Bepc 2025 au Burkina-Faso : La Police démantèle un vaste réseau de fraudeurs

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Un vaste réseau de fraude à l’examen du Brevet d’études du premier cycle (BEPC) session 2025 a été démantelé par la direction régionale de la police nationale des Hauts-Bassins au Burkina-Faso. Les enquêtes ont permis interpeller, à ce jour, 13 personnes dont huit femmes. Leur mode opératoire a été expliqué ce mercredi 11 juin 2025, lors d’une conférence de presse tenue au commissariat central de police de Bobo-Dioulasso.

Le  système de fraude du réseau a été mis en place via un réseau organisé sur WhatsApp à travers l’usage d’outils d’Intelligence artificielle pour résoudre des sujets d’examen, informe le Faso net. Ce réseau de fraudeurs impliquait des candidats et des individus extérieurs (étudiants) chargés de fournir des corrigés via des moyens électroniques. Les 13 personnes interpellées à ce jour, dont huit femmes, sont toutes âgées de 20 à 24 ans. L’enquête a permis également la saisie de 13 téléphones portables de diverses marques contenant des preuves et documents partagés dans le groupe WhatsApp.

Selon le commissaire principal de police Boubakar Soumaïla Nombré, commissaire central de police de Bobo-Dioulasso, cette pratique n’est pas spécifique à la région des Hauts-Bassins, car elle pourrait bien concerner d’autres régions et villes. À l’en croire, ce réseau de fraudeurs a pu être démantelé grâce au dispositif mis en place par la direction régionale de la police nationale des Hauts-Bassins pour sécuriser les examens scolaires de la session 2025. Ce, en collaboration avec les autres forces ainsi que les enseignants. Ce dispositif a permis au service de renseignements d’avoir des informations relatives à un vaste réseau de fraudes au cours du déroulement des épreuves écrites du BEPC, session 2025.

De la genèse des faits

À en croire les conférenciers, c’est le 4 juin dernier que le président du jury n°1 de Péni mettait à la disposition du commissariat de police de district de Toussiana une candidate au BEPC du nom de T.A., pour détention et manipulation d’un téléphone portable pendant la composition de l’épreuve des mathématiques. « Les agents de police sur place ont constaté qu’elle est membre d’un groupe WhatsApp dénommé le secret d’un peuple, où les corrigés des sujets de l’examen en cours sont transférés. Interrogée, elle a déclaré que le cerveau (l’administrateur) du groupe est à Bobo-Dioulasso ainsi que la majorité des autres membres », a expliqué le commissaire principal de police Boubakar Soumaïla Nombré.

C’est ainsi qu’une enquête a été ouverte par la Brigade de recherches et d’intervention du commissariat central de police de Bobo-Dioulasso afin de mieux élucider les faits, en identifiant les auteurs membres du groupe WhatsApp et ensuite leur interpellation. « L’enquête a débuté par l’identification de l’administrateur du groupe WhatsApp qui a comme nom d’emprunt, B.A.A., interpellé le même jour. Sa sœur nommée B.R., membre du groupe, a été aussi interpellée au même moment que son frère. Interrogés sur les faits de fraudes aux examens, les deux passaient aux aveux et citaient les autres complices ainsi que les autres membres du groupe », a-t-il dit.

Et de poursuivre : « Les nommés B.H et A.A.A seront à leur tour interpellés, car faisant partie du staff de l’administrateur. Eux à leur tour reconnaissaient les faits de fraude qui leur sont reprochés. Le 5 juin 2025, quatre autres membres du groupe WhatsApp ont été interpellés. Il s’agit des nommés K.S, D.A, N.A et D.H. Et le 8 juin 2025, T.D., S.A. et T.A. ont été aussi interpellés. Tous ont reconnu les faits ».

Du mode opératoire des fraudeurs

À en croire les conférenciers, le nommé B.A.A n’est pas à sa première expérience dans la fraude. « Le nommé B.A.A., suite à son expérience dans la fraude lors de la session de 2024 qu’il a eue avec le nommé T.H., a créé son groupe WhatsApp dénommé « Le secret d’un peuple. » Sa petite sœur nommée B.R. ayant réussi son BEPC en 2024 grâce à ce système de fraude. Cette année, elle a été intégrée dans le groupe dans le but de convaincre les membres et de leur donner des conseils pratiques. Le nommé B.A.A ne pouvant pas tout faire seul a contacté le nommé A.A.A. pour l’aider à traiter certaines matières comme la physique-chimie (PC) et les sciences de la vie et de la Terre (SVT) ; ensuite le nommé B.H pour les matières comme les mathématiques et le français », a relaté le commissaire central de police de Bobo-Dioulasso Boubakar Nombré.

Les candidats, selon les consignes données par la nommée B.R., devraient tout faire pour rentrer avec leurs téléphones portables androïdes dans la salle de composition. Pour ce faire, les filles devraient porter des jupes amples ou des pagnes en dessous de la tenue et les garçons, des gros pantalons munis des poches cousues au bas à l’intérieur. Aussi, les candidats devraient diminuer la luminosité de leur écran. Une fois en salle, après le partage des sujets, prendre une photo du sujet et l’envoyer dans le groupe.

Et dès que le sujet est envoyé, le nommé B.A.A envoie soit au nommé A.A.A, soit au nommé B.S en fonction de la matière. Ces derniers traitent les sujets rapidement grâce à des applications dénommées ChatGPT, Gault et Deepcheet. Mais certaines matières comme les mathématiques sont traitées sur un tableau et une photo est prise pour envoyer. C’est ainsi que le groupe a fonctionné durant les deux jours de la composition. « C’est le dernier jour, dans la soirée, que l’administrateur du groupe a été alerté par la nommée D.A de l’interpellation du nommé T.A et elle a conseillé à ce dernier de supprimer le groupe », a laissé entendre Boubakar Nombré.

Le présidium lors de la conférence de presse

« Il faut noter que le nommé A.A.A, de par ses connaissances en mathématiques, travaillait avec un administrateur d’un autre groupe WhatsApp. Ce dernier, ayant appris l’interpellation de A.A.A., a pris la fuite. Aussi, il était en contact avec d’autres candidats ou candidates à qui il envoyait les corrigés directement sur leur numéro WhatsApp. Selon le nommé T.H., élève en classe de terminale, c’est depuis la session de BEPC 2022 et de 2023 qu’il a créé un WhatsApp où les candidats lui envoyaient les sujets qu’il traitait et en retour les envoyait », a-t-il souligné.

C’est en 2024 qu’il a contacté le nommé B.A.A. qui a pris la relève. « Ils déclarent donc que beaucoup d’élèves ont obtenu le diplôme de BEPC grâce à eux », a déploré Boubakar Nombré. Il a saisi l’occasion pour rendre hommage aux acteurs du monde éducatif pour leur engagement et leurs sacrifices en faveur de l’éducation burkinabè. Au cours de cette conférence de presse, les conférenciers ont invité les parents d’élèves à plus d’accompagnement et de suivi du monde éducatif. Ils estiment que cela y va de la réussite de leur mission, qui est d’éduquer les enfants, de leur inculquer des valeurs qui feront d’eux des citoyens exemplaires.

S’adressant aux candidates et candidats aux examens et concours, M. Nombré les a exhortés à se départir de ces pratiques répréhensibles qui, dit-il, sabotent les efforts du gouvernement de garantir l’égalité des chances au Burkina. « Nous encourageons également les surveillants des différents examens et concours à continuer de jouer leur partition en faisant respecter les consignes et à dénoncer tous les cas de fraude », a-t-il invité. Avant d’indiquer que les numéros verts restent ouverts pour toute dénonciation. Il s’agit du 17 pour la police nationale, du 16 pour la gendarmerie et du 1010 pour le centre national de veille et d’alerte (CNVA).

Les présumés auteurs des faits seront ainsi conduits devant le procureur du Faso près le tribunal de grande instance de Bobo-Dioulasso pour répondre de leurs actes. Ils risquent des peines d’emprisonnement allant de 6 mois à 3 ans et une amende de 500 000 FCFA à 3 000 000 FCFA. Aussi, il n’est pas exclu que ces derniers soient visés par des sanctions disciplinaires pouvant les exclure de prendre part à un examen ou à un concours pendant une période déterminée. Avec Lefaso.net

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