Au Bénin, un ministre du gouvernement du président Patrice Talon a été remplacé ce jeudi 25 juin 2025. Il lui est reproché d’avoir tenu des propos à l’occasion d’une activité politique dans la ville de Parakou. Des propos qualifiés d’une certaine gravité, selon le porte-parole du gouvernement, Wilfried Léandre Houngbédji. En prenant la responsabilité de le faire sortir du gouvernement, le chef de l’Etat lui concède de se rendre disponible pour porter à la justice tous les détails de quelque affaire dont il aurait eu connaissance et qui relèverait de la mal gouvernance au sein de son ministère en conformité avec la tradition, celle d’afficher une tolérance zéro à la corruption aux actes de prévarication et à la mauvaise gouvernance.
Selon le porte-parole, la justice peut s’auto-saisir. Il ajoute qu’il n’ y aurait aucune surprise à voir les juridictions compétentes s’auto-saisir de l’affaire et inviter le ministre Akponna à leur apporter les éléments d’appréciation en sa possession. Comme Akponna, d’autres ministres ont été éjectés du gouvernement pour avoir tenu des propos en public. Wilfried Léandre Houngbédji fait savoir que les cas de Homéky, Agonkan et Adambi sont spécifiques. Il s’agissait, dit-il, pour le cas de Homeky, d’une prise de parole politique qui manifestement jurait avec l’esprit de la réforme du système partisan tel que le gouvernement l’a conduite. Avec l’ambassadeur Agonkan, il y a eu prise de parole publique avec des propos qui n’avaient rien à voir avec la réalité des rapports du Bénin avec son voisin, le Niger. Wilfried Léandre Houngbédji informe qu’à sa connaissance pour le cas de Adambi, c’était pour des raisons politiques. Il lui est reproché certaines attitudes exactement comme dans le cadre du ministre Homeky . Même si pour le ministre Adambi, il n’y a pas eu de déclaration, il y a quand même eu des actes qui lui ont reprochés mais jamais à sa connaissance des faits de mauvaise gouvernance. Il a saisi l’occasion pour appeler les béninois à savoir raison garder. La parole publique, la parole des autorités et officielles selon lui, doivent être dites sous le sceau de la responsabilité.’’ Nous demandons à tous nos concitoyens d’être responsables de leurs actes et de leurs propos. La même exigence prévaut en ce qui concerne les officiels les serviteurs de la République du moment.’’, a-t-il suggéré. Suivre ml’entretien du porte parole.
Pourquoi le chef de l’Etat a limogé son ministre de l’énergie
Le ministre Akponna à l’occasion d’une activité politique dans la ville de Parakou, a tenu des propos qui sont d’une gravité avérée. La gravité des propos appelle à ce qu’il y ait une réaction d’envergure d’autant plus que depuis sa prise de service jusqu’à ce jour, il n’a adressé ni au chef de l’Etat ni au gouvernement un quelconque rapport faisant état de malversation qu’il aurait constaté dans son ministère. Le chef de l’Etat a donc considéré qu’au regard de la gravité des propos qu’ il a tenus, il était de bon ton de le délier de toutes obligations de réserves et de tout devoir de solidarité envers les membres du gouvernement afin de le rendre disponible pour porter à la justice tous les détails de quelque affaire qu’il aurait eue connaissance et qui relèverait de la mal gouvernance au sein de son ministère en conformité avec la tradition: la doctrine qui est celle du président Patrice Talon et de son gouvernement depuis 2016 d’afficher une tolérance zéro à la corruption aux actes de prévarication et à la mauvaise gouvernance en un mot.
Vous voulez dire que le Président de la République lui demande d’aller à la justice pour prouver ce qu’il a avancé ?
Je suis sûr qu’il n’a rien à prouver. Le président de la république le libère afin que sa présence au gouvernement ne soit pas vu comme un obstacle à la manifestation de la vérité éventuellement.
Est-ce que la justice peut s’auto–saisir ?
Nous sommes en régime de séparation des pouvoirs. Nous avons tous entendu ce que monsieur Akponna a dit. Il y aurait aucune surprise à avoir les juridictions compétentes s’auto-saisir de l’affaire et l’inviter à leur apporter les éléments d’appréciation en sa possession.
Quand on est ministre du gouvernement ou collaborateur du président Talon, est ce qu’on ne peut pas s’exprimer librement, dire ce qu’on pense ?
Ah ! mais bien sûr. Vous pouvez vous exprimer. Vous avez le droit de vous exprimer. Mais cela doit être dit en toute responsabilité. Mais cela dit, nous y sommes. Monsieur Akponna a dit ce qu’il pensait. Ce qu’il croyait devoir dire. Mais vous conviendrez avec moi qu’au sein du ministère, il a pris les rênes il y a quelques mois. Il lui est arrivé de faire les constats tel qu’il a parlé en public. La première instance au niveau de laquelle il devrait évoquer ces constats serait le gouvernement et son chef.. Je vous réitère qu’à ce jour, depuis la prise de son service au jour de son départ, ni le Chef de l’Etat , ni le gouvernement n’aura été saisi d’une quelconque affaire , d’un quelconque rapport mettant en cause son prédécesseur faisant état de prévarication ou de mauvaise gouvernance tout court.
Est-ce que le chef de l’Etat l’a reçu avant de le limoger ?
Je ne saurai le dire.
Le ministre Homeky a été viré pour avoir dit qu’il soutenait un proche du chef de l’Etat, le dernier cas, celui de l’ambassadeur Agonkan. Est-ce que la parole n’est pas encadrée au niveau du gouvernement ?
Chacune de ces affaires est spécifique.
Dans le cas du ministre Homeky et on n’épiloguera pas là-dessus, il s’agissait d’une prise de parole politique qui manifestement jurait avec l’esprit de la réforme du système partisan tel que le gouvernement l’a conduite. Avec l’ambassadeur Agonkan, il y a eu prise de parole publique avec des propos qui n’avaient rien à voir avec la réalité de nos rapports avec nos frères du Niger. La parole publique, la parole des autorités, officielles doivent être dites sous le sceau de la responsabilité. Nous demandons à tous nos concitoyens d’être responsables de leurs actes et de leurs propos. La même exigence prévaut en ce qui concerne les officiels, les serviteurs de la République du moment.

La parole n’est pas du tout encadrée ?
Non pas du tout. Elle demande juste à être utilisée avec parcimonie et avec l’esprit de responsabilité
D’ailleurs pourquoi le ministre Adambi a quitté le gouvernement? Avec ce qui est arrivé aujourd’hui, est ce que c’est un retour en grâce de l’ancien ministre Adambi?
Je ne suis pas le chef du gouvernement. D’ailleurs, un remaniement technique a déjà été opéré, M. Adambi est un membre d’un parti politique ou des faits lui ont été reprochés. Il a été suspendu, mais pas exclu. En tant que tel, il demeure un membre de ce parti quitte à ce que s’il fait une amende honorable au sein de ce parti des décisions subséquentes qui pourraient être prises les soient en ce qui le concerne.
Le ministre Didier José Tonato va récupérer le ministère de l’énergie, ce n’est pas une surcharge avec déjà des infrastructures et le cadre de vie ?
Si cela a été une surcharge, le chef de l’Etat n’aurait pas choisi de lui confier les rênes de ce ministère. C’est forcément, ses états de services plaident pour lui. Il reste 11 mois, il n’aurait pas été efficace de faire venir une nouvelle personnalité au gouvernement pour prendre en charge ce secteur, sachant qu’il faudrait à minima quelques personnalités pour prendre ses marques, s’imprégner des dossiers. Le chef de l’Etat a préféré miser sur quelqu’un qui est déjà au gouvernement qui connaît la philosophie globale du gouvernement et qui a fait ses preuves dans d’autres secteurs ministériels.
Transcription: Boniface KABLA
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