« La conscience, cette voix intérieure qui guide nos choix! ». C’est le thème de la chronique de cette semaine. Madame Christhelle Houndonougbo Alioza donne une précision: « Cette chronique ne cherche ni à flatter ni à condamner. Elle se tient à distance des passions passagères pour rappeler l’essentiel. Elle affirme que les dérives collectives sont toujours précédées de démissions individuelles répétées, et que chaque silence injustifié prépare une injustice plus grande. Mais elle rappelle aussi qu’une seule conscience droite peut réorienter une trajectoire, rétablir une limite, redonner sens à l’action publique comme à la vie privée ». Lire sans modération.
Chers ami.e.s,
Il existe en chaque être humain un lieu que ni le vacarme du monde, ni la pression des foules, ni la brutalité des circonstances ne peuvent totalement envahir. Ce lieu s’appelle la conscience. Elle ne s’impose pas par le bruit, elle ne se légitime pas par le nombre, elle ne se plie ni aux modes ni aux rapports de force. Elle agit dans le silence, avec une constance implacable. La conscience interroge nos choix, met à nu nos silences et révèle nos renoncements. C’est à ce rendez-vous intérieur, souvent évité mais toujours décisif, que la présente chronique nous convie cette semaine, sans distinction d’opinion, de croyance ou de position sociale.
La conscience n’est pas une option morale que l’on active selon les circonstances. Elle est la force invisible qui structure notre humanité. Là où les lois fixent des limites, la conscience fixe un cap. Là où les institutions organisent, elle éduque et juge. Elle ne promet ni succès rapide ni protection immédiate, mais elle garantit ce qui demeure lorsque tout s’effondre : la dignité. Les sociétés peuvent survivre à des crises économiques, à des tensions politiques et aux fractures idéologiques ; elles ne survivent pas longtemps à la banalisation du renoncement moral.
Avoir une conscience éveillée, c’est refuser la complaisance envers soi-même. C’est comprendre que tout n’est pas excusable, que tout ne se vaut pas, que tout ne se relativise pas. La conscience rappelle que ce qui est légal n’est pas toujours juste, et ce qui est populaire n’est pas toujours vrai. Elle impose une discipline intérieure que nul discours ne peut remplacer. Elle enseigne que la liberté sans responsabilité devient chaos, et que le pouvoir sans conscience devient violence.
Dans la famille, la conscience est la première école. Les valeurs ne se transmettent pas par des paroles, mais par des actes cohérents. Les enfants observent avant d’écouter, imitent avant de comprendre. Dans la société, la conscience est le socle invisible de la confiance collective. Là où elle est vivante, le désaccord n’est pas une menace mais une richesse. Là où elle s’éteint, la parole se vide, l’engagement se corrompt et la force remplace le droit.
L’histoire humaine est sans équivoque . Les grandes chutes commencent toujours par de petites lâchetés acceptées comme normales. À l’inverse, les grandes avancées naissent souvent d’individus qui ont refusé de trahir leur conscience, même dans la solitude. Socrate a payé de sa vie sa fidélité à la vérité. Kant a rappelé que chaque être humain porte en lui un tribunal intérieur auquel il ne peut échapper. Nelson Mandela a démontré que l’on peut être privé de liberté sans jamais renoncer à sa conscience. Ces figures ne sont pas des mythes , elles sont des repères, des phares pour chaque génération.
Cette chronique ne cherche ni à flatter ni à condamner. Elle se tient à distance des passions passagères pour rappeler l’essentiel. Elle affirme que les dérives collectives sont toujours précédées de démissions individuelles répétées, et que chaque silence injustifié prépare une injustice plus grande. Mais elle rappelle aussi qu’une seule conscience droite peut réorienter une trajectoire, rétablir une limite, redonner sens à l’action publique comme à la vie privée.
En cette semaine qui commence, chacun est invité à un exercice simple mais rigoureux : qu’ai-je accepté par confort ? Qu’ai-je justifié par intérêt ? Qu’ai-je refusé par peur ? Et surtout , qu’ai-je fait par fidélité à ce que je sais être juste ? Car la conscience ne se mesure pas aux intentions affichées, mais aux choix posés quand personne n’applaudit.
Cette chronique s’adresse à toutes les opinions parce que la conscience précède les idéologies et survit aux clivages. Elle est ce qui permet de débattre sans se déshumaniser, de gouverner sans écraser, de s’opposer sans se perdre. Là où la conscience demeure debout, l’avenir reste possible. À la semaine prochaine, pour continuer ce dialogue exigeant avec ce qui fait de nous des êtres humains responsables, libres et comptables de notre temps.
CHA
Femme Noire, Femme de Pouvoir !