Au Sénégal, le remaniement ministériel du 6 septembre continue de susciter de vives réactions. Le Premier ministre, Ousmane Sonko, a confié des portefeuilles stratégiques, la Justice et l’Intérieur, à des fidèles du Pastef, les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité. Une décision perçue comme la volonté d’affirmer son autorité à la tête de l’État. Mais l’opposition s’inquiète. Elle dénonce un remaniement « politicien », derrière lequel elle voit un Pastef décidé à verrouiller les institutions.
Pour le FDR, le Front pour la Défense de la Démocratie et de la République, une large coalition qui regroupe plus de 70 partis au Sénégal, ce remaniement ne répond pas aux attentes des Sénégalais comme l’emploi ou les inondations. Il traduit, je cite, « le projet désormais clairement affiché d’institutionnaliser l’État-Sonko sous l’appellation de Parti-État ».
Le ministère de la Justice échoit à Yassine Fall, militante Pastef de la première heure. Un choix que dénonce Oumar Sarr, ancien ministre et membre de la commission politique du FDR. « Il y avait récemment des prises de position du Conseil constitutionnel, de la Cour suprême, qui étaient des positions contestées par le Pastef. Et dans ces conditions, changer le ministre de la Justice pour mettre un militant responsable de Pastef, c’est presque d’une certaine manière contester ces décisions de justice et se préparer à prendre des décisions qui vont dans le sens de Pastef ».
« Mainmise élargie » pour le Pastef
Selon le FDR, le Pastef avec ces nominations, à la Justice et l’Intérieur, aura également la mainmise sur tout le processus électoral : contrôle du fichier, validation des candidatures, organisation du scrutin et traitement des recours judiciaires. Face à ces accusations, le parti au pouvoir parle de procès d’intention et assure que la nouvelle équipe n’a qu’un objectif : mettre en œuvre le projet porté par le président et le Premier ministre, comme l’explique Ayib Daffé, le président du groupe Pastef à l’Assemblée nationale.
« C’est un remaniement qui est dans les attributions du chef de l’État et du Premier ministre. Maintenant, on a un gouvernement qui a une forte connotation politique, mais c’est ça la démocratie, c’est ça la volonté des Sénégalais. La plupart des opposants qui parlent n’ont même pas un député à l’Assemblée nationale ». Le FDR compte organiser de son côté des mobilisations populaires dans les prochaines semaines.