Duo candidats de son parti "LD" à la présidentielle de 2026  : Michel Sodjinou justifie le retrait de son parrainage

Politique

( Si la candidature du parti venait à être invalidée, le député rejette toute responsabilité. Il accuse le président Boni Yayi)

Dans une déclaration, le député Michel Sodjinou s’explique et justifie le retrait de son parrainage au candidat désigné par son parti, Les Démocrates. Comme conséquence, un risque d’invalidation de la candidature du duo candidats LD. Michel Sodjinou est apparu dimanche 19 octobre dans une vidéo, répétant que Me Renaud Agbodjo et son colistier ont été imposés par le président du parti, Boni Yayi, en violation des règles de démocratie interne au parti. Il se défend de toute connivence avec le pouvoir comme l’accuse son parti Les Démocrates. 

Dans une déclaration, le député Michel Sodjinou s’explique et justifie le retrait de son parrainage au candidat désigné par son parti, Les Démocrates. Comme conséquence, un risque d’invalidation de la candidature du duo candidats LD. Michel Sodjinou est apparu dimanche 19 octobre dans une vidéo, répétant que Me Renaud Agbodjo et son colistier ont été imposés par le président du parti, Boni Yayi, en violation des règles de démocratie interne au parti. Il se défend de toute connivence avec le pouvoir comme l’accuse son parti Les Démocrates. 

Dans sa déclaration, l’élu de la 19ème Circonscription électorale, membre du parti « Les Démocrates » dit assumer pleinement son choix de ne pas cautionner la désignation de Me Renaud Agbodjo.

Michel Sodjinou dénonce ce qu’il appelle des « insinuations ridicules » faisant croire qu’il aurait pactisé avec le président Patrice Talon. « Je n’ai jamais rencontré Patrice Talon si ce n’est dans les manifestations officielles », a-t-il précisé. Ces accusations, dira le député, sont le fruit d’un « déni de responsabilité » de certains dirigeants du parti, qui refusent de reconnaître leurs erreurs internes.

Michel Sodjinou réaffirme son engagement pour la démocratie interne au sein du parti Les Démocrates. Il dit s’être opposé aux « logiques exclusionnistes » et aux « méthodes de gouvernance rétrogrades » dont il accuse l’ex-président Boni Yayi. 

 Selon Guy Mitokpè, secrétaire à la communication du parti, « C’est triste qu’on puisse agir de cette manière contre les valeurs républicaines. C’est un crime politique contre son parti qui a fait de lui député pour la première fois de sa vie. Lorsqu’il prend pour alibi la démocratie interne, c’est l’hôpital qui se moque de la charité ». 

Les Démocrates multiplient les recours pour sauver leur participation aux élections. Après un passage devant la Cour d’appel vendredi, leur recours qui devait être examiné ce lundi devant la Cour constitutionnelle est renvoyé au jeudi sur la demande du SA Kamar Ouassangari. Lire ci-dessous l’intégralité de la déclaration de Michel Sodjinou.

A.C.C.

 

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Déclaration de l’Honorable Michel François Oloutoyé SODJINOU, Coordonnateur de la 19e Circonscription électorale du parti Les Démocrates

Dimanche 19 octobre 2025

Chers compatriotes,

 Chers militants du parti Les Démocrates,  Mesdames et Messieurs de la presse,

Je prends la parole ce jour, dimanche 19 Octobre 2025, non pour répondre aux injures et aux affabulations, mais par devoir de vérité envers le peuple béninois. Le temps de la politique menée dans l’ombre et du mensonge organisé est révolu.  Mon propos va donc s’articuler en trois phases.

 

  1. La preuve de la mauvaise foi des responsables du parti LD  

Avant-hier, vendredi 17 octobre 2025, le parti Les Démocrates, par le biais d’un huissier de justice, puis du candidat désigné, M. Renaud Agbodjo, a tenté de notifier à la CENA un formulaire de parrainage portant mon nom. L’issue, que tout esprit éclairé prévoyait, fut sans appel.   Ceci démontre que l’urgence de leur action ne visait qu’à dissimuler l’inconduite et la mauvaise foi qui a cours depuis des semaines. Rappelons la chronologie des faits.

À la date du 2 septembre dernier, alors qu’il n’y avait aucun consensus et aucun débat ouvert sur la désignation du candidat au sein du parti, ma fiche de parrainage a été remplie au nom de Maître Renaud Agbodjo. Comprenez-vous la gravité de cet acte ? Sans mon avis, sans mon consentement, on a rempli ma fiche ! Cela confirme que la direction du parti avait tout planifié pour que Maître Agbodjo soit, in fine, désigné, justifiant a posteriori une démarche frauduleuse.  

Plus grave encore. Non seulement ce parrainage n’est plus valide, mais il a été purement et simplement falsifié à dessein. Je le dis publiquement aujourd’hui : tous les éléments sont réunis et me fonderaient légitimement à déposer plainte pour falsification de document, faux et usage de faux contre les prétendus bénéficiaires, c’est-à-dire M. Agbodjo et M. Lodjou, ainsi que contre le Président du parti lui-même.

Néanmoins, je ferai preuve de retenue et d’indulgence cette fois-ci. J’estime que le parti Les Démocrates a déjà suffisamment de problèmes, pour lui en rajouter celui de l’exposition, devant l’opinion nationale et les tribunaux, des inconvenances notoires de quelques-uns de ses cadres.

De plus, avec eux, au fond, j’ai toujours entretenu des relations courtoises et respectueuses qui se passeraient bien de cet ultime supplice.

 

  1. Contre les dérives du leadership

Je suis un homme de principe et d’idéal politique. Têtu pour certains, je suis prêt à me battre jusqu’au bout pour défendre mes convictions, et, dans le cas d’espèce, l’idée que je me fais de la justice en politique. J’entends les chuchotements. J’entends les insinuations ridicules selon lesquelles j’aurais « pactisé avec Patrice Talon ». Laissez-moi être clair : je n’ai jamais rencontré Patrice Talon, si ce n’est dans les manifestations officielles. Attribuer ma démarche à une quelconque connivence relève de l’absurdité la plus totale. Cette attitude n’est que le déni de nos responsables, qui refusent une fois encore de se regarder dans le miroir pour apercevoir leurs égarements et leurs propres fautes. Mon combat est pour la démocratie interne. Mon combat est pour notre idéal démocratique.

Pour cette raison, je ne pouvais cautionner les logiques exclusionnistes du président Boni Yayi, ni ses méthodes de gouvernance rétrogrades qui asphyxient l’expression démocratique au sein de notre formation politique. Mon appréhension sur ce processus de désignation ne date pas d’hier. J’ai toujours milité, et c’est un secret de polichinelle, pour le Président Éric Houndété, un homme dont la légitimité au sein du parti est incontestable. Aujourd’hui, on nous impose finalement mon frère Renaud Agbodjo – je n’ai rien contre lui – avec pour seuls critères qu’il est de Savè (…). Aucun critère objectif de mérite ou de consultation réelle ne justifie ce choix si ce n’est le simulacre de commission aux ordres qui a été mis sur pied et téléguidé par le président Boni Yayi. Je ne fais que dire à haute voix ce que la majorité des députés Les Démocrates pensent dans le secret de leurs réflexions sur la gestion du parti.  Permettez-moi une dernière observation sur mon jeune frère, Maître Renaud Agbodjo. C’est amusé et consterné que j’ai pris acte de sa sortie, en date du samedi 18 octobre 2025, durant laquelle il s’est permis d’insinuer que j’aurais « disparu » et qu’ « à ce jour, personne n’a vu Sodjinou Michel « . Comment peut-il s’aventurer sur un terrain aussi glissant quand il sait pertinemment que malgré mon silence, j’ai continué de vaquer à mes occupations habituelles à mon domicile, que je suis allé retirer en personne ma seconde fiche de parrainage à la CENA, quand il sait que j’ai rendu publique ma déclaration du jeudi 16 octobre 2025 – qui, soit dit en passant, a inspiré le lendemain une contrefaçon à laquelle je ne m’associe pas. Comment peut-il à ce point se méprendre sur la vérité des faits, lui qui sait que plusieurs cadres du parti, y compris notre aîné Sacca Fikara, se sont rendus à mon domicile pour me rencontrer ? Sans compter que d’autres, y compris lui-même,  sont constamment restés en contact avec moi par téléphone ces derniers jours ! Il suffit de consulter l’historique de nos conversations sur les applications de messagerie instantanée pour en avoir le cœur net. Voilà l’illustration parfaite des inconséquences de mon jeune frère, celui d’entre nous qui était pressenti pour porter les couleurs du parti. C’est pathétique. Avec le recul et l’évidence de ces manœuvres, tout ceci me conforte dans ma position. Je suis davantage convaincu, et j’en rends grâce à Dieu, d’avoir fait le choix juste en n’accordant pas mon parrainage à Maître Renaud Agbodjo.

 

  1. Le choix délibéré du président Boni Yayi de sacrifier le parti

Contrairement à ce qui est propagé, lorsque j’ai retiré ma fiche de parrainage, j’ai clairement indiqué par écrit au Président du parti que je restais ouvert au dialogue. Le Président Boni Yayi, avec qui je me suis entretenu par personne interposée, entre le retrait de ma nouvelle fiche de parrainage et l’expiration du délai de dépôt des dossiers, savait pertinemment que j’étais disposé à remettre cette fiche de parrainage, pourvu qu’une solution de consensus respectueuse des règles internes et du bon sens soit trouvée. Pourtant, face à l’ultimatum, il a préféré sacrifier le parti et sa participation aux élections sur l’autel de ses ambitions, en maintenant l’imposition de Maître Renaud Agbodjo.

C’est donc le président Boni Yayi qui est responsable à part entière de la disqualification du parti Les Démocrates à l’élection présidentielle par défaut de parrainage. C’est triste pour notre formation politique qui ne mérite pas ce genre de leader. Je suis en colère ! Profondément en colère. Cette politique, menée par Boni Yayi, est d’un autre âge. Elle est celle des intrigues, du clanisme et du mépris de la base. Je pense qu’il est temps de tourner la page. Il est temps de faire la politique autrement, avec transparence, respect du mérite, et une véritable orientation vers le service du peuple et de notre pays. L’avenir du Bénin mérite mieux que les calculs personnels et les méthodes désuètes. Je vous remercie.

 

Michel François Oloutoyé SODJINOU  Coordonnateur de la 19e Circonscription Électorale – Parti Les Démocrates