Tentative de putsch au Bénin : Comment l’intervention de la Cédéao a été décidée

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Au Bénin, face aux putschistes, l’intervention militaire de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a été rapide et efficace. Comment expliquer cette attitude ? Éléments de réponse.

Dès les premiers coups de feu des putschistes dimanche 7 décembre, à Cotonou, le Bénin a demandé l’aide de deux pays, le Nigeria et la Côte d’Ivoire.

Le Nigeria et la Côte d’Ivoire ont tout de suite saisi l’occasion en prenant soin d’inscrire leur action dans le cadre de la Cédéao. Il y a alors d’intenses échanges téléphoniques et des conférences virtuelles dimanche matin entre chefs d’États de l’Afrique de l’Ouest. La tonalité est alors : « On doit y aller ». Mais les Ivoiriens préviennent. « Attention, si on prend la décision d’y aller, il faut y aller ».

Les Nigérians, se sentant un peu visés, rassurent : « Ça ne sera pas comme le cas du Niger où nous avons annoncé une intervention qui n’a pas eu lieu ». Le président en exercice de la Cédéao et président de la Sierra Leone, le général Julius Maada Bio, martèle : « C’est une question de crédibilité. Si nous n’intervenons pas cette fois-ci au Bénin, c’en est fini pour notre organisation ». C’est en tout cas ce que rapporte un interlocuteur. 

Au final, la force régionale sera composée des troupes de quatre pays : le Nigeria, le Ghana, la Côte d’Ivoire, et la Sierra Leone. Mais si l’intervention contre les putschistes a été rapide et efficace, c’est aussi et surtout parce que la France a apporté sa contribution essentiellement en termes de renseignements sur le terrain.

 La mutinerie  est partie de la caserne de Togbin

Selon le gouvernement, la mutinerie menée par des « aventuriers » est partie de la caserne de Togbin, à la périphérie de Cotonou. La première étape et l’objectif étaient de kidnapper ou de neutraliser certains officiers généraux. Ensuite, ils se sont rendus au domicile du chef de l’État. Là, ils ont été repoussés violemment. C’est ensuite que l’épisode de la télévision – où ils sont allés pour faire leur déclaration – est arrivé.

 

Le Bénin confirme le soutien de l’aviation du Nigeria

L’exécutif confirme le soutien de l’aviation du Nigeria, dont les frappes ciblées ont immobilisé des véhicules blindés et mis l’ennemi en fuite. Le gouvernement indique qu’il a fait le choix des frappes aériennes pour éviter les victimes collatérales au sein de la population ; le camp militaire où ils se sont retranchés était situé dans une zone d’habitation. Ce site accueille les forces en attente de la Cédéao, lesquelles sont composées de soldats nigérians.

Une enquête ouverte pour identifier les auteurs et les commanditaires

 

Le Conseil signale également la présence d’une force spéciale venue de Côte d’Ivoire. L’exécutif salue la coopération et la solidarité de la Cédéao et salue particulièrement le Nigeria et la Côte d’Ivoire.

Des détails ont émergé sur la libération des chefs d’état-major de l’armée de terre et de la Garde nationale. Le gouvernement a confirmé la libération des officiers retenus et précise qu’ils étaient déjà conduits dans la ville de Tchaourou, à 363 kilomètres au nord de Cotonou, par les mutins en fuite. Les deux officiers ont assisté au Conseil des ministres. Ils sont apparus sur des images. Le commandant de la Garde nationale portait le bras droit bandé.

Enfin, une enquête est ouverte pour identifier les auteurs et les commanditaires. Ils devront répondre de leurs actes, affirme le gouvernement. Le chef des mutins est activement recherché et demeure en cavale.

 

(Avec RFI)