Au lendemain du coup d'État en Guinée-Bissau : La Cedeao « condamne sans équivoque » cette prise de pouvoir militaire

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Jeudi matin, au lendemain d’un coup d’État militaire, les rues de la capitale de Guinée-Bissau étaient quasiment désertes et sous étroite surveillance militaire, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Des militaires en faction quadrillent jeudi matin toute la zone autour du palais présidentiel, où des tirs nourris avaient créé la panique parmi la population à la mi-journée la veille, au déclenchement du putsch.

Les militaires ayant pris le pouvoir en Guinée-Bissau ont annoncé jeudi à l’AFP la réouverture des frontières, au lendemain du coup d’Etat contre le président Umaro Sissoco Embalo, dans ce pays d’Afrique de l’Ouest habitué aux turbulences politiques.

« Toutes les frontières sont ouvertes dès maintenant », a déclaré à l’AFP le général Lassana Mansali, inspecteur général des forces armées, quelques minutes après la nomination à la tête de la junte du général Horta N’Tam.

Ce coup d’État dans ce pays côtier d’Afrique de l’Ouest est survenu la veille de l’annonce prévue des résultats provisoires des élections présidentielle et législatives tenues le 23 novembre. Le camp du président sortant Umaro Sissoco Embalo et celui du candidat de l’opposition Fernando Dias de Costa revendiquaient tous deux la victoire.

La Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a fermement condamné jeudi le coup d’Etat survenu la veille en Guinée Bissau, trois jours après des élections présidentielle et législatives, le qualifiant de « menace directe pour la stabilité du pays et de la région ».

Ce coup d’Etat militaire constitue « une grave violation de l’ordre constitutionnel » et est « une menace directe pour la stabilité du pays et de la région dans son ensemble », affirme l’institution régionale dans un communiqué.

De son côté, l’Union africaine demande la libération « inconditionnelle » du président Embalo.

Les militaires ont érigé des check-points sur toutes les grandes artères de la ville et fouillent systématiquement les voitures. La circulation est au ralenti et la majorité des boutiques et enseignes sont fermées jeudi matin. Seuls quelques rares passants sont visibles dans la capitale ainsi que sur les marchés, après la levée du couvre-feu désormais en vigueur pendant la nuit. Les écoliers, d’habitude en route à pied pour leurs établissements, n’étaient pas visibles jeudi matin.

Mercredi, des militaires ont annoncé avoir pris le « contrôle total du pays », arrêté le président sortant Embalo et suspendu le processus électoral en cours.

Un « Haut commandement pour la Restauration de l’ordre » a pris « la direction du pays jusqu’à nouvel ordre », a annoncé mercredi à la presse le général Denis N’Canha, chef de la maison militaire (cabinet militaire, NDLR) de la présidence.

Selon une source militaire, l’installation officielle de ce responsable est attendue jeudi dans la matinée.

Située entre le Sénégal et la Guinée (Conakry), la Guinée-Bissau a déjà connu quatre coups d’État et une kyrielle de tentatives de putsch depuis son indépendance en 1974.