Afrique : Les Burkinabè doivent désormais faire au Togo leurs demandes de visas pour les États-Unis

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Au Burkina Faso, un bras de fer diplomatique s’est engagé avec les autorités américaines. L’administration Trump a visiblement multiplié ces derniers mois les demandes pour que des personnes expulsées soient accueillies au Burkina Faso comme c’est déjà le cas au Ghana, au Rwanda, en Eswatini et au Soudan du Sud. Une proposition refusée par Ouagadougou qui rejette le fait « d’être une terre de déportation ». Conséquence directe ou non, Washington a indiqué que les Burkinabè devaient désormais faire leur demande de visa vers les États-Unis à Lomé.

C’est à la télévision nationale, ce jeudi soir, dans une intervention de 15 minutes que le ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso, Karamoko Jean-Marie Traoré, est venu clarifier la situation. Et confirmer, dans un premier temps, que les visas pour les États-Unis seraient délivrés au Togo : « L’ambassade des États-Unis a été diligentée pour prendre cette mesure de suspension temporaire de délivrance des visas de tourisme et des visas étudiants à tous les Burkinabè, qui seront désormais obligés de se rendre au Togo pour se faire délivrer lesdits documents. »

« S’agit-il d’une mesure de pression, de chantage ? »

Pour le ministre burkinabè des Affaires étrangères, cette décision de la diplomatie américaine est la conséquence directe du refus, visiblement plusieurs fois répété, du Burkina Faso d’accueillir des personnes expulsées par les États-Unis : « Cette proposition est totalement contraire à la valeur de dignité qui fait partie de l’essence même de la vision du capitaine Ibrahim Traoré. S’agit-il d’une mesure de pression, de chantage ? Dans tous les cas, le Burkina Faso est une terre de dignité et non pas une terre de déportation. »

L’expulsion de personnes vers des pays tiers, dans lesquels elles n’ont souvent jamais vécu, est l’un des grands piliers de la politique anti-immigration de la nouvelle administration Trump.

Une décision fortement critiquée par les associations de défense des droits humains.

L’Eswatini a accepté d’accueillir jusqu’à 160 personnes expulsées des États-Unis contre une aide financière de 5,1 millions de dollars (4,3 millions d’euros) « pour renforcer ses capacités de gestion des frontières et des migrations », selon un accord que l’AFP a pu consulter.

Début septembre, le Ghana a accueilli onze personnes originaires d’Afrique de l’Ouest, avant d’en expulser au moins six d’entre elles vers le Togo, rendant leur situation d’autant plus complexe et suscitant les critiques de défenseurs des droits humains.