Nigeria : Des accords passés avec des groupes armés dans l’État de Katsina suscitent peu d’espoir

Afrique

Au nord-ouest du Nigeria, en proie à la violence des groupes criminels, des accords ont été passés ces derniers jours dans les collectivités locales de Jibia, Batsari et DanMusa. Selon le commissaire à la sécurité intérieure du gouvernement de l’État de Katsina, des chefs locaux ont accepté de déposer les armes. Alors que ce n’est pas la première fois que de tels accords sont conclus, ils tiennent rarement. Les autorités mettent les concernés en garde contre le non-respect de leurs engagements.

Les autorités de l’État de Katsina ont mis les chefs locaux en garde : ces derniers doivent tenir leurs promesses de déposer les armes et de revenir à la vie civile, sous peine d’être poursuivis et d’encourir des sanctions sévères, disent-elles.

Selon l’analyste senior de l’International Crisis Group (ICG), Nnamdi Obasi, ce n’est pas la première fois que de tels accords sont passés et « dans presque tous les cas, ils ont été rompus ». Le chercheur insiste que ces accords ne suffiront pas à ramener la sécurité sans investissements à la fois sur le plan sécuritaire et du développement, d’autant plus que « les bandits », comme les groupes armés sont appelés localement, « attendaient bien plus que ce que le gouvernement avait à offrir, notamment des écoles pour leurs enfants ».

«Nous avons déjà vu ce genre d’accords. Dans presque tous les cas, ils ont été rompus. D’une part, le nombre de bandits qui se rendent est très faible. Lorsqu’ils attaquent des communautés, c’est par centaines, et là, nous voyons seulement une poignée se rendre. Il en reste donc un grand nombre dans la forêt. Et même lors de l’événement à DanMusa le nombre d’armes récupéré était petit, alors qu’on sait que des arsenaux importants sont toujours là, avec ceux qui sont en forêt. Ensuite, dans les accords précédents, les bandits attendaient bien plus que ce que le gouvernement avait à offrir, notamment des écoles pour leurs enfants. Et puis, ils reviennent dans des communautés où ils ont commis des atrocités. Certaines victimes peuvent tenter de se faire justice. Et alors, tout l’accord de paix s’effondre à nouveau. Cela s’est produit à plusieurs reprises dans les autres régions des États de Zamfara ou de Katsina. Et puis, bien sûr, il y a l’enjeu du contrôle des frontières, car une grande partie des armes utilisées proviennent du Niger voisin. Tant que la frontière restera largement sans contrôle, comme c’est le cas actuellement, ce trafic d’armes illicite pourra se poursuivre et alimenter le banditisme», explique Nnamdi Obasi de l’ICG..