Des élites du Sud-Cameroun, la région d’origine du président Paul Biya, appellent à tourner la page des 43 ans de pouvoir de celui qui est présenté comme leur « frère ». Dans une lettre ouverte diffusée dans la presse et les réseaux sociaux, les signataires appellent à « sanctionner dans les urnes » en octobre prochain le long règne d’un des leurs mais qui, de leur constat, n’a rien apporté à leur région.
Les signataires, au nombre de huit, sont pour l’essentiel des universitaires, des hommes et des femmes tous issus de la région du Sud-Cameroun. Dans cette région présentée comme un bastion imprenable du président Paul Biya, ce dernier a toujours fait le plein de voix, avec des scores de 100%.
Bilan sans concession
La lettre de quatre pages est adressée aux populations de la région. Elle dresse un bilan sans concession des réalisations du pouvoir du président Paul Biya au bénéfice des siens. Et tout y passe : l’état des routes jugé désastreux, les localités sans électricité, le chômage des jeunes diplômés avant d’aboutir à la conclusion d’un « désespoir généralisé ».
Les signataires expriment aussi un ressenti plus personnel sur le président Paul Biya qui n’aurait, envers les siens, « entretenu qu’une relation » faite de « condescendance et distance ». « Qui se souvient d’un seul meeting tenu par Paul Biya dans une quelconque localité du Sud ? », interrogent-ils.
Effet « sismique »
Conséquence : les auteurs appellent les électeurs et électrices du Sud à saisir l’opportunité de la présidentielle d’octobre 2025 pour se libérer « de la servitude d’un pouvoir qui les prend en otage », écrivent-ils. Ils appellent ouvertement à l’avènement d’un nouveau pouvoir.
La lettre, parue depuis quarante-huit heures, a eu un petit effet « sismique » dans cette région du Sud que l’on sait traditionnellement acquise au président Paul Biya. Elle fait également le bonheur de l’opposition qui l’a reprise à son propre compte. Dans les rangs du pouvoir, il n’y a pas eu de réactions officielles jusqu’ici, encore moins du RDPC, le parti présidentiel, même si certains évoquent en privé des propos qu’ils qualifient de « surenchère électoraliste ».