en 2020 et 2021.
« Depuis trois jours, il y a des arrestations liées à une tentative de déstabilisation des institutions. Il y a au moins une vingtaine d’arrestations », a confirmé à l’AFP une source sécuritaire malienne. Une autre source au sein de l’armée confirme une « tentative de déstabilisation » : « Nous avons procédé aux arrestations nécessaires ».
Selon d’autres sources, plus de 30 officiers, dont deux figures de premier plan : le général de brigade Abass Dembélé, ancien gouverneur de la région de Mopti, et le Général Nema Sagara, l’une des personnalités féminines les plus influentes de l’armée de l’air malienne ont été arrêtés. Les autorités les soupçonnent d’être impliqués dans une tentative présumée de coup d’État. L’opération, menée dans la plus grande discrétion par des forces spécialisées, a visé des cercles réputés hostiles à la junte militaire.
Profonde crise sécuritaire
Le général Abass Dembélé n’est pas un officier ordinaire : fils d’un ancien chef d’état-major, formé en France et aux États-Unis, il a participé à des opérations cruciales, notamment durant la bataille de Konna en 2013. Le général Abass Dembélé, ancien gouverneur de la région de Mopti (centre) et figure respectée au sein de l’armée fait partie des militaires arrêtés. « Des militaires sont venus tôt ce matin (dimanche) pour arrêter le général Abass Dembélé à Kati (en banlieue de Bamako). On ne lui a pas dit pourquoi il est arrêté », a raconté à l’AFP un proche du général.
Le Général Nema Sagara, pionnière de l’armée de l’air
La présence du Général Nema Sagara dans cette affaire frappe également les esprits. Officière de haut rang et rare figure féminine à ce niveau de responsabilité dans l’armée malienne, elle a longtemps été présentée comme un exemple de leadership et de compétence au sein des forces aériennes. Son arrestation ajoute une dimension inédite à cette vague de mises en cause.
Des arrestations révélatrices d’un climat sec et répressif
Alors que le régime militaire, issu des putschs de 2020 et 2021, resserre son contrôle, cette purge semble viser à neutraliser toute opposition interne. L’ampleur de l’opération, plus de 30 officiers arrêtés simultanément, illustre un climat de méfiance extrême au sein des autorités de transition. Ceci, dans un contexte déjà marqué par la dissolution des partis politiques et la répression des voix dissidentes.
Le Mali est en proie depuis 2012 à une profonde crise sécuritaire nourrie notamment par les violences de groupes affiliés à Al-Qaïda et à l’organisation État islamique (EI), ainsi que de groupes criminels communautaires. Elle s’ajoute à une grave crise économique.
Ce dimanche, à 18h, heure de Bamako, la situation etait toujours floue. Les autorités maliennes n’avaient, en début de soirée, toujours pas fait de communication officielle, tant sur les raisons que sur l’ampleur de ces arrestations.