Porto-Novo en Pleine Éclosion grâce à une Gouvernance Active : L’intégralité de l’entretien du maire Charlemagne Yankoty sur Peace FM

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Invité ce dimanche 22 juin 2025 de l’émission « De vous à nous » sur Peace FM, le maire de Porto-Novo, Charlemagne Yankoty, a dressé un bilan sans détour de sa gouvernance municipale. Tour à tour confiant sur les avancées locales, critique des effets de la réforme de la décentralisation, et préoccupé par l’avenir politique de son parti, l’UPR, il a livré un entretien dense et éclairant.

Peace FM: Monsieur le Maire, bonjour. Dites-nous, comment se porte la ville de Porto-Novo et ses habitants ?

Charlemagne Yankoty; Merci de me poser la question. Porto-Novo se porte à merveille.

Avant d’aller plus loin, permettez-moi d’abord de saluer, à travers votre canal, tous les auditeurs de Peace FM ainsi que vous, chers animateurs de cette station qui, à travers votre engagement, contribuez à redéfinir notre manière de percevoir l’information. Cela étant dit, je vous rassure que Porto-Novo et ses habitants vont très bien. Tout se passe dans les meilleures conditions.

Sur le plan des réalisations, quel bilan peut-on retenir de la gouvernance actuelle ?

Merci pour cette question. En matière de bilan, nous avons investi dans plusieurs domaines essentiels. Pour faire court, je dirais que les secteurs de la santé et de l’éducation ont bénéficié de véritables avancées grâce aux actions engagées par la municipalité.

Mais le projet emblématique de notre mandature reste incontestablement la concrétisation de la construction d’un hôtel de ville. Ce projet tant attendu devrait enfin voir le jour dans les prochaines semaines. Il est important de rappeler que, jusqu’à présent, Porto-Novo — pourtant capitale de notre pays — ne disposait pas encore d’un hôtel de ville digne de ce nom. Grâce à notre dynamisme et à une gestion rigoureuse des ressources municipales, nous avons pu négocier avec le chef de l’État pour obtenir un financement complémentaire. Cela nous permet aujourd’hui d’aller de l’avant avec un projet de près de dix milliards, dont les contrats sont en cours de signature avec les sociétés prestataires. C’est une avancée majeure, et nous pouvons collectivement en être fiers.

Par ailleurs, nous avons aussi œuvré pour l’assainissement de la ville, avec des aménagements de voiries notables. Je mentionnerais notamment le projet Porto-Novo Ville Verte, que nous avons su reprendre et gérer efficacement afin de préserver les financements acquis.

Pour résumer, notre action a touché l’ensemble des domaines de compétences relevant de la commune. C’est ce qui fait la fierté de notre équipe et la preuve concrète que notre gouvernance laisse une empreinte durable.

 

Bien sûr, voici le texte fidèlement réécrit, sans modification de fond, en gardant l’esprit et le ton d’origine, avec un titre clair et en phase avec les propos :

 

Gestion communale à Porto-Novo : réformes, médiations et perspectives d’amélioration

Alors, Monsieur le Maire, il y a une question primordiale qui colle bien à la peau des mairies : la faible capacité en termes de mobilisation des ressources propres, et ensuite la capacité de consommation ?

Oui, il faut reconnaître que les réformes engagées au niveau national affectent à un certain niveau la mobilisation des ressources au niveau des communes. À titre d’exemple, nous prenons le domaine du foncier, ce qui concerne le foncier au niveau des communes.

Beaucoup de communes mobilisaient des ressources propres à partir des recettes au niveau des affaires foncières. Mais aujourd’hui, tout cela a été centralisé, réformé, et cela fait que, d’abord, au niveau national, un taux est imposé. Et par la suite, pour d’autres formalités, ce n’est plus possible de les faire au niveau des communes.

Et cela entraîne, du coup, des pertes de ressources. Quand nous prenons le domaine de l’ANIP, l’état civil, il y avait pas mal de formalités qui se faisaient au niveau des communes. Mais aujourd’hui, c’est l’ANIP qui engrange ces ressources, c’est normal.

Et du coup, la conséquence, c’est qu’au niveau des communes, cela impacte la mobilisation des ressources. Mais, à contrario, il faut reconnaître qu’avec, certainement, on va l’aborder comme vous l’aviez annoncé, la réforme, il y a d’autres domaines qui ont quand même permis d’améliorer les ressources au niveau des communes. Et c’est avec le temps qu’on aura beaucoup plus d’impact de cette réforme.

Mais, à la date d’aujourd’hui, on peut retenir simplement que, c’est vrai, les réformes engagées au niveau central impactent quelque part la mobilisation des ressources au niveau des communes, mais pas au point de compromettre l’existence ou le fonctionnement, parce qu’en compensation, il y a une augmentation que les communes reçoivent à partir des fonds FADEC que l’État nous transfère. Donc, il y a une compensation qui ne dit pas son nom.

Alors, Charmagne Yankoti, le pouvoir municipal ou communal, c’est un pouvoir pas assez grand mais de proximité. Et donc, qui dit proximité dit forcément une présence humaine au sein des communautés, soit dans des missions de médiation, ça et là. Il y a quelques mois, on a vu quand même quelques crises ébranler une certaine communauté religieuse dans la ville capitale. On vous a également suivi, par médias interposés, prendre une part active dans la réconciliation de ces frères de cette communauté religieuse-là. Est-ce qu’aujourd’hui, sous la mandature de Charmagne Yankoti, on peut dire que la ville de Porto-Novo respire mieux ?

À ce niveau, vous pouvez en être certain. Vous savez, il n’y a pas que cette crise qu’on a réglée.

On a réglé pas mal de crises. Même quand nous prenons les Dragons de l’Ouémé, jusqu’à un passé récent, ça n’allait pas.

Là, vous parlez de football ?

Oui, on parle de football. C’est sous notre égide que nous avons pu concilier les parties et travailler pour ramener la paix. Aujourd’hui, nous sommes très fiers des résultats que donne ce club mythique de Porto-Novo.

Mais en plus de ça, nous avons aussi, au niveau de la communauté endogène, des crises que nous avons eues à régler. Donc, j’avoue que la dernière crise que nous avons gérée, qui concerne la communauté musulmane, et pour laquelle je tiens encore une fois de plus à remercier le chef de l’État pour son implication personnelle. C’est une crise qui, si on n’avait pas pris certaines dispositions à temps, pouvait dégénérer.

Mais fort heureusement, le chef de l’État, ayant été saisi et après avoir fait les investigations nécessaires, a jugé qu’il fallait s’impliquer. Cela a permis de régler au mieux ce problème, et nous en sommes très fiers. Ceci renforce la cohésion, ramène beaucoup plus de paix au niveau de la ville et permet à Porto-Novo, comme vous l’aviez dit tantôt, de mieux respirer.

Le résultat de l’audit du Fonds d’appui au développement des communes (FADEC), pour le compte de l’année 2023, a été rendu public samedi dernier par la CONAFIL. La commune de Porto-Novo arrive 23e, pas meilleur élève. Qu’est-ce qui s’est passé ?

Non, non, pas du tout.

Vous savez, il s’agit de la consommation des ressources FADEC. Et cela fait partie des préoccupations que nous avons soulevées auprès du chef de l’État, en termes de difficultés rencontrées. Le classement que vous voyez ne veut pas dire que telle commune est forcément meilleure qu’une autre, mais il s’agit bien de la capacité de consommation de ces ressources.

Mais ça reste un critère quand même ?

Non, mais c’est un critère… qui dépend aussi des difficultés rencontrées par les techniciens. Si nous prenons Porto-Novo, je peux me réjouir, car nous étions bien plus en retard.

Grâce au dynamisme de l’ARMP et de toute l’équipe, on a pu améliorer plus ou moins notre classement. Sinon, il y a d’autres communes qui sont obligées de se référer à des agences pour exécuter les marchés publics. Et aujourd’hui, les dispositions législatives ne facilitent pas vraiment la tâche en matière de consommation.

C’est contraignant ?

C’est plus ou moins contraignant. Il y a beaucoup d’exigences.

Et c’est pourquoi, dans les comptes rendus du Conseil des ministres, le gouvernement a aussi relevé la nécessité d’adopter de nouvelles dispositions pour faciliter la consommation des ressources FADEC. Car, c’est une loi qui s’impose à tout le monde.

Quand vous prenez, par exemple, le nouveau dispositif de contrôle du délégué du contrôleur financier, un seul couvre plusieurs communes. Dans le Sud-Bénin, cela pose peu de problèmes. Mais dans le Nord, si le contrôleur est basé à Djougou et doit aussi couvrir Natitingou, imaginez les retards pour faire transiter les dossiers.

Cela allonge tout le processus. Mais quoi qu’il en soit, il faut comprendre que tout le monde ne peut pas être premier.

Il suffit de comparer le premier, avec un taux de 94,3 %, et Porto-Novo avec 84 %. L’écart est minime. Donc, la concurrence est rude.

Nous avons toujours l’ambition d’être meilleurs.

Vous révolutionnez un peu la notation ?

Non, mais de toutes les façons…

Je pense que nous travaillons chaque jour pour améliorer notre position. On espère que Porto-Novo, en tant que capitale aussi, pourra occuper la première place un jour. Et le plus rapidement possible d’ailleurs.

 

Décentralisation et gouvernance locale : une réforme saluée par les élus pour une meilleure efficacité territoriale

Très bien. Monsieur le Maire, nous allons donc faire progresser cette émission. Nous l’avions annoncée à l’entame : le 13 juin 2025, Patrice Talon, en sa qualité de premier magistrat du pays, donc chef de l’État, a convié au palais de la Marina les acteurs de la gouvernance locale. Vous y étiez, même si nous n’étions pas dans le secret des dieux. Nous vous avons aperçu à la même table que le chef de l’État, au cours de ce dîner vespéral.

Alors déjà, sur l’initiative de ce séminaire gouvernemental d’évaluation, durant une réforme qui n’a pas encore trois ans, qu’est-ce que vous en retenez ?

Vous savez, permettez-moi de saluer le génie du chef de l’État. Ce génie qui l’a inspiré à initier ce séminaire.

Nous-mêmes, on ne s’y attendait pas. Parce qu’après trois ans, on a été très surpris de constater qu’à la même table, le chef de l’État invite aussi bien les maires, les agents aux maires et les secrétaires exécutifs. Vous voyez, il a élargi le spectre des dirigeants.

Peut-être qu’il aurait pu convoquer simplement les maires et on se serait dit que c’est ce qu’il fallait faire. Mais on a été plus heureux de constater que ce séminaire, au-delà des maires, a réuni les agents aux maires et les secrétaires exécutifs. Donc cela signifie que c’est le top team de chaque commune qui s’est retrouvé autour du chef de l’État.

C’est inédit et c’est un fait rare. Depuis l’avènement de la décentralisation, je crois qu’il est le premier président à prendre une initiative du genre. Cela témoigne de son intérêt pour le développement à la base et de la considération qu’il accorde aux responsables, aux élus que nous sommes.

Le 13 juillet dernier, effectivement, le chef de l’État nous a fait appeler pour discuter à bâtons rompus, dans le cadre d’une évaluation de la réforme. Vous savez, c’est normal qu’après l’implémentation d’une réforme, on marque une pause, qu’on se regarde en face, que chaque acteur puisse s’exprimer. J’ai été surpris de constater, sur la toile, que certains de vos confrères disaient qu’on avait manqué l’occasion de dire la vérité au chef de l’État, alors que ce sont nous, les acteurs réels.

C’est nous qui vivons ces réalités et qui savons ce que nous vivons et que nous pouvons partager avec le chef de l’État. D’abord, il faut repartir de ce qui a motivé la réforme pour comprendre ce qu’elle vise. Qu’on se souvienne qu’avant son avènement, la gouvernance locale était caractérisée par une forte politisation, une politisation à outrance.

Une politisation à outrance dans le sens où, une fois élus, les militants vous mettent la pression pour que vous positionniez tel ou tel individu sans considération du profil ou de son utilité pour la commune. Ce qui a conduit à des recrutements désordonnés dans les communes.

Il y a également la pression que les maires subissent de la part de leurs collègues, parfois pour des intérêts inavoués. Le maire est menacé, fait l’objet de chantage, et il est obligé de trouver des moyens pour répondre à ces pressions. Voilà la preuve de la politisation excessive de la gestion communale dans notre pays.

Et lorsqu’on est en difficulté ou incapable de contourner cela — car en tant qu’organe exécutif, le maire a besoin d’une majorité pour faire passer ne serait-ce que ses rapports — rien que le rapport peut faire l’objet de chantage. Même si le rapport est bon, si certains collègues s’y opposent pour des soupçons ou pour des raisons subjectives, ils sont prêts à voter contre. Dans ces conditions, il est clair que le maire a les mains liées.

Une telle politisation ne peut pas permettre un réel développement à la base. Voilà pourquoi la réforme était nécessaire.

La deuxième raison, c’est la mauvaise gouvernance qu’on observait. Beaucoup de maires n’avaient pas le profil requis : ce n’était pas un concours de compétences en gestion, mais plutôt une élection politique. On peut être adulé, populaire localement, et être élu, sans forcément posséder les outils de management. Il y avait certes une exigence minimale de savoir, mais dans les faits, cela ne suffisait pas.

Vous vous souvenez peut-être de cet élu qui disait : laissez-nous notre budget. Cela dit tout. Parce qu’à partir du moment où vous gérez un budget, les dérives ne sont pas loin. Peu importe la qualité du service rendu, ce n’était pas la préoccupation. La priorité était ailleurs.

Quand on regarde la gestion du foncier dans notre pays, on réalise que de nombreux maires ont bradé des réserves foncières publiques. Porto-Novo n’a pas été épargnée. Mais cette réforme, aujourd’hui, nous met à l’abri de telles dérives.

Donc la mauvaise gouvernance est la deuxième raison ayant motivé la réforme.

La troisième raison, c’est le manque de visibilité et d’impact réel des actions des conseils communaux en matière de développement. La première question que vous m’avez posée était de savoir quels étaient les résultats concrets après plusieurs années de mandature.

Quand on regarde aujourd’hui le développement de Porto-Novo — par rapport au bilan que j’ai dressé — l’impact des actions du pouvoir central dépasse largement celui des communes. Certes, cela dépend aussi des moyens dont on dispose. On a fait ce qu’on pouvait avec ce que nous avions, mais on aurait pu faire mieux avec davantage de ressources.

Il faut reconnaître que le chef de l’État, très tôt, a établi un diagnostic de la décentralisation et conclu un accord avec l’ANCB pour que l’État intervienne directement, au nom des communes, dans certains domaines de compétences communales.

C’est ce qui justifie les assauts de chantiers que l’on voit actuellement. Car, en principe, l’assainissement des villes relève des communes. Mais pensez-vous que les communes seules auraient pu conduire de tels projets avec une telle qualité aujourd’hui ?

Mais est-ce que c’est impossible ?

Non, ce n’est pas impossible.

Mais il faut du temps pour y parvenir. Les communes ne disposent pas encore de ressources humaines suffisamment qualifiées pour produire un tel niveau de résultat. Il manque aussi l’expérience nécessaire.

Même au niveau national, les projets ne se font pas sans expertise extérieure. C’est grâce à l’expérience et à la vision du chef de l’État que tout cela se concrétise. On a vu défiler plusieurs gouvernements.

On sait comment étaient la qualité des routes, des infrastructures. Aujourd’hui, la qualité est clairement rehaussée.

Et cela garantit une meilleure durabilité des ouvrages. Donc, ce n’est pas que… D’ailleurs, le chef de l’État l’a dit lui-même.

Avec le temps, les transferts de compétences et de ressources vers les communes vont se renforcer.

 

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Le groupe de mots “transfert de compétences” M. le Maire, mes souvenirs me renvoient à la mandature, aux dix ans de Boni Yayi. Cela fait depuis ce régime qu’on chante le transfert de compétences.

Même depuis Nicéphore Soglo, on peut le dire.

Parce que jusqu’à présent, on a l’impression que, bon, les communes — vous m’excuserez — mais elles sont comme à la remorque de l’exécutif.

Non, non, non. Vous savez, quand nous avons des domaines de compétences reconnus par la loi, mais vous ferez juste le constat que, malgré cela, les transferts ne sont pas effectifs en raison de l’absence de ressources humaines qualifiées.

Et c’est pour remédier à cela que, dans la réforme, le chef de l’État a d’abord entrepris de mettre à la disposition des communes des ressources humaines compétentes. C’est de là que viennent les secrétaires exécutifs, les directeurs techniques. Imaginez que certaines communes n’avaient pas de tels profils qualifiés dans leur personnel jusqu’à l’avènement de la réforme.

Il n’y avait pas de ressources dans chaque domaine. Vous pouviez visiter une commune où il n’y avait ni spécialiste en planification, ni spécialiste en marchés publics, ni expert en systèmes informatiques. Pourtant aujourd’hui, rien ne se fait sans le numérique.

Le Bénin a fortement évolué dans ce domaine, avec une digitalisation accrue. Mais certaines communes sont encore incapables d’avoir même leur propre site internet. On voit alors à quel point le retard est réel.

L’engagement de l’État va très loin. Et c’est dans cette dynamique que nous avons unanimement reconnu la pertinence de la réforme. Je la défends ouvertement et je mets au défi tout maire qui pense le contraire — à moins qu’il n’ait d’autres intentions.

Alors, permettez-moi de me projeter dans la discussion entre maires, secrétaires exécutifs, préfets, membres du gouvernement et le chef de l’État le 13 juin. Est-ce que les maires qui ne relèvent pas de l’U.P le Renouveau ou du Bloc Républicain ont tenu le même discours que vous ?

Écoutez, nous avons eu la chance d’écouter le maire Yaya de Bembéréké, qui a pris la parole et a reconnu, tout comme nous, la pertinence de la réforme. Il a salué les réalisations du chef de l’État dans sa commune et a même reconnu que pendant dix années — concernant son propre parti — il n’a pas vu de réalisations équivalentes. La pertinence de la réforme ne fait donc plus débat.

Certes, on continue d’en parler, mais bien moins qu’avant — en dehors du séminaire gouvernemental qui vient d’avoir lieu. Pour nous, la mise en œuvre de la réforme est comparable au décollage d’un avion. Lorsque vous décollez, vous traversez une zone de turbulences. Je dirais que les trois premières années étaient cette zone de turbulences, mais aujourd’hui, nous commençons à atteindre une certaine stabilité. Pourquoi le dire ainsi ? Parce que nous avons reçu un choc.

De 2020 à 2022, nous avons goûté aux délices de la mauvaise gouvernance, à cette liberté et à ce pouvoir exclusif qu’avait le maire — c’était ça, le cœur du problème. Et c’est ce recul d’une partie de ce pouvoir qui a le plus dérangé certains maires.

Nous avons cependant pris le temps de nous y adapter. La politique se mêle à bien des choses. Là où nous devions rester fermes pour assurer une mobilisation efficace des ressources, des influences politiques nous poussaient à relâcher ou à reculer. Mais aujourd’hui, il est plus facile de dire aux citoyens : “Écoutez, ce n’est plus nous qui gérons cela.”

Donc, on ne fait plus rien ?

Non. En réalité, sans ressources, que pouvons-nous faire ?

À propos de la réforme, avec la séparation des fonctions techniques et politiques… est-ce que le maire béninois n’est pas aujourd’hui affaibli, voire dépouillé ? Que vaut-il encore, M. Charlemagne ?

C’est une excellente question. Si nous nous référons au passé, au temps où les maires avaient plein pouvoir… Oui, c’était flatteur. Mais beaucoup de pouvoir entraîne aussi beaucoup de conséquences et de responsabilités.

On aurait pu continuer ainsi, mais cela permettrait-il au Bénin de se développer comme aujourd’hui ? Un président est venu avec une vision de développement clairvoyante. Il l’a d’abord implémentée au niveau national. Mais les communes font partie du Bénin — ce sont des appendices.

On ne peut pas instaurer de la rigueur au sommet de l’État et laisser les communes à la dérive. Donc, il est logique que des réformes s’appliquent aussi au niveau communal. Si on exige des ministres qu’ils respectent une certaine rigueur, pourquoi serait-ce un crime de vouloir en faire autant avec les maires ?

Moi, je dis une chose : on aurait compris la nécessité si, dans le passé, des maires avaient été poursuivis et sanctionnés — cela aurait servi d’exemple. Mais depuis la première mandature, combien de maires a-t-on vus être arrêtés pour mauvaise gestion ? Très peu, car l’influence politique a toujours joué un rôle protecteur.

Cela ne veut pas dire que tout a été parfait. Le chef de l’État, lui-même, a confié qu’après les premiers audits qu’il a demandés à son arrivée, s’il fallait appliquer les sanctions, tous les 117 maires du pays auraient dû aller en prison.

Mais est-ce là la mission d’un chef de l’État ? Non. Il a préféré chercher des solutions durables pour protéger chacun et remettre le système sur les rails.

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Et selon vous, quels sont les défis qui restent à relever par la réforme ?

Nous l’avons dit au chef de l’État. Vous savez, aujourd’hui, les principales difficultés que rencontrent les maires concernent surtout cette cohabitation institutionnelle entre les secrétaires exécutifs (S.E.) et les maires. Il faut reconnaître qu’il y a certains S.E. qui donnent l’impression d’être les premières autorités, alors que le S.E. n’est que le premier responsable administratif. L’autorité de la commune est incarnée par le maire.

Le maire, conformément à l’article 101 du Code de l’administration territoriale, est la première autorité politico-administrative. Même si ses attributions incluent des fonctions politiques, il porte aussi une part de responsabilité administrative, car il est le président du conseil de supervision. Et ce conseil est l’organe qui apprécie le travail effectué par le secrétaire exécutif. C’est une structure très organisée, mais pour la comprendre, il faut l’expérimenter. Même nous, au début, nous ne la comprenions pas pleinement.

Regardez, ces derniers temps, certains S.E. ont été évincés.

Et vous-même n’avez pas été épargné.

Ma vie n’a pas été épargnée.

Vous avez signé un arrêté.

Justement, lorsqu’une inspection révèle des anomalies, il faut réagir. Ce sont des techniciens : ils sont censés connaître leur travail.

Nous, nous ne sommes pas censés tout savoir. Mais eux, ils ont été recrutés sur la base de leurs compétences. Ils sont donc censés maîtriser les normes.

J’ai l’impression — sans vouloir vous interrompre, Monsieur le Maire — qu’à travers vous, certains maires ont été dépouillés. Parce que, j’assume mes mots, on vous a retiré votre pouvoir. On vous dit : gérez, attendez, et dès que les choses dérapent, on vous reproche de ne rien faire.

Non, pas du tout.

Écoutez, quand vous parlez de dépouillement, je ne partage pas entièrement cet avis, même si vous avez le droit de le formuler ainsi. En réalité, nous disposons d’un pouvoir de supervision et de contrôle. Beaucoup se focalisent sur le maire, mais aujourd’hui, la réforme donne davantage de pouvoir au conseil de supervision, ce qui protège le maire.

Vous savez, lorsqu’un organe prend une décision, cela protège davantage. Tandis que lorsqu’un individu décide seul, il s’expose beaucoup plus. Désormais, les grandes décisions peuvent être prises par le conseil de supervision.

Le conseil de supervision, c’est cet organe chargé d’apprécier le rapport d’activités et de prendre les décisions stratégiques. C’est comparable à un conseil d’administration dans une entreprise. Pensez-vous qu’un directeur général peut s’opposer à son conseil d’administration ? Non.

Et la loi nous accorde de nombreux pouvoirs, notamment celui d’engager la procédure de révocation du S.E., si nécessaire. C’est donc vrai que, dans les débuts, certaines choses n’étaient pas bien perçues.

Mais aujourd’hui, vous remarquerez que les maires ne rechignent plus comme avant. Nous avons désormais mieux compris les fondements de la réforme.

Le 13 juin dernier, lors de l’échange avec le chef de l’État, a-t-il pris le temps d’expliquer ou de réexpliquer qu’un S.E. n’est pas un super fonctionnaire ?

Non, mais il faut saluer le rôle de la Cellule de Suivi et de Contrôle de la Gestion des Communes.

Cette cellule effectue un travail remarquable dans ce sens. Et vous verrez qu’aujourd’hui, les tensions entre maires et secrétaires exécutifs ont pratiquement disparu.

Propos recueillis et transcrits par Fréjus MASSIHOUNTON

 

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