Quelques heures avant son incarcération : Emmanuel Macron a reçu Nicolas Sarkozy à l’Élysée  

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L’ancien président français Nicolas Sarkozy a été reçu vendredi par Emmanuel Macron à l’Élysée, a appris lundi l’AFP d’une source au sein de l’exécutif. L’ancien président doit être incarcéré mardi après sa condamnation à cinq ans de prison dans l’affaire du financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007.

Nicolas Sarkozy, qui doit être incarcéré mardi à la prison parisienne de la Santé, a été reçu il y a quelques jours par le président Emanuel Macron  à l’Élysée, a appris lundi 20 octobre l’AFP d’une source au sein de l’exécutif, confirmant une information du Figaro.

« Il a été reçu vendredi », a indiqué cette source sans plus de précision. Nicolas Sarkozy doit être écroué près d’un mois après sa condamnation à cinq ans de prison dans l’affaire du financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007.

Emmanuel Macron a jugé lundi qu’il était « normal » sur le « plan humain » qu’il reçoive son prédécesseur, tout en réitérant qu’il était le gardien de « l’indépendance » de la justice.

« J’ai eu des propos publics toujours très clairs sur l’indépendance de l’autorité judiciaire dans le rôle qui est le mien. Mais il était normal que sur le plan humain, je reçoive un de mes prédécesseurs, dans ce contexte », vendredi à l’Élysée, a-t-il dit lors d’une conférence de presse à l’issue d’un sommet des pays méditerranéens de l’Union européenne à Portoroz, en Slovénie

Jamais dans l’histoire de la République française ou dans celle de l’Union européenne  un ancien chef d’État n’a dormi derrière les barreaux.

Après la condamnation à cinq ans de prison de Nicolas Sarkozy, reconnu coupable le 25 septembre d’avoir laissé ses collaborateurs préparer un projet de financement de sa campagne présidentielle de 2007 par la Libye de Mouammar Khadafi, Gérald Darmanin lui avait rendu visite. « Vous savez quoi ? J’irai le voir en prison », a-t-il lancé lundi matin sur France Inter.

Relevant que le garde des Sceaux pouvait « aller voir n’importe quelle prison et n’importe quel détenu quand il le souhaite », Gérald Darmanin n’y voit rien que de très normal et en aucun cas une atteinte à l’indépendance de la justice : il est de sa responsabilité de s’assurer de la bonne organisation de cette détention hors norme comme de la sécurité de l’ancien chef de l’État, a-t-il fait valoir.

Mais cette promesse est aussi celle d’un homme qui accueille avec « beaucoup de tristesse » l’emprisonnement de celui qu’il présente comme son mentor en politique. Une tristesse exprimée par beaucoup au sein d’une droite française dont Nicolas Sarkozy a été la figure tutélaire.

Au moins autant que cette condamnation, c’est le mandat de dépôt ordonné par le tribunal qui avait suscité la stupeur, même s’il est majoritairement compris par l’opinion publique, à en croire un sondage réalisé après le jugement.

« L’histoire n’est pas finie » 

Le président Les Républicains du Sénat, Gérard Larcher, est lui aussi « triste » de l’incarcération de Nicolas Sarkozy, 70 ans, et salue « son courage, sa détermination et la solidarité de sa famille ». Cette dernière a appelé à un rassemblement de soutien mardi matin, quand l’ex-chef de l’État quittera pour la Santé son domicile de l’Ouest parisien.

« L’histoire n’est pas finie », a ajouté dimanche le responsable de la Chambre haute, relayant une phrase de l’ancien président reprise en slogan sur les réseaux sociaux par ses soutiens.

Tout en défendant « l’indépendance de la justice » en sa qualité d’ancien chef de l’État, François Hollande a dit sur BFMTV mesurer « ce que cette incarcération peut représenter » pour un homme « qui a servi la France ».

« Il y a un côté humiliant à vouloir envoyer Nicolas Sarkozy sous les barreaux, et moi, je ne souscris pas à ça », a estimé sur RTL Sébastien Chenu, vice-président du Rassemblement national (RN), premier parti à l’Assemblée. Il reste « choqué du jugement » et de l' »exécution provisoire » du mandat de dépôt.

Celle-ci est prononcée de manière routinière par les tribunaux correctionnels. Mais pour ses détracteurs, elle est une atteinte au droit d’appel et à la présomption d’innocence.

Ce principe de l’exécution provisoire pourrait empêcher Marine Le Pen , présidente des députés RN, d’être candidate à la prochaine présidentielle. Elle a été prononcée pour l’inéligibilité accompagnant sa condamnation en première instance dans l’affaire des parlementaires européens Front national.

Placé à l’isolement

À la Santé, Nicolas Sarkozy devrait être installé seul dans l’une des quinze cellules de 9 m² du quartier de l’isolement. C’est le seul moyen d’éviter toute interaction avec d’autres détenus et d’assurer sa sécurité.

Il y entrera « la tête haute » et avec une biographie de Jésus et « Le Comte de Monte-Cristo », l’innocent injustement condamné le plus célèbre de la littérature de France, a-t-il confié dimanche au quotidien Le Figaro. Ses avocats déposeront immédiatement une demande de mise en liberté.

La cour d’appel aura deux mois pour statuer, mais l’audience devrait intervenir plus rapidement.

À ce stade de la procédure, le trouble à l’ordre public causé par « l’exceptionnelle gravité des faits » invoqué par le tribunal correctionnel ne sera plus un critère.

Depuis son appel, Nicolas Sarkozy redevient présumé innocent. En tant que tel, il ne peut être maintenu en détention que si c’est l' »unique moyen » d’empêcher des pressions sur témoins ou victimes, une fuite ou une récidive, des interactions avec des complices, ou bien d’assurer sa sécurité. Si ce n’est pas le cas, il doit être remis en liberté sous contrôle judiciaire, le cas échéant en l’assignant à résidence avec un bracelet.

France 24