Sénégal : Ouverture d’un dialogue national axé sur les réformes politiques

Afrique

Au Sénégal, c’est ce 28 mai que s’ouvrent les journées du dialogue national axé, cette année, sur la réforme du système politique. Jusqu’au 4 juin, les partis politiques sénégalais et tous les acteurs de la société civile intéressés vont plancher sur l’amélioration du système électoral et de la vie politique en général.

Au centre de conférence de Diamniadio en banlieue de Dakar, le dialogue national s’est ouvert ce mercredi 28 mai sur un appel de plusieurs figures de l’opposition à une pacification de l’espace politique.

« Le climat est tendu », a pointé Amadou Ba, ancien Premier ministre, arrivé deuxième à la présidentielle. Invité à s’exprimer à l’ouverture des travaux en tant que chef de l’opposition Amadou Ba a pointé « des arrestations, des restrictions à la liberté qui interpellent » faisant référence à l’arrestation de plusieurs opposants, mais aussi de journalistes.

« Pacte de pacification politique »

Parlant de « nécessité de dialoguer », il a appelé à un « pacte de pacification politique » fondé sur le respect des libertés et l’indépendance des médias, appelé aussi à une réforme de la Haute Cour de justice. « Sa composition, aujourd’hui alignée sur la majorité parlementaire, ne garantit pas l’impartialité attendue », a aussi affirmé Amadou Ba.

Une invitation à faire baisser les tensions politiques relayées par la dizaine de figures de l’opposition qui s’est exprimée à l’ouverture des travaux. L’opposant Khalifa Sall a plaidé pour « une conduite plus apaisée et civilisée de la reddition des comptes » en référence aux 5 anciens ministres actuellement inculpés par la haute cour de justice pour détournement de fonds présumés.

Autre attente formulée par l’opposition : celle d’ouvrir ce dialogue aux questions sociales et économiques, préoccupation majeure de la population selon l’ex-maire de Dakar, Khalifa Sall.  Le chef de l’opposition Amadou Ba a donc demandé que cette question soit inscrite à l’ordre du jour, en plus des réformes du système électoral et des questions de liberté publique.

« Le Sénégal fait face à des pertes d’emplois, à une dette croissante et préoccupante », a affirmé Amadou Ba.  « On ne peut pas s’entendre sur les causes, mais il faut qu’on s’accorde sur les solutions », a-t-il dit.  À la mi-journée, on attendait le discours du président de la République, Bassirou Diomaye Faye, qui ne s’était pas encore exprimé.

Un programme ambitieux 

C’est donc un programme ambitieux qui attend les quelque 800 participants, partis politiques et membres de la société civile réunis ici au centre de conférence de Diamniado jusqu’au 4 juin. Comment améliorer l’organisation des élections au Sénégal ? Faut-il inscrire automatiquement tous les citoyens de plus de 18 ans au fichier électoral ? Prévoir un bulletin unique, ouvrir le vote aux détenus ou encore réduire le nombre de partis politiques et rendre plus transparent leur financement ? Voilà quelques-unes des grandes questions auxquelles les participants aux journées du dialogue national vont être invités à réfléchir pendant une semaine. 

Des questions majeures, selon le directeur de l’ONG 3D, Moundiaye Cissé qui regrette le boycott des discussions par le parti de l’ex-président Macky Sall et appelle tous les Sénégalais à participer à ces journées de discussions. 

La société civile appelle tous les Sénégalais à participer à ces journées du dialogue national

Léa-Lisa Westerhoff

Des organisations de la société civile qui pour 35 d’entre elles ont déjà listé leurs propositions au dialogue national sur la vie politique dans un document commun. Après des assises sur la Justice l’année dernière, cette édition 2025 est consacrée à la vie politique. Car malgré une 3ᵉ alternance démocratique réussie, le système politique sénégalais présente toujours des fragilités qui méritent d’être corrigées, selon les autorités.

Des participants de toute la société

Autour de la table, durant une semaine, des membres du gouvernement, les organisations religieuses, des universitaires, les partis politiques et des organisations de la société civile. Parmi les grands absents, l’APR, le parti de l’ex-président Macky Sall et quelques figures de l’opposition (comme l’ex-ministre de la justice Aissata Tall Sall ou Thierno Alassane Sall) ont décidé de boycotter les discussions. Ils dénoncent la série d’inculpations d’anciens ministres du régime Macky Sall et une thématique jugée non prioritaire, alors que, selon eux, les Sénégalais attendent plutôt des mesures sur l’emploi et l’économie.